Prince Of Island : La Naissance d'un Roi

Chapitre 12

Kalel

Ce matin, je suis de mauvaise humeur, ma nuit a été agitée comme souvent depuis mon retour dans la vie normale, je rêve de mes premières années sur l'île. J'étais jeune, seul et terrifié, j'avais vu mon père mourir devant mes yeux ainsi que le reste de l'équipage et du personnel. La nuit dans mes rêves, je revis cette boucle infernale.

On a une réunion avec le conseil aujourd'hui, le simple fait de penser que je vais me retrouver coincer avec plein de monde autour de moi me fait serrer les poings. Si je dois être honnête, le monde me fait angoisser et met tous mes sens en alerte. J'ai tellement été seul pendant plusieurs années que parfois, je n'ai plus l'impression d'être un homme normal. Un homme tout court à vrai dire. Quand je suis ainsi ça n'augure rien de bon, je réagis vite et bien trop sauvagement pour personne de ma position. Le moindre bruit peut me faire tuer quelqu'un avant même de comprendre ce qui se passe !

Sur l'île, c'était ainsi que ça fonctionnait. Je n'avais pas le temps de réagir, seulement d'agir. Or, aujourd'hui si je plante une dague dans la gorge d'un homme qui s'est seulement approché de moi sans prévenir, pourrait avoir des conséquences catastrophiques. En qualité de roi, j'ai les pleins pouvoirs sur Drazar. Mais si jamais le conseil me juger mentalement inapte à diriger avec des preuves à l'appui l'opinion publique se rangerait derrière eux. Je serais alors destitué.

Hors de question qu'une chose pareille arrive ! Je ne suis peut-être pas tout à fait sain d'esprit, mais je sais que je suis la meilleure personne pour mon pays. Par ce que contrairement aux autres, je ne me ferais jamais passer avant eux. Ils sont ma priorité, et ce même si à l'heure actuelle, je suis bien plus proche de l'animal que de l'homme.

-       Tu es prêt ? Me dit Safir qui vient d'entrer dans mes appartements.

Il se stoppe brusquement quand il me trouve assis par terre sur le tapis de mon salon.

-       Mauvaise nuit ? Demande-t-il une pointe d'inquiétude dans la voix.

Lui et Aylan sont les seuls à réellement savoir ce qui se passe une fois que je referme les portes et que je cesse d'être le Roi.

-       Ouais.
-       Ça va aller ? Tu veux que je repousse la réunion ?

Au même moment Aylan fait son apparition, ses sourcils se froncent dès qu'il me regarde au sol. Il comprend aussitôt.

-       Non. Finissons-en. Ça ne ferait que la repousser à autre jour.
-       Sur une échelle à combien c'est aujourd'hui ? Demande mon meilleur ami.
-       6. Déclaré-je froidement. Peut-être 7.

Safir dit des jurons à voix basse, tandis que mon colonel se contente de m'observer le visage crispé. Dans les jours les plus compliqués pour moi, mon agoraphobie se décuple. C'est moins qu'avant j'arrive à me retrouver au milieu de la foule tant que ça ne dure pas trop longtemps, mais quand il s'agit de jour comme celui-ci j'ai bien plus de mal. Ils sont les seuls, au courant pour mon Syndrome de Stress Post Traumatique. En dehors de ces murs, je ne montre rien. C'est donc pour cette raison que nous avons installé un code entre nous. Il m'est impossible d'énoncer à voix haute à quel point parfois mon taux d'anxiété est haut alors ils se contentent simplement de me demander de la graduer sur une échelle. Je ne dois jamais faire preuve de faiblesse. Ne jamais montrer au reste du monde que derrière la façade du Souverain ne reste que l'homme brisé. Jamais !

-       Je viens avec vous. Déclare Aylan.

Personne n'émet d'opposition, en règle générale, il n'assiste pas à ces réunions. Ce sont ses hommes qui me suivent à la trace, lui en tant que chef et Colonel, il a d'autres obligations. Sauf quand il sent que les choses sont éprouvantes pour moi, il se tient à mes côtés avec Safir comme toujours. Je ne baisse jamais la garde, sauf devant eux. Ils me couvrent et assurent mes arrières au même titre que je le fais pour eux. C'est ainsi depuis que nous sommes gosses. Ils sont les seuls qui n'ont jamais arrêté de me chercher durant ma disparition ou du moins rechercher mon corps pour pouvoir l'enterrer dignement.