Prince Of Island : La Naissance d'un Roi

Chapitre 32

Aèna

— Ingénieux. Regarde-toi, déclare-t-il en m'observant dans mon uniforme de service. Une domestique. Si ton père te voyait, il en ferait sûrement une attaque.
— Tant qu'elle lui est fatale, répliqué-je avec nonchalance.

Il fronce les sourcils avant qu'un lent sourire se forme sur ses lèvres.

— Tu as du cran. J'ai toujours admiré ça chez toi.

Je garde le silence quelques secondes.

— Tu vas me dénoncer ?
— Pourquoi ferais-je ça ?
— Parce que tu es son frère, craché-je avec dégoût.
— C'est vrai. Mais on ne choisit pas sa famille. Toi, mieux que quiconque, devrais le savoir.

Je serre les dents. Je suis à la fois en colère et terrifiée qu'il se trouve en face de moi.

— Je ne te trahirai pas, dit-il en s'avançant tandis que je fais un pas en arrière pour reculer.
— Je n'ai aucune confiance en toi.

Une lueur de déception passe dans ses yeux avant qu'il ne la dissimule et affiche un visage impassible. Il s'apprête à parler quand des gardes du palais font leur ronde habituelle.

— Y a-t-il un endroit plus discret où nous pouvons aller discuter ?

Je pouffe d'un rire sans joie.

— Je ne vais nulle part avec toi, mon oncle. Je ne suis pas stupide !
— Je ne te veux pas de mal, Aèna. Mais parler ici ne ferait que te mettre en danger. À moins que tu te fiches que les gens découvrent qui tu es réellement ?

Un frisson d'angoisse profond me traverse aussitôt.

— Écoute, ce n'est pas une menace. Mais parler en plein milieu d'un couloir n'est pas la meilleure chose à faire dans ces circonstances. N'importe qui peut nous entendre.

Bien sûr, il dit vrai, mais je suis malgré tout obligée de me méfier. Je n'étais pas préparée à le voir en face de moi aujourd'hui, ni même jamais pour être honnête. Mes mains tremblent, je tente de le dissimuler en les serrant fermement en poings.

— Je sais que je ne t'ai jamais donné de raison d'avoir confiance en moi et de ne pas t'avoir protégée durant toutes ces années. Mais je n'étais pas au courant de tout... ça, dit-il péniblement en évitant mon regard. J'avais conscience que ton père était dur avec toi, plus qu'avec les autres. Mais ce qu'ils t'ont fait, je n'en savais rien, je le jure !

Il déclare ça avec tant de véhémence que la partie faible de moi a envie de le croire.

— Dès que je l'ai su, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour t'aider.
— Et qu'as-tu fait, oncle Valerian ? Tu ne m'as jamais vraiment porté d'attention. Tu te cachais toujours, trop effrayé pour affronter tes abominables frères !

Une lueur de douleur passe sur son visage. Valerian n'a jamais été méchant ou mauvais, il a même plutôt été l'un des seuls de ma famille à bien se comporter et se montrer gentil avec moi les rares fois où je le voyais. Mais étant le benjamin de la fratrie, il a toujours suivi les règles et laissé ses aînés l'écraser lui et le monde autour, même quand c'était injuste.

— Je sais, souffle-t-il doucement. C'est pour cette raison que j'ai décidé de passer à l'action. Tu n'es pas la seule qui en a marre du règne de terreur de mes frères, Aèna. Je ne te demande pas de m'accorder ta confiance immédiatement, mais simplement de m'écouter.

Je l'étudie quelques instants avant de hocher la tête et dire :

— Je connais un endroit où nous pouvons aller discuter. Personne ne s'y rend généralement.