𝒕𝒐̄𝒌𝒚𝒐̄ [𝒍𝒉]

vingt-neuf.

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𝙹𝙾𝚄𝚁 𝟸𝟷, 𝟷𝟼.0𝟼.𝟸𝟹 ― 𝚃𝙾𝙺𝚈𝙾 🛩️

Ｔ Ｈ Ａ Ｏ ．

          ❝  𝕃e Japon est situé au-dessus de trois grandes plaques tectoniques qui se superposent. C'est une zone sismique très active, et c'est la raison pour laquelle il y a au moins un tremblement de terre par jour. Certains se ressentent, d'autres non. Il arrive parfois qu'un tsunami survienne à la suite d'un séisme, avec des vagues qui peuvent atteindre trente mètres de hauteur, faisant de nombreux dégâts sur son passage. Le plus violent enregistré dans notre pays a eu lieu en 2011, il a engendré des milliers de morts, détruit des villes entières et est responsable de l'accident nucléaire de Fukushima. L'épicentre du tremblement de terre était à 300 kilomètres de Tokyo, et pourtant, je vois encore les immeubles de la capitale tanguer tellement le séisme était intense.

          Il n'y a pas eu de tremblement de terre aujourd'hui. Ou du moins, pas à ma connaissance. Mais j'ai eu l'impression de sentir le sol trembler sous mes pieds tellement fort que j'ai cru que j'étais revenu à ce fameux 11 mars 2011. Pourtant, je suis prête à parier que rien n'a bougé, mais c'est la sensation que j'ai eue lorsque je me suis réveillée ce matin et que Lucas n'était plus là. Je suis très rapidement sortie du lit pour le chercher dans les moindres recoins, mais j'ai compris que je ne le trouverai pas quand j'ai vu le petit-déjeuner, pour une personne, sur la table basse de la chambre, et une enveloppe posée sur celle-ci.

          Je n'ai même pas pris le temps de regarder ce qu'elle contient, je me suis très vite habillée, j'ai récupéré mes affaires puis j'ai commandé un taxi qui m'amène actuellement à l'aéroport de Tokyo. Avec un peu de chance, Lucas ne sera pas encore parti quand je vais arriver. En ce moment, je le hais de toutes mes forces d'avoir quitté notre chambre sans même prendre la peine de me dire au revoir. On vient de passer vingt et un jours ensemble, vingt et un jours à s'aimer comme des fous, alors je pense que je mérite un peu mieux qu'un mot sur un bout de papier. Même s'ils vont être déchirants, j'ai besoin de vrais adieux, j'ai besoin de l'entendre me dire une dernière fois qu'il m'aime.

– On arrive dans combien de temps ? je demande au chauffeur, impatiente et stressée d'arriver trop tard

– On devrait y être dans dix minutes.

– Vous ne pouvez pas rouler un peu plus vite ? je souffle

– Je respecte les limitations de vitesse Madame.

          Je soupire en m'enfonçant un peu plus dans mon siège, me résignant à entendre que l'on soit arrivé. Lucas devrait embarquer d'ici une heure, et j'ai peur de le louper. Je passe alors les dix minutes de trajet qu'il me reste à acheter un billet d'avion, n'importe lequel tant qu'il n'est pas trop cher et qu'il me permet d'entrer dans la salle d'embarquement. Je me retrouve avec un billet pour Kobe que j'aurais payé 50€, mais j'aurais été prête à mettre n'importe quel prix pour voir Lucas une dernière fois et lui dire au revoir. Je sais que ce ne sont pas des adieux, mais je n'ai aucune idée de quand j'aurais l'occasion de le revoir. Peut-être l'été prochain, ou peut-être dans quelques années. Seul l'avenir nous le dira.