Prologue

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Musique : Ruelle - Game of Survival

Kalel

Il fait chaud, l'air est humide et mes poumons me brûlent à force d'avoir trop couru. Je sens que mes jambes vont bientôt me lâcher et pourtant, je ne dois pas m'arrêter de courir. Jamais. Ma survie en dépend. J'entends plusieurs pas derrière moi et je sais qu'ils se rapprochent. Bientôt, ils me rattraperont, ce qui signera ma mort. Lente et douloureuse. Ils n'auront aucune pitié pour moi, aucune compassion. Cours ne t'arrête pas. Jamais !

Je redouble d'efforts, et puise dans les dernières forces qui me restent. Ma vue est trouble, mon cœur bat vite et mes poumons brûlent aussi ardemment que de la lave en fusion. Je me prends des branches, des feuilles et tout un tas de choses en plein visage, mais j'en fais fi.

Un seul objectif. Rester en vie.

Un grognement d'épuisement s'échappe de mes lèvres et je ressens la mort s'approcher à mesure que mes forces m'abandonnent. Il est déjà trop tard quand je vois cette racine au sol et mon corps percute violemment et s'écrase à pleine vitesse sur la terre rigide de cette forêt. Un peu sonné par cette chute brutale, je m'empresse de me retourner pour leur faire face, car je sais qu'ils sont déjà là. Ma chute vient de leur donner un avantage considérable, et ils m'ont rattrapé sans grand mal. Il est déjà trop tard pour moi quand je les vois m'encercler.

Déjà trop tard quand je comprends que je suis déjà mort. Ils m'observent avec une avidité dans les yeux qui crient au sang. Je suis la proie et eux les chasseurs et ce soir sonne la fin de ma vie. Rien ne les empêchera de me tuer et d'y prendre plaisir.

Après tout, qui pourrait bien me venir en aide ?

Je suis seul depuis bien trop longtemps. Peut-être même depuis que je suis venue au monde en réalité. Et c'est ainsi que je mourrais. Seul. Je ne crie pas. Je ne tremble plus de peur. Ma respiration se calme. Je ferme les yeux rapidement et accepte mon destin.

Aujourd'hui sonne l'heure pour moi d'embrasser le repos éternel...

Quand j'ouvre à nouveau les yeux, ils avancent lentement en savourant leur victoire. L'air se change brusquement, l'odeur de la mort s'immisce dans toutes les narines présentes. Aussi violent qu'un coup de coûteux, je sens ce parfum aux senteurs âcres rongées mon sang et consumé mon âme. La mort. Elle est là.

Présente parmi nous et vient reprendre ce qui lui revient de droit.

Le premier s'élance vers moi par réflexe, je lève mon bras pour me protéger le visage et hurle à la mort quand je sens des crocs me transpercer l'épiderme. J'ai l'impression qu'on est en train de m'arracher le bras tant la douleur est agonisante. Je pousse un autre cri qui me déchire les cordes vocales quand je ressens à nouveau cette même douleur le long de mon flanc droit. De nouveaux crocs y sont plantés et cette fois, j'ai l'impression qu'on me déchire de l'intérieur.

Des yeux jaunes me fixent et s'avancent droit vers moi et je sais par avance que je ne survivrai pas à une troisième attaque.  Tout s'enchaîne rapidement, je sens le moment exact où je donnerai mon dernier souffle.

Ces nouveaux crocs sont sur le point de se planter tout droit dans ma gorge quand...

Je me réveille en sursaut. Le corps en alerte, la respiration hachée et trempée de sueur. J'inspecte rapidement l'endroit où je me trouve. Ma chambre. Tout va bien, je suis dans ma chambre...

La pénombre exerce encore son droit sur la nuit, avant de céder à la clarté du jour.
J'expire un bon coup quand je réalise que je ne suis pas mort. Pas encore.

Le corps raide, je me laisse tomber sur la tête de lit et ferme les yeux. Mes poings se serrent fermement. Je sens mes ongles s'enfoncer profondément dans ma peau, et absorbe la douleur.

Une inspiration. Tu es en vie.
Une expiration. La mort ne t'a pas encore cueillie.
Une nouvelle inspiration. Survivant... me souffle une petite voix.
Une dernière expiration. Guerrier... me hurle mon âme !

Mes yeux s'ouvrent brusquement. Un petit sourire déformé se plaque sur mes lèvres.
Je fixe un point invisible comme si les ombres de la pénombre étaient des adversaires visibles.

Finalement, il se pourrait bien que les chasseurs deviennent à leur tour des proies eux aussi.
Après tout, il y a toujours un plus grand prédateur tapi dans l'ombre...

Prince Of Island : La Naissance d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant