-Ça va aller pour Aristide ? demanda une personne, allongée sur le toit de l'église.
-A ton avis ? répondit sa coéquipière, dont la posture est bien plus stable.
Aéna soupire et se penche encore plus, à croire qu'elle souhaitait tomber à la renverse et s'écraser au sol.
-Ce n'est pas une vraie réponse, Romane ! Tu sais, ce n'est pas facile pour tout le monde, de comprendre comment fonctionnent les pensées des gens en deuil. Tu devrais m'aider.
-Il ne serait pas en deuil si tu avais un peu mieux fait ton travail. Tu sais, je croyais que tu étais la super-héroïne la plus dangereuse du pays, mais tu n'as même pas été capable de tuer ton collègue quand il le fallait.
-J'aurais tuer William s'il n'avait pas été suivi par cette petite fille.
-Circé ? Ce n'est pas une petite fille, c'est une criminelle, et tu es censé tuer tout ce type de personnes. Tu sais, "pour qu'il ne recommence pas", comme tu le dis si bien.
Son interlocutrice leva les yeux au ciel - ce qui n'était pas vraiment correct, puisque dans la situation actuelle, les lever consistait à les tourner vers le sol.
-Je sais, je sais, tu aurais fait un travail teeeeellement meilleur !
-Oui, et c'est justement pour ça qu'à l'avenir, dans ce genre de situation, tu dois m'appeler avant de faire n'importe quoi ! Tout le monde sait que si tu causes plus de problèmes, ce sera toute la ville qui voudra ta mort.
Aéna étouffa un rictus.
-C'est déjà le cas... (elle s'arrêta et plissa les yeux) Oh, attends, je crois qu'il commence la cérémonie !
En effet, quelques mètres plus bas, entraient les invités - le petit-fils du mort, ses quelques cousins toujours en vie, et même son fils revenu tout droit d'un autre continent. A la vue de toutes ces personnes, il était évident que le défunt avait été un bon individu, et le fait qu'il soit mort assassiné n'en semblait que plus étrange. Comment une si gentille personne avait-elle pu perdre la vie d'une si terrible façon ?
Aéna regarda les invités, pensive.
-Il y a le père d'Aristide !... S'il est là, où est la mère de William ?
-Elle ne viendrait pas même si c'était son fils qui était enterré. Elle est à l'asile. William ne m'a jamais dit pourquoi. Je suppose que la folie est de famille... Ça doit aussi avoir un lien avec la mort de sa grand-mère.
Aéna tapota la vitre et finit par dessiner un smiley dessus.
-De quoi tu parles ?
-Tu ne savais pas ? Leur grand mère est morte un peu après avoir eu son deuxième enfant, très jeune, à 23 ans je crois. Un jour, elle a disparu et puis on l'a retrouvé un piquet dans le cœur, dans sa chambre. L'identité du coupable n'a jamais été révélée... Pourtant, c'était une assez grande affaire à l'époque. A croire que la justice ne sert à rien.
-Ne dit pas ça, la sermonna Aéna, vexée, mais Romane ne l'écoutait déjà plus.
Quelques mètres plus bas, sous les vitraux rouges, les funérailles d'Arsène Sadalbari commençaient, et son petit-fils William n'y était pas.
J'en ai vraiment marre. Vraiment, vraiment marre. Une claustrophobie qui m'était jusqu'ici inconnue me hante depuis le début de mon séjour dans l'entreprise. Personne ne m'a dit que je n'ai pas le droit de sortir, mais je le sens. À vrai dire, j'ignore même où se trouve la sortie principale. Si cet enfermement est un effet secondaire de ma profession, peut être qu'être un super vilain ne vaut pas le coup... mais bon, ce qui est fait est fait, et ce n'est pas comme si je pouvais retourner chez moi, trouver un travail et vivre comme si je n'avais jamais tué quelqu'un. Tant pis.
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Guide du super-vilain renommé [en pause]
ParanormalQuand il se rend compte que toute sa vie est sans intérêt, William T Homam prend la décision de devenir un super vilain. Cependant, la route vers le mal est semée d'embuches : quel abonnement pour la salle de sport choisir ? Comment faire face à sa...