Chapitre 25

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Il faisait froid. Et sombre. Une lampe éclairait faiblement les murs en métal, tandis que le ding ding d'un scalpel qui s'abat résonnait à rythme régulier. Quelqu'un était allongé sur une table. Quelqu'un qui n'était plus en vie.

-Les ondes fonctionnent-elles ? demanda un homme en regardant le cadavre.

-Affirmatif, monsieur, l'éclaircie une personne portant un uniforme médical. La forme du sujet s'améliore de minutes en minutes. Plus que quelques injections et le tour est joué !

L'homme sourit, s'avança, et attrapa au passage un tas de feuilles posées près de la table d'opération. Ses mouvements semblaient soignés, sa démarche soutenue.

-Bien. Prévenez-moi s'il y a des changements, ou si vous avez besoin de quoi que ce soit. Vous avez dans les mains une affaire très importante, alors faites votre maximum. Je compte sur vous.

-Oui, monsieur.

L'homme s'apprêtait à partir lorsque le médecin l'interpella, à nouveau, d'une voix hésitante :

-Hmm, si ce n'est pas indiscret, qui est cette personne ?

Il pointait le cadavre. C'était celui d'une jeune fille aux longs cheveux bruns, dont le sang recouvrait toujours le visage, cachant l'expression de choc qui le dessinait.

-Ça ? Ce n'est plus rien, un corps sans identité au mieux. Mais si cela peut vous rassurer, cette personne m'avait assuré son consentement vis-à-vis de toutes ses opérations. Elle savait dans quoi elle s'embarquait.

-Non non, je veux dire, quel était son nom ? D'où vient-elle ? J'ai l'impression de l'avoir déjà vu...

-Ah oui ? Eh bien, je suppose que vous avez dû la croiser dans la rue, ou que vous avez fréquentés la même école. De toute manière, ça n'a pas d'importance. Cette fille n'existe plus, et elle laissera dès lors place à un nouvel être, une forme d'existence supérieure. Toute sa vie disparaîtra, et elle n'aura plus qu'à être réécrite, telle la page vierge d'un nouveau livre. Cela devait arriver. Soyez heureux, vous serez un des premiers à la saluer dans cette nouvelle prologue.

Le médecin acquiesça. Il était vrai que l'idée d'être le premier à dire "bienvenue" à cette pauvre enfant lui remontait un peu le moral par rapport aux horreurs qu'il s'apprêtait à faire.

-Dans ce cas... Puis-je au moins savoir comment je dois l'appeler ?

-Eh bien, Gregor, je vous répondrais que chacun naît sans prénom, pur et libre. Ce n'est que lorsque l'heure de se nommer arrive que l'être s'enferme dans une éternelle prison qui ne cesse de se renfermer... Alors, il est de mon avis d'au moins lui laisser le choix vis à vis de la façon dont elle sera nommée. Puisqu'elle a accepté mon contrat, je ne vois pas pourquoi je l'empêcherais d'avoir le plein contrôle sur son destin.

Le nécromancien baissa les yeux, perplexe. Il espérait que son supérieur avait raison - de toute manière, c'était toujours le cas. N'empêche... il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal par rapport à tout ça. Tout compte fait, la nécromancie n'était vraiment pas son passe temps favoris...




-Aéna !

La jeune femme en question se retourna presque aussitôt, manquant presque de faire tomber sa tasse de café. Romane en eut un frisson.

-Qu'y a-t-il ?

-On sait qui est Midas ! Nous avons des preuves...

Aéna hocha la tête et coinça une mèche cheveux derrière ses oreilles de sa main gantée - Romane ne l'avait pas vue sans gants depuis au moins 10 ans, à croire qu'elle ne les enlevait jamais.

-Oh. Bien. C'est William Homam, non ?

-Yep, c'est ça. Bien joué.

Aéna but une gorgée de café et Romane sentit presque l'arôme amer dans sa gorge. Personnellement, elle ne supportait pas le café sans au moins dix morceaux de sucres, mais Aéna les avait toujours préférés secs.

-Qui t'a donné ses preuves ?

