Chapitre 30

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Kalel

Ce matin, je suis d'une humeur massacrante, et ça n'a rien à voir avec le fait que j'ai passé la nuit sur le sol. Mais tout à voir avec ce que j'ai vu et appris hier. Quelqu'un lui a fait du mal, pas seulement physiquement. Cette personne l'a tellement atteinte qu'elle a endommagé une partie de son esprit au point de la tourmenter même dans son sommeil. J'ai déjà eu beaucoup de mal à me contenir quand j'ai vu l'état de son dos, mais désormais c'est encore plus difficile de me retenir de ne pas lui faire un interrogatoire poussé pour avoir des réponses !

Qui lui a fait ça ? Quand ? Pourquoi ? Est-ce à l'orphelinat du Lagon Bleu qu'elle a vécu tout ça ?

Depuis la première fois où j'ai posé les yeux sur elle, j'ai su qu'elle cachait quelque chose, mais j'étais loin de me douter de quoi il s'agissait.

— Kalel ?

La petite voix de la femme qui hante mon esprit me fait sortir de mes pensées. Face à la baie vitrée qui donne sur Moscou, je me tourne lentement pour faire face au visage pur de la brune.

— Tout va bien ? Demande-t-elle prudemment.
— C'est plutôt moi qui devrais te poser la question. Comment te sens-tu ?
— Je vais bien, merci. Es-tu sûr que tout va bien ? Répète-t-elle à nouveau.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle insiste autant. Elle me désigne alors du doigt ma main quand elle dit :

— Le journal. Ça fait au moins dix bonnes minutes que tu le broies.

Je baisse les yeux vers mes mains qui tiennent l'objet et je remarque enfin qu'elle dit vrai. Je l'étouffe à tel point qu'il est froissé et déchiré désormais. J'émet un petit grognement avant de le balancer sur la table.

— Je vais bien. Me contenté-je de répondre.
Elle secoue la tête.
— À propos d'hier je...
— Pas maintenant.
Ses sourcils se haussent en grand.
— Nous en parlerons à notre retour sur Drazar. Pour le moment, profitons de ce week-end. Qu'est-ce que tu en dis ?
— Oh... fit-elle visiblement surprise. On n'est pas obligé d'en parler du tout de toute façon. Je tenais simplement à te remercier, c'est tout.
— Oh que si, ma belle. On va en parler. Et tu vas tout me dire ! Mais pas maintenant. Sinon, je risque de gâcher le seul moment dont je dispose pour être entièrement seul avec toi.

Ses yeux s'ouvrent davantage, elle s'apprête, j'imagine, à me contredire une fois de plus. Mais je l'en empêche.

— J'ai fait venir tes vêtements. Ton sac de voyage se trouve dans le salon. Va te préparer, nous partons dans 30 minutes.
— Où ça ? Demande-t-elle.
— Au brunch. Les Petrov nous attendent.
— Ensemble ?
Je hausse un sourcil.
— Oui. Claqué-je.
— Écoute Kalel. Elle se racle la gorge en relevant le menton. Je pense qu'il serait préférable qu'on arrive chacun de notre côté.
— Tu crois ?
— Oui. Persiste-t-elle.
— Je ne suis pas de cet avis. Je m'avance vers elle un petit sourire en coin.

Je vois qu'elle veut aussitôt s'éloigner, mais son envie de m'affronter est plus forte. Alors elle tient bon et ne bouge pas. Je la regarde comme un assoiffé dans un désert, mais c'est l'effet qu'elle me fait. Aèna est une pure beauté, qu'importe ce qu'elle porte je la trouve toujours magnifique. Et la voir ainsi au réveil dans son plus simple appareil renforce davantage ce qu'elle me fait éprouver.

— Tu es belle. Dis-je maintenant plus qu'à quelques centimètres d'elle.
— Kalel... souffle-t-elle dans un murmure haché.

Je passe ma main sur sa gorge et remonte le long de sa mâchoire avant de venir effleurer sa lèvre du bas avec mon pouce.

Prince Of Island : La Naissance d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant