Guide du super-vilain renommé [en pause]

Chapitre 23

Arsène, mon grand-père est mort. Et je viens de détruire une nouvelle maison. En utilisant un briquet...J'ai une grosse impression de déjà vu, haha.

Mais ce n'est pas le plus bizarre : je suis en train de flotter à plusieurs mètres du sol ! Et dès que j'en prends conscience, je tombe d'un coup et atterrit sur les débris de la maison, sain et sauf grâce à mon intangibilité. J'approche de Arsène, le cœur battant dans mes tympans, et l'examine. Il a bel et bien perdu la vie.

-Dis bonjour à papa de ma part, je murmure.

C'est drôle, je me sens coupable, mais seulement parce que je ne suis pas triste de sa mort. C'est... bizarre. Haha.

Quelqu'un crie. Je me retourne.

-Je... Orlane ! Salut !

Je l'avais tout à fait oublié, elle, depuis la dernière fois. C'était elle qui se faisait poursuivre par la faucheuse, non ? Ah, j'ai du mal à m'en rappeler, ça fait si longtemps. Fichu mémoire.

-Qu'est-ce qui vient de se passer ? demande-t-elle.

-Oh, rien de bien méchant. Il y a eu... un incendie.

Elle se penche vers le côté pour observer ce qu'il y a derrière moi.

-Cet homme est mort... ?

-Bah, oui. Il est transpercé, non ? Quel genre de personne survivrait à ça ?

Hum, moi, en fait. Si j'utilise mon pouvoir, je peux survivre à une... transpersion ? Attendez, c'est quoi le mot ?

-Je... vous m'aviez dit que je pouvais venir ici si j'avais un problème.

Elle me montre un mot où est marqué l'adresse - je reconnais mon écriture.

-Euh, c'est fichu. La maison est en miette, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

Je pointe du doigt les débris derrière moi pour illustrer mes propos. Lorsque je le fais, je me rends compte que j'ai un sourire assez terrifiant, alors je m'efforce de le cacher.

-Ah...

Elle semble au bord des larmes. Je soupire.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Non, c'est juste... je ne sais vraiment plus quoi faire.

Elle n'a pas l'air de mentir. Même mes cernes semblent innocentes comparer aux siennes, et elle est encore plus maigre que la dernière fois. Elle porte toujours les habits que je lui avais prêté - ceux de Romane et d'Aristide.

-Oh. C'est à cause de la faucheuse ?

Elle hoche la tête.

-Je suis sûre qu'elle me rattrape déjà pendant qu'on se parle. Elle arrivera bientôt.

-Ah. Qu'est-ce qu'elle te veut, en fait ?

-Je ne sais pas.

Je vois très bien qu'elle me ment, alors je repose ma question, avec un ton plus dur.

-Qu'est-ce qu'elle te veut ?

Orlane recule un peu, brusquée.

-Rien. Elle ne me veut rien... ou... je...

-Tu quoi ?

-Elle veut finir ce qu'elle a commencé, je suppose. Et elle le fera aujourd'hui. Parce que ça va faire 10 ans jour pour jour, et que c'est une date importante pour elle.

Sa voix tremble. A moins que ce ne soit la mienne.

-10 ans qu'elle te poursuit ?

-Non... mais ça va faire dix ans qu'elle veut prendre sa revanche. Je ne veux pas en parler, de toute façon.