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Chapitre 4 - Premier souvenir

Timothée ouvrit difficilement les yeux, s'il avait pu passer la journée dans cette chambre il l'aurait fait. Le brun se contenta de se servir un café avec la machine qu'il avait à sa disposition, il n'avait pas le courage de faire semblant de sourire ou de dire bonjour, il préférait préserver son peu d'énergie pour l'enregistrement d'un podcast en fin de matinée. A la sortie de sa douche il remarqua un appel manqué de Pauline et même s'il ne l'aurait jamais avoué à voix haute, son corps ressentit un soulagement. Après avoir ressassé toute la nuit les événements de la veille, il avait commencé à ressentir une forme de jalousie envers sa sœur. Il était persuadé que Sadie l'avait reconnu et elle avait fui, contrairement à sa sœur qui avait même pu lui parler, pourquoi n'avait-il pas eu cette occasion ? Son regard se perdit sur Central Park qui s'étendait devant sa fenêtre, comment l'absence d'une personne pouvait faire aussi mal ? Son téléphone s'éclaira pour signaler l'arrivée d'un nouveau message.

De Polly : On vient de partir pour l'enregistrement du podcast, tu vas pouvoir te reposer ce matin comme ça.

Pauline avait toujours joué à la perfection son rôle de grande sœur. Lorsque sa carrière s'était envolée elle avait toujours été présente pour le rassurer et l'aider à appréhender cette nouvelle étape de sa vie sans aucune jalousie malsaine alors qu'elle même aspirait à devenir une actrice reconnue. Pauline était un véritable pilier mais ce message l'agaça profondément, comment avait-elle pu prendre la décision de partir sans lui ? Comment est-ce qu'elle pourrait justifier son absence si on lui posait la question ?

De Tim : Pourquoi vous êtes partis sans moi ? Je pouvais très bien assurer ce matin.

De Polly : On a préféré te laisser te reposer.

De Tim : Qui ça on ? Alix ? Ni notre agent ni toi n'avez le droit de prendre ce genre de décision à ma place.

De Polly : La conférence de presse d'hier a déjà fait assez parler sur les réseaux sociaux, on va calmer le jeu et on va continuer la promo normalement. Ok ?

De Tim : Ne fais pas comme si j'avais le choix alors que vous ne m'en avez laissé aucun.

Timothée balança son téléphone qui rebondit sur le lit et termina sa course sur le sol dans un bruit sourd. On lui disait souvent que pour lui ça avait l'air facile, d'entrée et de sortir dans la peau de personnages très différents, de faire les bons choix de films pour maintenir sa carrière à flots, d'être toujours disponible quand on l'arrêtait dans la rue ou quand il fallait répondre toute la journée aux mêmes questions de journalistes peu inspirés. La vérité était toute autre, il était passionné par son métier et reconnaissant qu'on le soutienne mais maintenir une qualité de jeu demandait une rigueur que tous les acteurs n'étaient pas capables de produire. Jusque-là il s'était donné un maximum pour que sa vie personnelle n'interfère pas dans sa vie professionnelle quitte à paraître distant et maintenant, à cause d'une seule réaction, il se retrouvait mis sur le banc de touche par sa propre sœur.

Un vent matinal souleva les quelques mèches de cheveux de Timothée qui dépassaient de son bonnet, il regarda à l'angle de la rue qui donnait sur l'entrée de son hôtel, quelques paparazzis l'y attendait comme il s'en était douté. Après quelques années dans le milieu il avait commencé à comprendre leur fonctionnement. Une fois son casque positionné sur ses oreilles, le brun accéléra le pas et franchis les quelques mètres qui le séparait de Central Park pour commencer à courir. Ce n'était pas une habitude chez lui mais un footing matinal allait lui permettre de se vider la tête et d'éliminer les tensions de la veille. Il croisa quelques lycéens sur son chemin qui lui firent penser à sa première rencontre avec Sadie. La ville dans laquelle il avait grandi était assez petite pour que tout le monde se connaisse et assez grande pour leur permettre de posséder un lycée local, recevoir un nouvel élève était de l'ordre de l'exceptionnel. Lorsque leur directeur l'avait présenté à sa classe lors de la rentrée scolaire tout le monde avait repéré son accent français avant même qu'elle ne termine de se présenter avec son anglais approximatif.