-Un ami de William - ou plutôt un... assistant ? Enfin, tu vois ce que je veux dire... En tout cas, il a des preuves en messages, et ça colle avec les observations de Edern par rapport aux lieux d'où vient Midas... Ça fait un problème de moins ! Je suis contente.

Aéna détourna les yeux.

-Hum... il se pourrait que... Tu vois la maison qui s'est effondrée tout à l'heure ? Eh bien, j'y suis allé, et figure toi que Midas y était, avec Circé. Au début, je voulais les emmener avec moi, mais une entité paranormale est arrivée, alors je me suis dis que je la laisserais faire le travail pour une fois. A l'heure qu'il est, à moins que je les ai mal jugés, ils doivent être morts.


Seulement.

Très loin.

Ils n'étaient pas morts.


Midas bailla et se réveilla, et il sut tout de suite qu'il était enfin sorti de cet interminable rêve qu'il occupait jusqu'alors. Pendant ce qui lui semblait être des décennies, il avait rêvé d'un ciel étoilé faible et misérable, avalé à grande vitesse par une chose aux allures de dieu. Ce rêve avait eu un tel impact sur lui qu'il lui fallut une bonne dizaine de minutes avant de réussir à se rappeler le fait qu'il était bien lui-même, et à pouvoir réussir à s'appeler par le pronom je.

Midas, William, il, je...

Je tousse fort et manque de me frapper la tête contre le bord de mon lit. Je l'ai déjà vu, d'ailleurs. C'est celui où j'avais été réveillé par Zéro et Novalie. Ah et...

-Orlane !

Elle est effectivement sur le lit d'en face, en plein sommeil. Je suis très tenté de prendre mon coussin et de le lui balancer à la figure pour la réveiller, mais je renonce quand je me rends compte de sa pâleur. J'ai déjà vu des assiettes en porcelaine plus foncé qu'elle en ce moment - même ses cheveux le sont. Blanche Neige serait jalouse. Oh, et ce n'est pas tout.

Il lui manque une main. J'avais oublié ça, haha. Mais bon, ce n'est pas comme si j'avais eu une autre solution que de lui trancher l'avant bras !

Je me sens tout de même mal, alors je me lève et décide de prendre la poudre d'escampette. Je ne peux m'empêcher de grimacer au contact du sol - qui d'ailleurs est mouillée, ce qui ajoute de la difficulté à la traversée jusqu'à la porte de sortie, un truc qui devient vite tellement dure que je pense qu'il est plus facile de réussir un des jeu Dark Souls sans prendre de dégâts. Après de longues minutes, je croise du regard un miroir, et ne me reconnaît pas tout de suite.

J'ai la tête pleine de bandages, et idem pour mes pieds (comment ne l'ai-je pas remarqué plus tôt ?). Mes cheveux bruns sont tellement désordonnés que je ressemble presque à un mouton. Mais sinon, j'ai l'air en forme. Et mes cernes ont quasi disparus, un vrai miracle. Puis, je me rappelle que le pouvoir d'Aéna lui permet de traverser les miroirs, alors je détourne dès lors mon attention - non pas que j'ai peur d'elle.

Tellement de gens ont des pouvoirs par ici... c'est vraiment impressionnant. Je me demande d'où viennent les miens. Peut-être que j'ai été bénie ? Ou alors...

J'étais avec un médecin avant tout ça, à cause du problème avec ma croissance ou un truc dans le genre. C'était quoi, son nom ? Je me rappelle plus...

Oh non... Est-ce qu'il aurait pu faire des expériences sur moi ? Ah, ça me dégoûte.

Hélas, ma curiosité est déjà piquée, et je prends de suite la décision de me renseigner à ce sujet. Je vais d'abord dire bonjour et merci aux gens qui m'ont sauvée, et ensuite, je confronte le docteur !




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Joyeux Noël en avance ! :)))

Euuuh d'ailleurs ça va paraître étrange mais est-ce que vous avez un perso préféré ? Ou quelqu'un dont vous aimeriez voir des fanarts ??

Guide du super-vilain renommé [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant