Chapitre 3

13.7K 1.2K 295
                                    


Kalel

Pendant combien de temps je vais devoir rester ici encore ? J'aurais peut-être dû me faire porter malade ce matin. Toutes ces odeurs. Toutes ces voix vont finir par me rendre réellement malade. J'ai la nausée depuis un peu plus d'une demi-heure maintenant. Et j'ai la furieuse envie de fuir et de tout envoyer balader.

-     Mon Roi ?

Je n'en peux plus de les entendre geindre.

Est-ce que c'est mal si je fou, mon poing dans la gueule, de chacun de ces vieillards ? Avec un peu de chance si je tape assez fort certains d'entre eux mourront sur le coup, d'autres pourront peut-être aller faire un petit tour de sommeil prolongé si je...

-      Votre majesté, vous nous écoutez ? Me rappelle cette même voix me faisant sortir de mes pensées lugubres.

« Non. Je ne t'écoute pas vieil homme. » Ai-je envie de répondre.

Je recentre mon attention, sur tous les hommes assis autour de la table qui m'observent attentivement et attendent ma réponse.

-       Oui. Finis-je enfin par prononcer après plusieurs secondes de silence.

Je jette un regard en coin à mon bras droit qui se tient assis à mes côtés. Son visage reste impassible et pourtant, je sais qu'il sourit intérieurement et ce fou de moi pour mon manque de concentration.

-      Je vous ai écouté Sénateur Chamsin, la lueur d'espoir gagne un peu les yeux de la plupart des hommes dans cette pièce. Et ma réponse est toujours non ! Claque-je fermement.

Un hoquet de surprise retentit et des chuchotements de mécontentement se font entendre.

-      J'ai entendu chacun de vous. Et ce depuis des mois maintenant. Peu importe les arguments que vous tentez de ramener avec vous à chaque nouvelle réunion, la réponse ne changera pas.

L'air s'emplit de tension.

-      Mais enfin, votre majesté, réfléchissez un peu à tout ce que ça pourrait apporter au pays ! Tonne furieusement le ministre de l'Économie.

Pendant l'espace d'un instant, j'ai l'impression que tout le monde cesse de respirer. Tout le monde sauf moi. J'arrête de jouer avec la pointe de ma dague qui ne me quitte jamais pour attraper fermement le manche et la faire passer au-dessus de la table. Visible aux yeux de tous.

-       Votre majesté je...
-       Chut, lui intimait-je en plaçant la lame du couteau devant ma bouche pour remplacer mon doigt. Dites-moi Rami, est-ce que vous pensez que je suis votre putain ?

Mon ton est froid. Calme et impassible.

-  Non bien sûr que non mon Roi ! Tremble-t-il. Je n'aurais jamais dû...

Avant qu'il ne puisse finir sa phrase, la dague foule l'air, droit dans sa direction pour venir se planter juste à quelques centimètres de sa main qui est posée sur la table. L'assistance émet un son de hoquet presque d'une seule et même voix. Le ministre tremble et ses yeux brillent tellement qu'il donne l'impression d'être sur le point de pleurer comme une petite fille.

-      Ravie d'entendre qu'il y a au moins une chose sur laquelle nous sommes d'accord mon cher ministre. Dis-je d'une voix lugubre.

Safir jette un coup d'œil au garde qui se trouve à sa gauche et d'un seul regard lui fait comprendre ce qu'il doit faire. Sans un mot, le garde se dirige vers le fond de la salle à l'opposé d'où nous nous trouvons. Il lance un regard noir à Rami et récupère ma dague pour venir me la remettre. Cette fois je ne me cache plus sous la table pour jouer avec et la fait glisser entre mes doigts à la vue de tous histoire qu'ils comprennent le message silencieux que je leur fais parvenir.

Prince Of Island : La Naissance d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant