Chapitre 9

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Joyeux Noël !

Il est minuit et il est donc temps pour moi de souhaiter ça à tous mes contacts téléphoniques - sauf Évangélise Swann.

Armé de mon téléphone, je mets à envoyer des messages par centaines. Ou plutôt par dizaine. Ou plutôt par unité. Je n'ai pas vraiment de vie sociable. Au final, j'ai juste envoyé des "joyeux Noël" à mon cousin, mon oncle, mon grand-père, Aéna et Elias. Je suis pitoyable.

Je pose mon téléphone. Il faudrait peut-être que j'aille dormir, je suis claqué. Un super vilain fatigué n'est pas un bon super vilain.

Je soupire et m'avachis en frissonnant, mais je suis incapable de trouver le sommeil. De ce fait, je me relève, et, sans trop le vouloir, je me dirige vers la boîte où se cache mon costume.

Je ne l'ai toujours pas ouverte. Ça me fait peur. Et si ce costume était mauvais ? Et si il était très bien et que c'était moi le problème ?

Mes doigts tâtonnent le paquet. L'appréhension fait de même avec mon rythme cardiaque. Quand j'étais petit, mon père fêtait toujours Noël avec moi, et il faisait toujours de son mieux pour m'acheter les cadeaux que je voulais. Le matin, quand j'allais les ouvrir, je ressentais un sentiment similaire. Mon père adorait prendre en photo ces moments.

Et puis il est mort.

Je déglutis. Il faut que je me change les idées. Soudain, l'importance du costume ne me semble pas si grande, alors j'arrache par grands bouts le carton.

Et là, sous mes yeux, se dévoile un long costume noir. Les jointures sont protégées par des espèces de gros et sombres pansements, les bottes imposantes. Une cagoule au matériau étrange sert de cache tête.

Une bouffée d'émotions m'envahit. Ce costume... il est incroyable !

"HAAAAAA"

Je sursaute. Qu'est-ce que c'est que ça ?

Un bruit atroce vient de résonner dans mes oreilles, m'obligeant à me recroqueviller. On dirait une sirène d'alarme très grave, ou un de ces disques censés imiter le chant des baleines. J'ai l'impression de l'avoir déjà entendu.

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas normal. Il faut que j'aille vérifier que tout va bien ! Hors de question qu'un meilleur super-vilain que moi sévisse dans ce quartier !

Je m'apprête à sortir quand une question me passe par la tête. Est-ce que je devrais mettre mon costume ?

Si je le mettais, ça risquerait de me prendre du temps. Et puis je n'ai pas l'impression que ce soit la bonne occasion. Et puis j'ai peur de le déchirer.

Je ferme donc la porte en essayant de faire le moins de bruit que possible (ce qui est une idée stupide, d'ailleurs, puisque mes voisins ont du être réveillés par le bruit de tout à l'heure). Arrivé dans la rue, je commence à examiner les alentours déserts.

Pourquoi je suis seul ici ? Tout le monde a dû entendre ce son, non ?

-Qu'est-ce que tu fais dehors ?

Je recule de quelques pas par surprise. La lumière des néons éclaire la personne qui me parle : Voiceless, bien sûr. Je commence à me dire que c'est le seul super-héros dans cette satanée ville.

-Qui ? Moi ?

-Il y a quelqu'un d'autre ici ?

-Bah, hum, je fais mon jogging de Noël.

-Dans cette tenue ?

Il pointe mon jean peu convaincant.

-Il fait froid, je ne veux pas attraper de maladie. Et puis j'ai pas spécialement envie de faire un jogging. Et puis il fait tard, je n'ai pas toute ma tête, c'est pas ma faute si je suis mal habillé. Et puis pourquoi je me justifierais ?

Guide du super-vilain renommé [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant