Chapitre 13

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-Ah, William ! Je suis content de te voir.

Je grimace, et recule de quelques pas quand mon grand-père s'approche. J'ai finalement cédé aux invitations d'Aristide et accepté de venir voir la vieille maison familiale, dans le seul et unique but d'éjecter Edern Luxard d'ici, et me voilà déjà embêter par le stupide père de ma mère.

-Alors, comment va la vie depuis la dernière fois que je t'ai vu ? Qu'as-tu fais de beau ? me demande mon interlocuteur.

-Rien.

Il m'observe quelques secondes tandis que j'évite son regard en scrutant la façade de l'habitation familiale. Les murs sont toujours couverts de lierres, longs et déglingués. Une des fenêtres est cassée, et le toit est couvert de neige - même neige qui disparaîtra bientôt avec la fin février.

Grand-père entre dans la maison et m'indique de le suivre. Il est plus courbé, plus faible qu'avant. Sa vieillesse devient davantage visible chaque fois que je le vois. Cependant, ça ne me fait rien. Quand il mourra, ça fera une ordure de moins sur Terre !

Mon ancêtre ouvre la porte et me laisse entrer. L'odeur âcre qui emplit la maison m'accueille de suite, m'empêchant pendant quelques secondes de respirer. Le reste de ma famille a toujours adoré la sensation qu'elle procurait, mais pas moi. Cette effluve me donne envie de vomir.

-Salut ! fait Aristide en m'apercevant, suivi d'un garçon blond. William, voici Edern Luxard. Edern, voici William.

-Bonjour, fait le jeune homme.

De légères cernes encerclent ses yeux. Ça ne lui va pas.

-Toutes mes excuses pour ta maison.

-Merci. Ce n'est pas de votre faute, de toute façon.

Je ris intérieurement. Puis, une main se pose sur mon épaule. Grand-père. Je sursaute, dégoutée, et recule de quelques pas.

-Edern a raison, affirme mon ancêtre. Une personne malveillante aurait apparemment causé l'incendie. Personne ne sait qui c'est.

-C'est vraiment horrible.

Une forte envie de rire me serre le ventre.

-Oui... au moins, une caméra m'a permis d'enregistrer une image du coupable, avant de brûler. Je pense que c'est un homme, mais il était totalement couvert.

-Ça devait être un super-vilain, suggère Aristide.

-C'est ce que je pense, moi aussi, rétorque Edern. Le problème, c'est que je ne vois pas qui ça pourrait être.

Une idée à la fois brillante et stupide me passe par la tête.

-Vous êtes sûr que c'est un garçon ? je demande.

Edern relève la tête, interloqué.

-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

-Eh bien, peut être que c'est une fille. Réfléchissez y : si vous étiez une femme et que vous vouliez la maison de quelqu'un, qu'est-ce que vous feriez pour brouiller les pistes ? Vous vous déguiserez en garçon !

Edern plisse les yeux.

-C'est pas bête... je n'avais pas envisagé cette hypothèse. Et puis, ça rajoute de nombreuses possibilités.

Ils ne découvriront jamais que c'est moi, le coupable, à ce rythme. Comment font-ils pour être aussi stupides ?

-Merci pour votre aide, poursuit Edern. J'ai l'impression d'avoir les idées plus claires, désormais. Je... je trouverais le coupable.

Guide du super-vilain renommé [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant