Guide du super-vilain renommé [en pause]

Chapitre 30

Il faut que je sorte d'ici. Je ne supporte plus cet endroit. Il me tue. Et même si je n'arrive pas à partir, je ne peux pas supporter de ne pas avoir au moins essayer.

Au fil de mes jours dans cet enfer, j'ai voyagé au-delà de la porte métallique et ai réussi à faire un plan de cette entreprise. Je sais très bien qu'il me serait impossible de partir par la porte principale, alors j'ai examiné les chemins qu'utilisaient Zéro et les autres lorsqu'ils partaient pour réussir à déterminer les routes les plus utiles... Il ne me reste plus qu'à trouver le bon moment et à prier pour avoir de la chance... Quoique, peut-être que le destin ne voudra pas m'en accorder, au vu de mes actions récentes. Je dois être devenu ce qu'on appelle un "pêcheur". Dommage que ce ne soit pas le genre qui attrape du poisson.

En parlant du poisson, je suis en train de finir le mien - du saumon. Au moins, la nourriture dans cette prison est bonne. Orlane semble même moins maigre que lorsqu'elle est arrivée ici.

-Tu aimes le poisson ? je lui demande.

-Oui ! Je n'en avais pas mangé depuis longtemps... Je comptais en reprendre, à vrai dire. C'est trop bon !

Je hoche la tête. Même si elle commence à manger après moi - elle prie avant - elle a toujours le temps de se resservir avant que j'ai totalement fini. Je ne pense pas qu'elle soit rapide, cependant, juste que je suis lent, défaut que je subis depuis toujours et qui m'a souvent porté malheur. C'est une bonne chose que mon pouvoir me serve de "bouclier", parce que sinon, je serais déjà mort à cause de ça.

-Tu comptes rester ici longtemps ? je demande, sans trop savoir pourquoi.

Elle fronce les sourcils.

-Je... suppose que oui ? Tout le monde est très gentil, ici ! Et puis, je suis contente d'avoir un endroit où je suis en sécurité.

Wow. Comme si cet endroit avait une once de sécurité ! C'est vraiment stupide de sa part de dire ça. Cette enfant ne connaît rien à la vie. Orlane à l'air de voir mon air agacé, parce qu'elle baisse les yeux illico presto, embarrassée, et murmure ce qui me semble être un "désolé". Elle doit se dire quelque chose comme "mince alors, je n'aurais pas dû dire ça, cet isolement ne lui plaît pas, à lui qui a du bon sens", et elle a bien raison.

J'attrape mon assiette et la dépose dans l'évier. J'ai des fourmis dans les jambes, et rien ne les arrête - elles finiront par grimper dans mes poumons. Il faut vraiment que je parte de cet endroit.

Je me brosse les dents et monte dans la chambre d'hôpital. Je m'enroule entre mes draps et m'efforce de ne pas m'endormir. J'essaye de ne pas fermer les yeux et de rester concentré sur des pensées précises. Sortir, partir, sortir. Partir, sortir, partir.

C'est marrant que je dorme dans une chambre d'infirmerie. C'est comme s'ils me prenaient pour un malade. Peut-être que j'en suis un. Si ça se trouve, je suis cinglé, et rien de tout ça n'est réel. Après tout, j'ai tué plein de gens. N'est-ce pas quelque chose que seuls les fous font ?

Je soupire. Je me demande si Aristide sait ce que j'ai fait. Est-ce qu'il sait que j'ai tué son grand-père ? Est-ce que ça lui a fait du mal ?

Si je n'avais pas de nouvelles de lui pendant longtemps, je m'inquièterais. Est-ce qu'il s'inquiète ? Ou alors est-ce qu'il me déteste, désormais ? Est-ce que pour lui, je suis maintenant un monstre ?

Je tourne dans mon lit. Il grince.

Savoir que je suis un monstre au vu des autres me rend un peu triste, je dois l'admettre. Mais si même Aristide le pense... alors ça me ferait vraiment mal, je crois. J'ai honte de l'admettre, mais j'aurais aimé que le monstre reste juste Midas, et ne devienne jamais William. J'aurais aimé qu'il y ait une vraie séparation entre eux. Le monstre Midas, l'humain William. Le criminel et le juge. Le pêcheur et la divinité.