Chapitre 12

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Elwina s'était montrée assez discrète pour se lever, s'habiller et se laver, pour ne pas réveiller Ascelin. Néanmoins, lorsqu'elle sortit de la salle de bain, il était déjà dans la cuisine. La jeune femme soupira : elle avait espéré qu'il dormirait jusqu'à son départ.

— Tu veux des œufs ?

— Non, merci. Juste du lait si possible.

Le blond grimaça en se grattant nerveusement la nuque :

– Eh bien... je n'ai pas de lait. Désolé, je...

La jeune femme le coupa sévèrement d'un geste de la main. Entendre le son de sa voix de si bon matin l'agaçait. Elle souffla, énervée. Donc, il l'obligeait presque à dormir chez lui, mais il n'avait pas de lit ou de canapé, ni de quoi faire le petit-déjeuner ? La brunette tourna les talons, énervée. Elle allait quitter ce foutu manoir immédiatement, et tant pis si elle arrivait bien trop en avance en cours.

— Attends.

Attendre quoi ? Que des korrigans descendent par la cheminée et m'apportent une bouteille de lait ?

— Il y a un grand réfectoire en bras, je vais en chercher.

La jeune femme haussa un sourcil, étonnée :

— Un réfectoire ?

— Le quartier est ciblé sur la vie en collectivité.

En y réfléchissant, elle n'en était même pas étonnée. Kerdoueziou était une ville si étrange que la bizarrerie relevait de la normalité. Elle observa Ascelin quitter son appartement en courant presque, pour revenir quelques minutes plus tard avec une brique de lait en main. Un petit sourire en coin illuminait le visage du blond, et ses yeux bleus pétillaient légèrement. Elwina ne savait pas trop quoi penser de cette attention soudaine dont il faisait preuve.

— Je le réchauffe ?

— Froid sera parfait... merci.

Pressée de partir d'ici, la brunette avait englouti son petit-déjeuner. Elle avait ensuite quitté le bâtiment au pas de course, si bien qu'elle rentra en collision avec un enfant dans l'escalier. C'était le petit garçon de l'autre jour, celui qu'elle avait vu juste avant sa première rencontre avec Armel. La jeune femme ne prit même pas la peine de s'excuser, et vit juste du coin de l'œil le môme qui lui souriait.

Une fois arrivée à la fac, elle s'était rapidement plongée dans l'un de ses bouquins. Assise au fond de l'amphithéâtre, dans un coin, elle avait patiemment attendu que les autres élèves et le professeur arrivent.

Quelqu'un s'assit à ses côtés. Elwina grommela dans sa barbe, peut ravie qu'un inconnu vienne amputer son espace vital, et ne daigna lever les yeux vers son voisin que lorsque la voix de l'enseignant résonna dans la pièce. Le cours débutait.

— Comme on se retrouve, Elwina-c'est-tout.

La jeune femme avait levé les yeux au ciel, contrariée de reconnaître l'étudiant. Elle détourna volontairement le regard de Poséidon. Malgré tout, celui-ci semblait déterminé à vouloir accaparer son attention :

— Une agréable nuit de passée, en présence de ton meilleur ami ?

— Ascelin n'est pas...

— Je sais, je sais... Inutile de montrer les crocs.

Le garçon riait silencieusement, faisant virevolter un stylo entre ses doigts. De nombreuses minutes silencieuses se déroulèrent, durant lesquelles le brun gardait les bras nonchalamment croisés sur sa poitrine. Elwina, elle, dessinait machinalement quelque chose dans un coin de sa feuille.

La malédiction des chats noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant