Chapitre 23 - Se faire confiance

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En entendant la sonnerie de son portail, Timothée enfila ses baskets dans la précipitation. Il avait répété pour son prochain rôle toute la journée à tel point qu'il en avait oublié de manger. Le burger qui l'attendait derrière son portail était la lumière qui guidait son estomac. Il traversa l'allée rapidement et ouvrit avec un grand sourire, sourire qui s'estompa immédiatement.

- Je croyais que nous deux c'était terminé depuis dix ans.

- J'ai menti.

- Tu as menti sur beaucoup de choses Sadie.

- Je pensais mentir pour de bonnes raisons.

- On ne protège pas les gens en leur mentant.

Sadie voulu répondre mais un bruit de moteur la stoppa, la personne au volant s'assura de l'identité de Timothée et lui tendit un sac avant de repartir. L'odeur du burger lui donna encore plus faim. Il invita d'un geste Sadie à entrer et referma derrière elle. Sans un mot il se dirigea vers sa cuisine et commença à manger, il n'avait pas envie de parler et savait que la discussion qui se préparait allait lui retourner l'estomac.

- Je ne vais pas te déranger très longtemps. Dit-elle en observant les lieux.

- Qui t'as donné mon adresse ?

- C'est vraiment important ?

- Oui.

- Florence.

- Tu lui fais confiance ?

- Pourquoi ?

- Parce qu'elle aime bien Pauline et que Pauline l'aime bien.

- Ni toi ni moi n'avons quelque chose à dire sur leur relation.

- Pourquoi est-ce que tu es là ?

- A vrai dire, je suis venue ici pour répondre à tes questions comme je l'ai fait avec Pauline mais maintenant que je suis là, je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée.

- Pauline avait besoin de réponses à ses questions et moi aussi pendant un temps mais ça m'est passé.

Sadie haussa les épaules, elle aurait préféré qu'il la déteste plutôt que de sentir de l'indifférence mais malgré tout, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle s'apprêta à repartir lorsqu'il reprit la parole.

- Pourquoi tu t'es tournée vers le journalisme ?

- C'est la seule question que tu veux me poser ?

- A vrai dire, j'ai eu des semblants d'explications l'autre jour et ça me suffit. Tu es partie, tu as fait des choix qui te semblait probablement être les meilleurs mais je refuse de te demander des explications ou des justifications sur ce que tu as fait en tant qu'adolescente. On a tous les deux grandis, l'ancienne Sadie ne reviendra pas, je ne veux pas m'accrocher à ce souvenir alors que la personne qui se tient devant moi c'est ta dernière version.

- Interpréter des personnages me faisait trop penser à vous et j'avais l'impression de ne pas mériter ce métier, pas après tout ce qui s'était passé. Au début le journalisme c'était une porte de secours et finalement je m'épanouie plus que ce que je pensais dans ce milieu.

- Tu étais douée pourtant.

- Pas autant que vous deux.

- Tu devrais y réfléchir.

- Est-ce que tu es heureux dans cette vie ?

- Si je te réponds oui, est-ce que tu vas disparaître de nouveau en pensant que tu ne m'apporterais que de la tristesse ?

- Non, je partirais en pensant que tu te débrouilles mieux quand je suis loin de toi.

- Mais on sait tous les deux qu'on se débrouille mieux quand on est ensemble, non ?

Timothée s'approcha de Sadie, il avait beau lutter, il avait beau souffrir, il n'y avait toujours eu qu'elle et tant pis si cela le menait à sa perte.

- Je pensais ce que j'ai dit l'autre soir. Reprit-il. Tu es précieuse Sadie. Et quand je t'ai embrassé, les deux fois, c'était sincère. Mon corps est irrémédiablement attiré par toi et quand on parle il y a cette connexion qu'il n'y a avec personne d'autre. Je t'ai attendu tellement longtemps, j'ai espéré pendant tant d'années te revoir et j'aurais réellement aimé que tu ne m'en fasses pas autant baver parce que je suis épuisé de te courir après mais le fait est que même si à un moment je me suis senti perdu et fatigué et même si je pu parfois dire le contraire, c'est toi Sadie. Ça a toujours été toi et ça sera toujours toi. Depuis le premier jour où je t'ai balancé mon « Salut moi c'est Timothée, désolé d'être le dernier à me présenter. » jusqu'au jour où tu mourras à plus de quatre-vingt-dix ans avec moi à tes côtés parce que je refuserai de te laisser partir sans moi. C'est toi encore et encore.

- Tu as dit « Désolé, je crois que je suis le dernier à me présenter. Je m'appelle Timothée. ».

- Tu t'en souviens ?

- Mot pour mot. J'avais été une bête de foire toute la journée, j'étais mal à l'aise et je voulais rentrer chez moi le plus vite possible. Pourtant quand tu t'es tourné vers moi et que tu m'as dit ces mots tout mon mal-être c'est envolé.

- Tu vois, c'est toi et moi depuis le départ.

- Tim. Ne crois pas que je ne sais pas qu'il y a quelque chose entre nous, j'ai juste tellement peur de ne pas être à la hauteur. J'ai l'impression d'être ce chat noir qui ne va t'attirer que des ennuis et je t'aime tellement que je supporterai d'être loin de toi uniquement si je sais que c'est pour ton bien.

- Sad, je t'ai dit ce que je ressentais et ce que je pensais mais maintenant c'est à toi de voir si tu es prête à te faire assez confiance pour prendre le risque avec moi.

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