Chapitre vingt-neuf : L'île de Black Sand

15 1 0
                                    

Diana entendait la voix de Shane résonner dans sa tête. Elle l'appelait sur le pont alors qu'elle tombait dans le vide. Elle l'appelait sur la colline tandis qu'elle fuyait dans les bois. La jeune femme voulut tendre la main vers lui : il s'évapora en un nuage de fumée. Dans ses mains, il ne resta plus que des cendres.

Émergeant de son sommeil agité, elle entrouvrit les yeux sur un paysage flou et lumineux. Ses paupières embuées de larmes papillonnèrent un moment avant de retrouver une vue précise. Un plafond de bambous la protégeait du soleil, orné de coquilles d'huitres nacrés, suspendues au-dessus de sa tête. Elles luisaient comme des diamants face aux rayons éclatants du soleil qui traversaient les branches et zébraient son visage. Une odeur salée embaumait l'atmosphère. Le son des vagues la réconforta, rassurée d'être près de la mer, maintenant devenue un réconfort.

Diana tâta autour d'elle, curieuse de s'être retrouvée ici, et toucha la couchette de fortune sur laquelle elle était allongée, constituée habilement de grandes feuilles et de branches solides. Elle se redressa sur les coudes en grinçant des dents. Un bandage de feuilles humides entourait sa taille à la peau brûlée par le souffle des explosions. La douleur remonta dans tout son corps, affaibli par les attaques des créatures. Des hématomes recouvraient ses cuisses et ses hanches, ajoutant une touche de couleur aux nombreuses entailles causées par leurs griffes. Sa tête tourna comme un cyclone lorsqu'elle tenta de se mettre debout. Elle finit par s'affaler dans la couchette, trop faible pour bouger, et tâtonna prudemment le bandage. La brûlure n'était pas belle à voir, mais les tissus cicatrisaient efficacement grâce au don de guérison des sirènes. Une étrange matière verte gluante recouvrait les plaies.

Diana reposa le bandage sur la blessure et surprit le rideau du petit abri en bambous s'ouvrir sur plusieurs femmes, toutes vêtues d'une étrange peau écaillée, comme la queue des sirènes. À l'inverse du membre poisson, cet étrange phénomène semblait être une sorte de seconde peau laissant entrevoir les jambes sous les scintillements des écailles.

Diana n'eut pas le temps de se poser des questions, elle reconnut l'une des arrivantes. Ses cheveux d'or étaient tressés sur sa nuque et ses yeux noisette brillèrent lorsqu'ils se penchèrent vers elle.

- Contente de te revoir vivante, Diana, dit Maria en souriant. Diana lui rendit une grimace.

- Tu as le don de me repêcher en mer, ironisa-t-elle.

Le sourire de Maria s'élargit.

- En tout cas, tu n'as pas perdu ton sens de l'humour. C'est bon signe.

Elles rirent, ce qui provoqua une seconde grimace sur le visage de Diana.

- La pommade a l'air de faire effet. Apportez-moi de nouveaux bandages, ordonna-t-elle aux autres femmes.

Ces dernières s'exécutèrent et apportèrent cette fois-ci des bouts de tissus au lieu de feuilles gluantes. Maria les retira et prit un pot en terre cuite sur une table brinquebalante.

- Ce sont des algues spéciales aux propriétés de guérison qui poussent sur les rivages de l'île, lui informa-t-elle en lui montrant le contenu du récipient. Les sirènes les broient. Ce gel vert est capable de cicatriser les blessures les plus profondes.

La sirène aux cheveux d'or appliqua la mixture sur la brûlure avec précaution. Diana sentit immédiatement les effets calmants des algues et la douleur s'apaisa. Elle remercia Maria d'un hochement de tête et lâcha un soupir de soulagement.

- Il te faudra du repos. Évite de t'exposer au soleil, l'état de ta peau pourrait s'aggraver. Alba et Ondine s'occuperont de changer tes bandages régulièrement et de soigner tes entailles.

- Où sommes-nous ? s'agita-t-elle en se redressant. Qu'est devenue la Grotte ? Tu as dit que vous trouviez les algues sur une île...

- Calme-toi, je vais t'expliquer.

Le Chant des SirènesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant