Chapitre 33

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Kalel

— ... Les nouvelles installations sont arrivées comme convenu. On attend l'accord de la directrice pour les mettre en place. On devrait pouvoir...

Une semaine, c'est bien trop long. Merde, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'elle m'a jeté un sort ou une connerie dans le genre ? Ça ne fait qu'une semaine et pourtant j'ai l'impression qu'un mois s'est écoulé depuis notre retour. Elle nous a imposé cette distance, et je sais pertinemment qu'elle a raison. Mes ennemis rôdent toujours, je le sens. Tels des faucons, ils planent au-dessus de moi, attendant le moment propice pour frapper. Je ne peux pas me permettre de la mettre en danger. Mais personne ne m'avait préparé à cette torture qu'est de rester volontairement loin d'elle.

— ... Les Bédouins attendent notre arrivée, ils sont impatients de...

Peut-être que je pourrais lui rendre visite cette nuit ? Personne n'en saurait rien. Je me glisserais dans sa chambre, juste pour passer un petit moment avec elle. Après ça, je la laisserai tranquille, mais j'ai besoin...

— Kalel ! tonne Safir. Est-ce que tu vas finir par nous écouter ou est-ce qu'on parle dans le vide pour tes beaux yeux ? demande-t-il, légèrement irrité.
— Tu trouves que j'ai de beaux yeux ?

Ma question ne fait que l'agacer davantage, et je souris intérieurement.

— Nous écouter, c'est trop te demander ?
— Je vous écoutais, jusqu'à un certain point.
— On t'a perdu il y a bien dix minutes au moins.
— C'est ce que je dis. J'ai arrêté d'écouter dès que tout ce qui sortait de ta bouche est devenu ennuyeux et assommant.

Il se renfrogne encore plus, tandis qu'Aylan, à mes côtés, glousse, s'attirant un regard noir de son aîné.

— Ne l'encourage pas, toi ! le réprimande le général.
— Du calme, maman, Kalel a raison, tu deviens pire qu'une mère poule quand tu es stressé. Ça fout l'angoisse.
— Cette entente avec les tribus est cruciale. On ne peut pas se permettre de la foirer !
— Et on ne la foirera pas. Je ne suis pas mon oncle. Je sais à quel point il est important que les Bédouins soient de notre côté, Safir. Mais le petit a raison, tu deviens insupportable quand tu es à cran.
— Ne m'appelle pas "le petit", grogne Aylan. Et je n'ai jamais dit ça.
— C'est du pareil au même, répliqué-je en haussant les épaules. T'es juste trop lâche pour dire les choses en face.
— C'est pas vrai !
— Ouais, c'est pour ça que fille aux fleurs te mène par le bout de la queue ? dis-je en arquant un sourcil.

Il grimace.

— Je suis poli, moi. C'est différent.
— Sans couilles.
— Et d'abord, Aèna ne me mène pas par la queue, c'est dégueulasse, elle ne s'approche même pas d'elle tout court, putain !

Je me penche vers lui, un sourire carnassier aux lèvres, et murmure :

— Ça, je le sais. Et tu ferais bien de ne jamais l'oublier si tu ne veux pas la perdre avant de t'étouffer avec.

Il ouvre grand les yeux.

— Tu me menaces ? demande-t-il, choqué.
— Non. Je t'avertis, dis-je en me redressant tout en me laissant retomber dans mon siège.

Un silence s'installe quelques secondes avant qu'il n'éclate de rire, comme l'idiot qu'il est.

— Pincez-moi, je rêve ! Merde, Kalel, t'es jaloux ? Oh, je crois que c'est le plus beau jour de ma vie !

Je le toise avec dégoût.

— Qu'est-ce que tu racontes ? grogné-je, mécontent.
— Ahaha, putain, Safir, ce connard est jaloux ! Tu comprends ce que ça veut dire, n'est-ce pas ?

Prince Of Island : La Naissance d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant