Elwina avait fini par retourner chez Berhed, quelques jours plus tard ; las de rester cloîtrée dans sa chambre et d'entendre Jacinthe y toquer toutes les heures pour la prier de sortir un peu avec elle.
Cette fille était beaucoup trop sociable et extravertie, et gardait jusqu'ici le vain espoir d'entraîner avec elle sa nouvelle colocataire. La blonde avait donc été ravie de se déplacer jusqu'à la bibliothèque, et avait même demandé à Elwina d'attendre quelques minutes le temps qu'elle s'habille un peu mieux.
Curieuse demande, s'était dit la brunette, mais sans chercher à la comprendre.
Comme d'habitude, la cloche avait tinté lorsque les deux jeunes filles ouvrirent la porte du bâtiment. Berhed était arrivée en trottinant pour les accueillir à bras ouvert, embrassant les nouvelles venues comme s'il s'agissait de ses petites-filles.
— Tu es bien rose aujourd'hui ! Dit-elle malicieusement à Jacinthe, tout en lui pinçant les pommettes, avant de se tourner vers Elwina :
— Pour toi ma petite, la nourriture est offerte, goûte-moi ça ! Et elle lui avait fourré un gros cookie dans les mains, dont émanait une délicieuse odeur de banane et de chocolat.
La petite dame repartit immédiatement à ses fourneaux, toujours en trottinant. Ses cheveux gris étaient retenus en arrière par un bandeau blanc. Elle avait revêtu une longue robe marron, sur laquelle était brodée des motifs floraux. Un tablier, blanc lui aussi, était noué à sa taille et autours de son cou. Ses grandes poches étaient remplies à ras-bord, sans qu'on puisse pour autant distinguer ce qui s'y cachait.
Jacinthe jetait des coups d'œil à droite à gauche, si bien qu'Elwina en était venue à se demander si elle cherchait quelque chose. Mais elle ne prit pas la peine de le lui demander, et se dirigea vers les escaliers en bois.
Elle n'avait plus qu'à trouver, parmi ces dizaines d'étagères et ces milliers de livres, ceux comptant les légendes de Kerdoueziou dont Lou lui avait parlé. La blondinette la suivit d'un air distrait.
— Tu cherches quoi exactement ? Avait-elle fini par demander, après cinq bonnes minutes d'errance. La brunette mâcha le dernier morceau de cookie qu'il lui restait avant de répondre :
— Les légendes mythologiques sur la ville.
L'adolescente parut déstabilisée, et haussa ses sourcils clairs parfaitement dessinés avant de répondre :
— Heu, ah oui ? Je ne sais pas si...
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une voix masculine leur coupa vivement la parole.
— Perdues, mesdemoiselles ?
C'était Lou ; il balaya d'un regard malicieux ses deux interlocutrices. Mains fourrées au fond de ses poches, le rouquin continuait à s'approcher des deux jeunes femmes, tout sourire :
— Ravi de vous voir, l'endroit est désert depuis ce matin, je commençais à devenir fou !
— Bonjour Lou.
Elwina s'était vivement tournée vers Jacinthe. Sa voix ne venait-elle pas de changer ? Pour devenir plus fébrile, plus aiguë, plus... La jeune femme comprit immédiatement la situation en voyant la jolie blonde papillonner des yeux, et repousser machinalement une mèche de ses cheveux ondulés derrières son oreilles.
Jacinthe était venue dans l'espoir de croiser Lou. C'était lui qu'elle cherchait, tout à l'heure. La rougeur de ses joues était la cerise sur le gâteau. La situation était si flagrante qu'elle faillit ricaner en voyant que le rouquin ne semblait même pas la remarquer.
— Bonjour, Jacinthe. Bonjour, future remplaçante. Il sourit encore plus. Alors, que me vaux l'honneur de vos présences ?
— Je cherche les livres dont tu m'as parlé.
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La malédiction des chats noirs
ParanormalBizarre. Misanthrope. Asociale. Introvertie. Et toujours accompagnée d'un chat noir qui semble se volatiliser par intermittence. Voilà comment l'on décrirait Elwina. Maudite. Seule. Voilà comme elle-même se décrirait. En arrivant à Kerdoueziou, u...