Chapitre 22

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Je suis assis sur mon lit en train de lire quand Charly débarque en courant. Il ferme la porte essoufflé, d'avoir monté les escaliers en courant. Il s'appuie contre la porte pour reprendre son souffle. Je le regarde sans comprendre. Il finit par venir s'asseoir sur son lit juste à côté du mien.

— Bryan est devenu fou, il vient de taper Elisa. Vient on doit se cacher.

Je ne réponds rien, je me cache vite sous mon lit. Je regarde Charly caché sous le sien complètement apeurée. J'ai peur comme à chaque fois que Bryan devient fou. Charly, d'habitude, il n'a peur de rien.

Aujourd'hui on est mercredi, mercredi après-midi, d'habitude Nathanaëlle notre assistante sociale vient nous voir. J'espère qu'elle va vite arriver parce que Bryan est très méchant et peut être que si elle vient il se calmera. Nath dit que des enfants de 3 ans, comme nous, ne devraient pas vivre ici. Alors tous les mercredi après-midi elle vient soit pour passer du temps avec Charly, Eléonora et moi soit pour nous amener faire des balades. J'essaye de penser à elle de toutes mes forces pour la faire apparaître, mais je suis pas sûr que ça marche bien. Je fais ça tous les jours en pensant à mes parents pourtant ils n'apparaissent jamais.

J'entends beaucoup de bruit dans les couloirs, les portes claquent et les autres enfants hurlent. Le bruit se rapproche de notre porte, je prie pour qu'il ne réussisse pas à entrer mais il y a pas de chance, la porte ne ferme pas à clé.

Les bruits continuent de se rapprocher. La porte de la chambre claque contre le mur, ça fait vibrer le mur de notre chambre. Il est là juste à côté, la prochaine chambre dans laquelle il entre sera la nôtre.

Je me roule un peu plus en boule sous mon lit, vite imité par Charly qui tremble de peur tout comme moi.

La porte de la chambre s'ouvre. La porte claque. Les bruits de pas s'approchent de nos lits. J'aperçois les chaussures de Bryan. Je ne respire plus, pour ne pas faire de bruit. Bryan fait le tour de mon lit. Et...

Je me réveille en sursaut, complètement en sueur. Je me souviens de ce jour-là Bryan avait complètement vrillé, il a retourné tout l'orphelinat. Il a frappé, sans aucune raison, quelques enfants dont je faisais partie. Je me lève, et comme tous les matins j'attrape la petite boîte en fer dans mon sac. J'en sors le joint au préalablement préparé hier soir et je sors fumer sur le balcon. En voulant allumer mon joint je remarque que mes mains tremblent, elles ont recommencé il y a pas longtemps comme tous les symptômes de l'anxiété. J'allume tant bien que mal mon joint pour tenter de calmer l'anxiété. L'anxiété est un fléau, elle est mon fléau. Je connais tellement les signes que la plupart du temps j'arrive à prédire mes crises d'angoisse plusieurs minutes avant qu'elle se déclenche. Mes symptômes, ce sont toujours les mêmes, toujours dans le même ordre. C'est si bien organisé que ça en devient effrayant.

Je finis mon joint rapidement quand je remarque Dave entrer dans ma chambre. Je rentre à mon tour en lui disant que je me dépêche. Il m'arrête dans mon agitation.

— J'ai appelé pour dire que tu étais malade. Tu viens avec moi à la mairie.

Il repart sans en dire plus. Je ne comprends pas pourquoi il m'aide à sécher les cours. Au début de l'année ils ont tous pété les plombs parce qu'on avait séché et aujourd'hui j'ai même pas besoin de demander. Le monde tourne à l'envers, ou alors Dave à trop charger le joint qu'il a fumé hier soir. Je vais opter pour la seconde option. Je profite quand même de la situation. Je me prépare en vitesse pour rejoindre Dave. Je m'apprête à descendre quand Charly sort de sa chambre à moitié endormi. Je le salue à peine quand je descends, de toute façon je suis sûr qu'il n'a pas capté que c'était moi. Dire que dans un mois il ne sera plus là, Dave nous a annoncé hier soir que les travaux dans l'appartement seraient finis début janvier. Vivre ici était simple quand j'avais Eléonora. Vivre ici avec Charly était facile. Vivre seul ici va s'avérer plus compliqué que ce que j'imagine. Perdu dans le flot de mes pensées, j'arrive assez vite en bas de l'escalier. Je dis au revoir à Carolina qui me force à prendre le petit-déjeuner qu'exceptionnellement j'accepte. Je sors et je monte en voiture avec Dave.

Apprends-moi à t'aimer T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant