Chapitre 15

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J'acquiesce et fixe la poignée. Elle ne va rien me faire, elle est gentille.

Je m'avance et la prend entre mes doigts. Le métal froid rafraîchit ma peau. C'est vrai que j'ai l'impression d'être brûlant, trempé de sueur. C'est ma peur qui me fait ça.

Je tripote pendant plusieurs secondes ce petit objet de métal avant de finalement l'abaisser dans un petit clic. Je souffle et ouvre légèrement la porte.

J'appréhende le moment où je verrai le couloir. J'appréhende le moment futur tout court. Mais Yoongi est là, il a un bras autour de ma taille, et il m'encourage.

« Je suis là mon cœur. Tu es très courageux. »

Je souris et ouvre d'un coup, en grand, la porte. Si je ne le fais pas maintenant, je sens que je vais finalement rester ici.

Le couloir de l'immeuble me fait face. Tout blanc, propre, éclairé grâce à la lumière artificielle. À droite, l'escalier et un peu plus loin l'ascenseur. En face et sur la gauche, les appartements de nos voisins.

« Ça va Jimin ?

– Oui.

– Je te suis mon ange, on va à ton rythme. »

Oui et je t'en remercie. Il aurait très bien pu me presser. Mais non, il attend, il me laisse gérer. Il sait ce que c'est, il sait que ça m'est difficile.

« On prend l'ascenseur.

– Oui. Tu refermes la porte ?

– Oui, toi, tu oubliais tout le temps.

– Oh c'est bon. »

Yoongi râle mais je sais qu'il est content.

J'éteins la lumière dans l'entrée de notre appartement grâce à l'interrupteur qui y est associé et je ferme la porte. Je tape le code, je le valide et j'entends le petit bip : la porte s'est bien verrouillée.

Je suis sorti. Rien que sur le palier. Mais je suis sorti. Ça fait presque quatre mois que je reste enfermé. Et j'ai déjà l'impression de sentir de l'air frais, enfin, a peu près, l'air de dehors emplir mes poumons.

Yoongi me prend la main et je me dirige avec confiance jusqu'à l'ascenseur. Je n'ai pas très peur ici, nous sommes protégés.

Yoongi me protège.

Nous attendons une dizaine de secondes avant que l'ascenseur n'arrive à notre étage, le neuvième, et ne s'ouvre en émettant un bip sonore. Un bip sonore que je n'avais pas entendu depuis bien longtemps, ça me fait vraiment bizarre.

Yoongi et moi nous avançons dans la cabine, il appuie sur le bouton menant au rez-de-chaussée. La porte se referme, nous enfermant tous deux dans cette boite métallique.

« Ça va toujours mon ange ?

– Oui, on est encore dans l'immeuble donc... ça va.

– Si tu veux rentrer, n'importe quand, tu me le dis et on rentre.

– Merci. Tu peux me... me tenir la main dehors ? J'ai peur... je sais que je serai terrorisé, et je vais avoir besoin de toi...

– Je ne comptais pas te la lâcher. »

J'esquisse un petit sourire face à sa réponse, mais je resserre tout de même ma prise autour de ses doigts. Je ne veux pas le lâcher. J'ai besoin de lui si je ne veux pas perdre mes moyens en plein milieu de la rue, si je ne veux pas me figer et ne plus réussir à bouger.

Les mots blessent [Yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant