CHAPTER TWENTY - NV

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Il y a trois ans – Easthaven

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Il y a trois ans – Easthaven

Mon cœur s'emballe, guidé par la peur d'être attrapée. Benett m'a embrassé. Pour la première fois. Alors que nos bouches se découvrent, j'ouvre les paupières afin de vérifier que nous sommes seuls.

Cachés derrière un arbre dans le jardin de ses parents, nous avons succombé après plusieurs années à se chercher. Je ne devrais pas, aucunes filles ne le devraient, ce n'est pas dans la norme, et pourtant je ne m'en veux pas, puisqu'il sera bientôt mon époux.

Je n'avais seulement pas imaginé mon premier baiser comme tel. Non, j'imaginais une sensation étrange naître au creux de mon ventre, un peu comme me l'avait présentée Olivia ma voisine, tout juste mariée. Des frissons grisants, un débordement d'amour, une myriade d'émotions émergeant à la surface. Mais non. Il n'y a que l'angoisse d'être vus.

Les mains calleuses de Benett se hasardent hors des zones habituelles, je me tends mais le laisse faire. C'est ton futur époux, me crie ma conscience.

Mais lorsqu'elles se glissent sous ma robe pour se poser sur ma cuisse, et que sa langue semble chercher le chemin vers la mienne, je tressaille et le repousse.

— Benett, nous devrions probablement arrêter.

— Personne ne nous verra, prononce-t-il en tentant de prolonger ce baiser.

Je m'écarte, et me relève en défroissant ma tenue.
— Si quelqu'un nous voit ici, je risque de ternir ma réputation et celle de ma famille.

Il se relève à son tour à contre cœur et s'approche de moi en attrapant ma main.

— Nous sommes amoureux depuis tout petits, Emerly, tout le monde ici le sait, et dès que je gagnerai suffisamment d'argent pour subvenir aux besoins de notre famille, je te marierai.

Une question me traverse l'esprit, et je pince mes lèvres avant de la lui poser.
— Comment sais-tu que tu es amoureux de moi Benett ?

Il rit et dépose un doux baiser sur mes lèvres.
— Je le sais, voilà tout.

Je souris et ne dis rien, pourtant lorsque je cherche la réponse à ma propre question, je réalise que je ne le sais pas.

Présent – Ecurie domaine des Harrys.

Je crois que j'ai froid. Ou peut-être chaud.
Mon corps s'embrase à son contact, ce toucher déclenche en moi une délicieuse brûlure. Et pourtant mes poils se hérissent et des frissons recouvrent ma peau, comme si le reste de mon épiderme cherchait désespérément de la chaleur, sa chaleur.

Serait-ce donc ça ? Cette sensation si particulière qu'Olivia m'avait un jour conté ?

Comme un besoin de prolonger ce feu qui brûle, ou de faire taire ses réactions inconnues que Farell réussit à faire naître en moi, je lui rends son baiser aussi passionnément qu'il me l'offre.

Un gémissement m'échappe sans que je ne le contrôle, et il l'étouffe de ses lèvres douces.

Sa langue investit ma bouche, à la rencontre de la mienne, et je ne le rejette pas. Parce que je la veux, ardemment.

Acculée contre le mur, sa main maintient ma nuque, et tout de lui me surplombe. Pourtant je ne me suis jamais sentie aussi libre. 

Je me délecte de son goût, de son odeur, et mes doigts agrippent avec force sa chemise pour le garder près de moi.

Sa cuisse fait de nouveau pression contre mon entrejambe, et j'écarquille les yeux lorsqu'une douce et violente sensation m'électrise.

Je ferme les paupières pour me contenir puisqu'un nouveau gémissement menace de m'échapper.

Et lorsque je rouvre enfin les yeux, ses billes d'acier me détaillent, et j'y retrouve cette même lueur que j'ai aperçue lorsque je l'ai vu au bal masqué, dans ce bureau. Cette lueur prédatrice, qui brûle dans un feu ardent.

Je le revois prendre brutalement cette femme sur ce bureau. Ce n'est pas ce que tu veux.

Face à cette réalité, mes ongles enchevêtrés dans le coton de sa chemise s'aplatissent et le repoussent.

— Farell..., murmuré-je difficilement, incapable de lutter contre ses iris qui me sondent.

Il ne répond rien à la suite de mon rejet, mais il s'éloigne effaçant avec lui la chaleur de notre contact. Le silence règne désormais entre nous, seules nos respirations encore haletantes résonnent.

Lorsque je relève mon regard vers le sien, plus rien ne brille dans ses yeux, sa tempête s'est assagie. Pourtant ses traits se durcissent, et je n'arrive pas à discerner ce qui les déforme. La frustration ? La culpabilité ?

Sans un mot, il recule d'un pas, alors que je ne bouge pas de ce mur contre lequel il m'a retenu. Ses lèvres s'entrouvrent, et quand je pense qu'il va s'exprimer, il s'en abstient et s'en va.

Désormais seule en ces lieux, les battements frénétiques de mon cœur m'accompagnent, et lutte pour s'apaiser.

Ma main tremblante vient se poser sur mes lèvres enflées, comme pour retrouver la trace des siennes.

Une boule obstrue ma gorge, et ma respiration peine à se calmer. C'est le bruit des hennissements des chevaux et le son de leurs sabots qui martèlent le sol qui me pousse à me précipiter à l'extérieur.

À travers la fenêtre de la diligence qui s'éloigne, j'aperçois le gris de ses yeux qui me transperce et ne me quitte que lorsque sa distance s'élargit et que Farell fuit le manoir.

Mon regard se porte alors sur le soleil couchant, qui borde la forêt que nous avions visité quelques jours auparavant en compagnie de sa mère.

Le crépuscule se dévoile doucement, le ciel orangé est vite remplacé par l'obscurité de la nuit.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, à espérer qu'il fasse demi-tour. Mais lorsque le vent frais vient caresser la peau de mon visage, je réalise qu'il ne sert à rien de l'attendre.

Farell est parti, et si j'ai cru que sa promesse de ne plus déserter notre lit était sincère, je crains de me coucher seule ce soir après de nombreux jours à l'avoir à mes côtés.

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