Le corps tout entier de Sadie s'enflamma, les doigts de Timothée dans ses cheveux lui donnait la sensation d'avoir trouvé sa place dans cet espace-temps bien à eux. En croisant son regard, elle devinait toutes les questions qu'il allait lui poser.
- Si j'avais su ce soir-là le temps qu'il me faudrait pour t'embrasser de nouveau, si j'avais su tout ce qui se passerait après... Je pensais avoir tellement de choses à te dire et en venant ici j'étais tellement en colère mais là maintenant je ne sens que du vide en moi.
- Tim...
- Tu as perdu le droit de m'appeler comme ça.
Autour d'eux la mezzanine commençait à se repeupler mais ils restaient là, à se fixer, bien ancré dans leur univers parallèle.
- Quelque part au fond de moi et pendant dix ans j'étais persuadé qu'on allait se retrouver et que ce jour-là je saurai exactement quoi te dire mais la vérité c'est que maintenant qu'on y est je suis complètement perdu. Est-ce que je dois te serrer dans mes bras, est-ce que je dois te crier dessus, est-ce que je dois continuer de t'embrasser, est-ce que je t'aime ou est-ce que je te déteste ? Je suis épuisé Sadie, épuisé de tout ce que tu m'as fait endurer et je crois même que je n'ai même plus la force de savoir pourquoi est-ce que tu es partie sans même dire au revoir.
- Je suis désolée...
- Tu es désolée ? Ne fais pas comme si tu n'avais pas eu le choix, tu as décidé de partir !
- Tu n'as aucune idée de ce que j'ai fait ! Tu n'as aucune idée de tout ce que je dois trainer derrière moi ! La Sadie que tu connaissais n'existe plus. Crois ce que tu veux Timothée, déteste-moi ça m'est égal mais reste loin de moi.
- Alors c'est tout ce que tu as à me dire après dix ans ?
- Qu'est-ce que tu veux de plus ?
- Explique-moi Sadie ce qui t'as poussé à te volatiliser ! Je pensais qu'on se faisait confiance, qu'on était tout l'un pour l'autre mais tu ne m'as jamais laissé la moindre chance de comprendre, de m'expliquer ce qui t'était arrivé. Tu m'as juste laissé avec mes interrogations qui me ronge depuis dix ans. J'étais prêt à tout entendre, tout comprendre.
- Tu n'aurais pas pu comprendre, non. La tuerie de notre lycée c'est ma faute, si Noa a tiré sur Pauline c'était à cause de moi !
- Noa a fait des choix horribles ce jour-là et il n'a eu besoin de personne pour les faire !
Sadie sentait sa gorge la brûler à force de retenir ses larmes, elle avait fait le bon choix en partant, elle devait rester sûre d'elle et de sa décision mais chaque seconde qui passait essayait de lui démontrer le contraire. Florence n'eut aucun mal à les retrouver et essaya de les séparer avant que la situation ne dégénère et qu'on les remarque mais ils n'entendaient pas ses paroles et ne sentaient pas ses gestes, ils étaient ailleurs. Le silence de Sadie désarmait Timothée, malgré tout ce temps il semblait apercevoir ce qu'il considérait comme de la détresse.
- Pourquoi est-ce que tu es venue à la conférence de presse ? Reprit-il la gorge serrée.
- Je n'étais pas censée être là, c'était le hasard.
- Alors quoi, c'est terminé nous deux ?
- C'est terminé depuis dix ans.
Le cœur de Timothée se déchira encore un peu plus. Il enveloppa Sadie de ses bras, sentie ses mains se déposer sur son dos nu et profita de cette étreinte pour se remémorer tous les moments joyeux qu'ils avaient ensemble, les seuls qui comptaient vraiment.
- Je suis incapable de te détester Sadie, tu es trop précieuse. Prends soin de toi.
Il se dégagea doucement de cette étreinte et reprit peu à peu conscience de l'environnement qui les entourait. Sadie essuya une larme sur sa joue et s'éloigna définitivement, elle croisa le regard inquiet de Florence qui l'informa qu'elle allait appeler un taxi pour rentrer, elles n'avaient plus de raisons de rester ici.
Sadie se laissa tomber sur son lit et serra ses genoux contre sa poitrine, depuis qu'elle était descendue du taxi elle n'arrivait pas à arrêter de pleurer. Son corps tout entier lui faisait mal, un tambour cognait dans sa tête et ne lui laissait aucun répit. Lorsque Florence posa sa main sur son épaule elle sursauta, sa peau était à vif comme si elle était brûlée.
- Sad, comment tu te sens ?
- J'ai mal partout... je fais tellement de mal aux gens qui m'entourent.
- Tu ne crois pas que tu devrais essayer de te pardonner ? Dit-elle doucement. On n'en arrive pas à ce qu'a fait Noa parce que son amie n'a pas été assez présente, on en arrive à ce qu'il a fait parce qu'on lui a fait du mal. C'est lui qui a tiré, pas toi.
- Je suis responsable Florence.
- Regarde-moi, je me porte très bien et pourtant tu es ma meilleure amie depuis des années.
- Je... Je voudrais rester seule s'il te plaît.
- Je suis à côté si tu as besoin.
Florence se retira en silence de la pièce, essayant de trouver l'équilibre entre être présente pour aider son amie et lui laisser assez d'espace pour se remettre de cette soirée. En fermant la porte de la chambre de Sadie elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander comment est-ce qu'elle faisait pour supporter tout le mal qu'elle se faisait à elle-même.
Lorsque Timothée ouvrit la porte d'entrée de l'appartement de ses parents la nuit était déjà bien avancée. Après sa discussion avec Sadie il était rentré dans un état second, son corps avait ressenti une extrême envie de se défouler contrairement à sa tête qui était épuisée. Il n'avait pas touché à une seule goutte d'alcool de la soirée mais son corps agissait comme s'il avait franchi ses propres limites, à tel point que son estomac avait rendu tout ce qu'il contenait dans les toilettes d'un club. Ses oreilles bourdonnaient empêchant le silence de le détendre, il ouvrit la fenêtre et apprécia l'air frais s'engouffrer dans ses cheveux. Il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir mais ne se retourna pas, il savait que sa sœur avait attendu qu'il rentre.
- Depuis quand tu sais pour Sadie ? Demanda-t-il.
- Depuis la soirée au théâtre avec Florence.
- J'avais le droit de savoir.
- Elle m'a demandé de ne pas la chercher et tu n'aurais pas pu t'en empêcher.
- Parce que toi tu n'as pas essayé peut-être ?
Pauline hésita, ne sachant pas vraiment ce qui était le mieux entre mentir ou dire la vérité.
- Si. Je sais où elle travaille et j'ai voulu aller la voir mais ce soir c'est la première fois que je la vois depuis la conférence de presse. En ne te disant rien je voulais juste te protéger.
- Me protéger de quoi au juste ?
- Sois honnête Timothée, tu te sens vraiment mieux maintenant que tu l'as vu et que tu lui as parlé ?
- C'était à moi de décider.
- Ça ne par...
- Sors de ma chambre. La coupa-t-il.
Pauline souffla, elle avait tellement espéré que son frère lui laisse une ouverture pour avoir une discussion qui aurait permis d'apaiser les tensions entre eux mais visiblement c'était encore trop tôt. Allongée dans son lit, elle fixait le plafond et se demanda ce que Sadie et Timothée avaient pu se dire, avait-elle été distante comme avec elle ou avait-elle eu une autre réaction ? L'écran de son téléphone éclaira toute la chambre ce qui la fit sursauter.
De Florence : Vous êtes tous malheureux, aide-moi à arranger les choses.
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FanfictionHistoire terminée et postée dans son intégralité ! ☀️ Pendant que le réalisateur répondit à une nouvelle question, Sadie se permit un regard vers les Chalamet. Son cœur se serra encore un peu plus en voyant le regard compatissant de Timothée pour sa...