-Je crois que la belle au bois dormant est sortie de son sommeil... murmure une voix derrière le mur de l'escalier.
-William ! Tu es déjà réveillé ?!
La voix stridente de Zéro me casse les oreilles dès que je pose le pied au sol. Elle est assise autour d'une table, accompagnée de Novalie et d'un garçon brun. Ils sont en pleine dégustation de chocolats chauds et croissants, toujours en pyjamas.
-Je crois bien que oui...
Novalie secoue la tête.
-Rien d'anormal. Vu les gênes de William, l'avantage qu'il a au niveau de ses capacités de récupération n'a rien de particulier. En fait, c'est presque mauvais par rapport à ce dont il devrait être capable.
Wow. Qu'est-ce que j'aime qu'on dise du mal de moi en plein dans ma face comme ça. Ça fait vraiment plaisir.
-En tout cas, William, enchaîne Zéro comme si de rien n'était, je te présente Léopold. Il est assez jeune, mais il ne mord pas.
Elle pointe du doigt l'adolescent. Ses yeux sont plus noirs que le noir qu'on trouve en mettant le contraste à fond sur une mauvaise photo. Ou le vantablack - mot que je connais parce que j'avais aidé Aristide à faire un exposé dessus en quatrième. En tout cas, ses cheveux sont tout aussi foncés, et il à une mauvaise mine, si pâle qu'on aurait pu le prendre pour Dracula. Il ne doit pas avoir plus de 15 ans.
-Salut, je fais.
Pas de réponse. Aouch.
-Désolé, il est un peu timide.
-Je comprends.
-Tu as faim ?
-Bof.
Je prends tout de même un croissant, mais j'ai la désagréable impression qu'il pourrait être empoisonné. Je le regarde, incertain de ce que je devrais en faire.
-Tu vas quand même manger ? demande Novalie.
Mince - elle a remarqué que je n'avalais rien. Je me dépêche d'engouffrer une moitié de croissant. Faites que ça ne me tue pas...
-Eh ben, il ose manger... commente Novalie, les bras croisés.
Elle a l'air fâchée contre moi.
Oh non. Ce croissant devait vraiment être empoisonné. Je vais mourir.
-Pourquoi il ne mangerait pas ? demande Zéro.
-Voyons, abruti, il a tué son grand-père il y a à peine quelques jours. N'importe qui de sensé se laisserait mourir de faim, ou essayerait au moins.
-C'est parce que les croissants sont très bons, ironise Léopold.
J'aurais pu m'attarder sur le ton enfantin de ce dernier, mais mes yeux croisent ceux de Novalie. Ses pupilles foncées m'observent avec un dégoût clair comme de l'eau de roche. Je détourne vite le regard, soudain passionné par le motif du carrelage.
Je dirige mon attention vers le croissant quand je considère que le danger est passé, mais je me rends vite compte que je ne me sens pas capable de le manger, bien que je n'ai plus l'impression qu'il soit empoisonné. Au contraire, j'ai la sensation que le simple fait d'en avaler un nouveau bout serait trop... lourd. J'ai l'impression que j'ai une brique en plein dans l'estomac, qui m'écrase au sol, et je suis presque sûre que je suis le seul à l'avoir. Les autres volent jusqu'au ciel, et moi, je m'étale au sol, piégé par des chaînes créées par ma propre main. Je déteste ça.
Zéro lance un nouveau sujet de conversation, mais je n'arrive pas à l'écouter. Je ferme les yeux une seconde, et une dizaine de visages - une centaine, peut-être même - envahissent mon esprit. Nasrin, papi, Évangélise Swann, mon père. Cette personnes mortes dans l'incendie que j'ai causée, cette fille tuée par Mirror, ce gars dont j'ai tiré une flèche dans la tête. Et puis tout le monde. Edern, Romane, Aéna, Orlane, Aristide. Les visages se déforment, s'assemblent et se dessinent dans mes propres iris. Je n'arrive plus à respirer. Si seulement j'avais un couteau...
-William ?
Je prends une profonde inspiration. Fichue Zéro.
-Tout va bien, William ?
Vite. Une raison.
-Oui oui, j'assure en hochant la tête. Je me demandais où je pourrais trouver le docteur qui m'avait ausculté, à Terpischore, en décembre. J'ai des questions à lui poser.
-Ah oui ? Eh bien... je ne sais pas vraiment où tu pourrais le trouver.
Novalie lève les yeux au ciel.
-Va juste à l'hôpital le chercher.
-Ouais... C'est ce que je vais faire.
-Tu veux que je t'y emmènes ? me propose Zéro.
-Non.
Je secoue la tête. Hors de question de rester plus longtemps avec ces énergumènes.
-J'y irais seul.
L'hôpital de Terpischore est cruellement proche de l'endroit où j'ai tué Nasrin. Je me demande si on a retrouvé son cadavre. Peut-être que si je me balade un peu, je finirais par le croiser.
Je frissonne et avance dans le hall. J'arrive vite devant le comptoir. Une mauvaise odeur de renfermé, comme celle de chez Arsène, emplit tout l'endroit.
-Qu'y a-t-il ? me demande le secrétaire.
-Je cherche... uh...
Mince... Quel était le nom de mon docteur ?
-Je m'appelle William Homam, et j'ai été hospitalisé ici fin 2022. Je peux savoir comment s'appelait la personne qui se chargeait de moi ?
-Euh... je peux chercher. Comment on écrit votre nom de famille ?
J'épèle mon nom. Il clique sur des trucs avec son ordinateur, et finit par relever la tête.
-C'était M. Cebalrai. Pourquoi ?
-Je voulais savoir si je pouvais lui parler.
Le secrétaire soupire, mal à l'aise.
-Impossible. M. Cebalrai a cessé de venir depuis quelques temps déjà, et puisque son arrivée ici était relativement récente, nous n'avons aucune information sur ce qu'il lui est arrivé. Désolé. Croyez moi, je suis le premier embêté par son absence - vous n'imaginerez pas le peu de paperasse qu'il a laissé dernière lui pour nous aider...
-Il... il a disparu ?
-Oui. (Il hoche la tête) Il a travaillé quelque temps sur le cas de Violette Dives, puis du jour au lendemain, il est parti sans explication.
Oh mon dieu.
Ça ne peut pas être une coïncidence. Il n'y a qu'une seule explication.
Il s'est fait enlever. Et ça a un lien avec mes pouvoirs.
Désolé pour les chapitres super courts, j'ai pas trop le temps d'écrire en ce moment.
(j'avais littéralement oublié que j'avais écrit ce chapitre bahaha)
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Guide du super-vilain renommé [en pause]
ParanormalQuand il se rend compte que toute sa vie est sans intérêt, William T Homam prend la décision de devenir un super vilain. Cependant, la route vers le mal est semée d'embuches : quel abonnement pour la salle de sport choisir ? Comment faire face à sa...