Chapitre 9 : Agression

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Le lundi, Sandrine débarque dans mon bureau avec un sourire taquin et énigmatique.

_ Tu as passé un bon week-end ? » s'étire son sourire.

_ Oui. » me méfié-je en posant mon stylo pour m'adosser à mon siège. « Et toi ?

_ Parfait. Tu as vu les photos de la sortie ? Elles sont superbes, non ?

_ Sandrine, arrête de jouer. » me lassé-je. « Va droit au but, j'ai à faire.

_ Tu savais que les noms des personnes qui téléchargent les photos apparaissaient ?

Son regard est fixé sur moi. Je me fige en me remémorant que je n'ai téléchargé qu'une seule photo. Puis je blêmis. Je vais ouvrir la bouche pour répondre mais elle me devance.

_ Par chance pour toi, ce n'est visible que de la personne qui a mis les photos en question. Et celle que tu as récupérée, c'est moi qui l'ai mise en ligne.

Je respire à nouveau. Puis je comprends qu'elle était certaine de son petit effet. Sans compter que ma réaction lui assure que je n'ai pris que celle dont elle parle.

_ Ce n'est pas drôle, Sandrine. » me redressé-je pour attraper mon stylo.

_ Pourquoi tu t'obstines ? » se penche-t-elle vers moi. « Va pas me dire que t'en es arrivé à la conclusion que c'est mieux pour vous deux de souffrir ?

_ Je t'ai déjà donné mes raisons. Ce genre de relation peut briser une carrière. Et je ne veux ça ni pour moi ni pour lui. C'est ainsi et je ne changerai pas d'avis. Alors arrête de jouer les entremetteuses.

_ Arrête de toujours tout voir en noir ! Ça ne brisera pas de carrière ! » se laisse-t-elle retomber contre son dossier.

Je serre les dents et referme mon stylo, avant de croiser les bras sur mon bureau pour lui accorder toute mon attention.

_ As-tu déjà reparlé avec Steeve de votre rupture, et de ce que votre relation lui a coûté ? » insisté-je sur la fin de ma phrase. « Peut-être que tu devrais. » poursuis-je quand elle va répondre par la négative. « Tu étais en haut de l'échelle, tu as bien moins souffert que lui professionnellement, entre autres parce que je t'ai protégée. Mais je n'ai rien pu faire pour lui. Vous étiez de jeunes recrues tous les deux, mais lui a passé des mois à récupérer la confiance de ses supérieurs, alors que tu as gardé la mienne. Il faisait des heures dans tous les sens, heures qu'il refusait de venir te demander de régler. Je lui ai proposé une prime pour son travail, mais il a refusé parce qu'il savait que ça passerait par ton bureau. Il en a chié, Sandrine. Et tu n'es pas PDG de cette entreprise. Moi, si. Si je cède à Romain, ce sera pire pour lui. Alors maintenant, tu retournes dans ton bureau, et tu me laisses ne pas avoir cette relation avec lui. Ni toi ni lui ne le voyez, mais c'est pour son bien !

Je garde mes yeux rivés aux siens, si surpris de ce qu'elle apprend. Je ne suis même pas étonné que Steeve ne lui en ait jamais parlé, et qu'elle n'ait jamais rien su. A l'époque, l'équipe n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, enjouée et soudée. Les informations sur le mal-être des uns et des autres ne circulaient pas, et Steeve a toujours été discret sur sa vie personnelle.

Elle hésite un instant, puis se lève, bien moins sûre d'elle que quand elle est entrée. Elle quitte mon bureau sans que je la lâche du regard. Je sais que j'ai été dur avec elle, et Steeve ne va certainement pas apprécier que j'aie dévoilé ces informations.

Un rapide appel à Myriam et, quelques minutes plus tard, le chef d'équipe débarque dans mon bureau.

_ Y'a un problème ? » panique-t-il en passant la porte. « J'ai fait une connerie ?

Patron et Prostitué [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant