« L'aura ? Les auras, Elwina, sont les vêtements des âmes. Leurs couleurs changent selon le caractère de leur propriétaire. Tandis que leurs tailles et leurs opacités reflètent leurs puissances. »
Celle d'Ascelin était couleur crème. Sa grand-mère n'avait jamais daigné lui expliquer à quoi correspondait chaque couleur. Durant ses vingt-et-une années de vie, ça avait été rare qu'Elwina distingue les auras des personnes. Ces halos propres à chacun restaient cachés, la plupart du temps.
Et surtout, jusqu'ici, elle n'en avait jamais touché. L'idée même l'effrayait au plus haut point, mais maintenant que c'était juste là, sous son nez, à glisser à quelques millimètres de sa peau, la tentation était insoutenable.
Hypnotisée par la forme quasi-surnaturelle qui se mouvait sous ses yeux, la jeune femme avait retiré, sans même sans rendre compte, sa main de celle du garçon, pour parcourir son bras.
C'était... magique.
L'aura l'évitait, sans jamais la toucher. C'était comme une mer de fumée opaque, épaisse de trois centimètres maximums, qui entourait le blond. Elwina tourna la tête, pour se concentrer sur son autre main, posée au niveau de l'épaule d'Ascelin. Elle mouva ses doigts, frôla la peau de son cou. L'aura daigna enfin la caresser, tout en souplesse. Voilà qu'elle lui entourait la main, tel un tourbillon. La sensation était chaude, douce. Euphorisante.
Ascelin, de son côté, avait cessé de respirer au moment-même où la jeune femme avait frôlé son cou avec ses doigts. Silencieux, il l'observait sans vraiment comprendre ce qui se passait : Elwina voyait son aura ? C'était tout bonnement impossible. Pourtant, tout le prouvait, de ses yeux fascinés jusqu'à sa main qui glissait à quelques centimètres de son corps.
Il faut absolument que ça cesse.
Le jeune avait alors tenté de résorber son aura, chose qui lui était normalement naturelle. Mais sans succès.
La danse changea. Elwina ne le remarquait même pas : elle se contentait de tanguer de gauche à droite, et il la suivit dans son mouvement, à contre-cœur. Le garçon avait relevé la tête, frustré, pour croiser le regard d'Armel appuyé sur eux.
Il. Ne. Contrôlait. Plus. Rien.
Soudain, tout lui échappa, et le fluide qui l'entourait fit tomber toutes ses barrières pour entre en contact avec l'enveloppe charnelle d'Elwina. Son corps entier se figea, l'espace de quelques secondes, et c'est à ce moment-là seulement qu'Ascelin avait repris sa respiration. Une odeur de pétales de roses lui envahit les narines, et il sut immédiatement d'où elle provenait. Le petit chaton qui lui avait rendu visite, il y a quelques nuits de ça, avait la même. Il baissa son regard vers sa cavalière, qui était toujours autant obnubilée par le halo qui l'entourait. Sans vraiment réfléchir, le blond leva sa main —celle qui était vide depuis qu'elle l'avait lâchée— pour la lever, lentement, et l'enrouler autour d'une des mèches de cheveux noirs.
Ascelin avait baissé la tête, pour frôler de son nez le haut du crâne de la brunette, et prendre une grande inspiration.
Oui, c'est ça, elle sentait la rose.
Elwina n'avait même pas remarqué ce rapprochement de contact physique, bien trop obnubilée par ce qui se trouvait sous ses yeux.
C'est merveilleux.
L'aura d'Ascelin l'inhibait complètement, lui faisant oublier tout le poids qui pesait sur ses épaules. De manière presque instinctive, elle avait rapproché leurs deux corps. Elle en voulait plus. Pour la première fois de sa vie, elle voulait plus de contact. De contact avec cet océan de fumée, qui émanait du blond. Elle voulait qui l'entoure complètement, qu'il l'isole du reste du monde, qu'il l'inhibe encore et encore jusqu'à la rendre inexistante. Qu'il lui prouve tout le contraire de ce qu'elle croyait jusqu'ici.
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La malédiction des chats noirs
МистикаBizarre. Misanthrope. Asociale. Introvertie. Et toujours accompagnée d'un chat noir qui semble se volatiliser par intermittence. Voilà comment l'on décrirait Elwina. Maudite. Seule. Voilà comme elle-même se décrirait. En arrivant à Kerdoueziou, u...