Chapitre vingt-sept : Prédatrice

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Le pont principal avait fait place à un immense champ de bataille. Les coups de feu bourdonnaient dans les oreilles, la fumée s'échappant des pistolets embrumait leurs yeux et le goût métallique du sang baignait dans leur bouche. Libérés de l'emprise des créatures, les pirates se jetèrent sur elles en hurlant et les balancèrent par-dessus bord. Cependant, à chaque sirène maudite vaincue, d'autres, plus nombreuses, montaient comme des parasites. Des lattes se déchiraient sous la puissance des coups de ces bêtes.

Le capitaine Ruthless hurlait des ordres à s'en briser la voix et certains matelots se précipitaient en hâte dans la cale la plus profonde du vaisseau. Les bras chargés d'armes lourdes et imposantes, les autres pirates les couvraient en formant un grand arc de cercle face aux violentes attaques des créatures. Pas à pas, ils repoussèrent les sirènes et les firent basculer du pont. Malgré la défense efficace des flibustiers, elles assaillaient rageusement les flancs du navire. Les pirates chargèrent les canons de grands harpons tranchants en métal, de boulets et de filets. Sur le pont inférieur, les mousses s'activaient pour ouvrir les trappes et armer les canons de gros calibre face au torrent de sirènes.

Diana aida un mousse à pousser l'artillerie près du bord en l'immobilisant grâce aux cordages et attrapa une torche qu'elle enflamma sans perdre une seconde. Un pirate passa en hâte sur chaque canon pour vérifier la résistance des palans de côté et de retraite. Lorsque tous les canons furent amarrés et prêts à charger, le capitaine leva son arme et patienta un instant. Les pirates attendirent le signal, les muscles tendus.

Quand vint le coup de feu, toutes les torches s'abattirent sur les lumières et une salve de coups de tonnerre fondit dans l'eau bouillonnante d'agitation et de hurlements.

C'était comme si la foudre grondait.

Les matelots plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles, chargèrent les canons et lancèrent une nouvelle salve destructrice. Des flammèches volaient au-dessus de l'artillerie avant de libérer la fumée de la poudre à canon. L'odeur âcre de la nuée embaumait le pont dans une atmosphère enflammée. À chaque nouvelle canonnade, des étincelles vibraient dans les mains de Diana lorsqu'elles entraient en contact avec la poudre. Le recul de l'artillerie était si intense que les palans soutenant le poids menaçaient de se casser à chaque attaque. Les harpons, lancés à des vitesses folles, transperçaient les corps sveltes des créatures avant d'être ramenés à bord, tout ensanglantés.

Envahie par le bombardement assourdissant, Diana pouvait à peine entendre sa propre voix hurler alors qu'elle combattait aux côtés des pirates. Sur le pont, l'équipage se battait à en avoir les bras tremblants. Du coin de l'œil, elle aperçut Shane jouer de son sabre en une danse mortelle. Tout juste rétabli, il enchaînait les coups sans pitié et esquivait les griffes des créatures presque sans effort. Il ne faisait plus qu'un avec son arme.

Où avait-il appris à se battre ainsi ?

La pirate n'eut pas le temps de se remettre sur ses gardes qu'une sirène se jeta sur elle, sa gueule béante grande ouverte vers elle. Déstabilisée, Diana se plaqua au sol, esquiva sa mâchoire se refermer dans un claquement sec et tira une balle à la tête. Elle se retourna aussi vite et tomba nez à nez avec une autre créature. Trop proche pour être évitée, elle dégaina son sabre et fonça sur elle en glissant sur le côté. La lame déchira le muscle de sa jambe et la déséquilibra sous des hurlements stridents. D'un coup fatal, elle trancha la gorge de la bête qui s'effondra à ses pieds. Son sang luisant rougeâtre tachait sa peau et gouttait le long de sa lame. Diana essuya le sang de la créature sur son visage et se précipita vers Shane. Elle devait à tout prix trouver une solution pour faire fuir cette armada. Elle para les attaques, frappa à coups de pied et défendit Shane. Dos à dos, ils harmonisèrent leurs techniques de combat et enchaînèrent leurs attaques en une valse dévastatrice. Les corps s'accumulèrent autour d'eux, mais il en venait toujours plus.

Le Chant des SirènesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant