CHAPTER THIRTY THREE - NV

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Un peu plus tôt dans la nuit

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Un peu plus tôt dans la nuit.

Je reste là, immobile, portant son corps frêle contre moi. Mes doigts se mêlent à ses cheveux alors que des larmes silencieuses dévalent mes joues.

Elle ne les voit pas, et je refuse qu'elle entende à quel point j'ai perdu ma force, et la foi. Parce que tout ce qui me ramène à ma petite sœur me rend faible

Elle est là dans mes bras, inerte, et à la voir ainsi, nous pourrions croire qu'elle s'est simplement assoupie. Alors que la vie lui échappe lentement.

La crispation de son visage s'est atténuée, mais il porte encore la trace des plis qui s'étaient formés lorsqu'elle hurlait sa douleur.

Ses yeux sont clos depuis que le médecin a apaisé ses maux, voilà quelques heures déjà.

Je continue à lui souffler des mots doux dans le but de la rassurer, comme si je pouvais la garder plus longtemps auprès de moi.

Mais son souffle se fait de plus en plus faible, plus discret, à mesure que les minutes passent. Alors que ma souffrance, elle, s'étend jusqu'au plus profond de mon être, et détruit avec elle, tout sur son passage.

Comme si elle était la seule lueur d'espoir qui me restait encore, je fixe la pleine lune qui éclaire la nuit. Le ciel est dégagé, et paraît lui ouvrir un passage vers l'au-delà.
Lui offrir une place au sein des étoiles.

Mais elle est mon ange sur Terre, et je refuse de la laisser s'en aller.

— Mon Dieu, prenez-moi à sa place, je supplie dans un sanglot étouffé, tandis que je resserre mon étreinte.

Mon cœur bat la chamade comme pour compenser le sien qui ralentit toujours plus chaque seconde.

J'offrirais ma vie pour que la sienne ne s'éteigne pas.
Je profanerais mon âme pour que la sienne subsiste. Je m'envolerais avec elle pour qu'elle ne soit pas seule.

Lorsque mes doigts entourent les siens, je me crispe violemment. Je secoue la tête pour refuser ce qui me frappe avec violence.

— Non, non, pas maintenant Verity...

Mais la vérité est pourtant là, indiscutable, la température de sa peau baisse. Elle était pourtant si chaude ces dernières heures, lorsqu'elle luttait encore contre l'hyperthermie.

Je redresse son corps affaibli contre le mien et ne retiens plus aucune larme.

— Verity, Verity, Verity... Pas maintenant je t'en prie.

Pas maintenant.

Je l'appelle désespérée.

Brisée.

Anéantie.

Ses paupières se meuvent sous le son de ma voix, et alors que je m'apprête à retrousser mes lèvres dans un sourire, je me fige en apercevant ses yeux ouverts.

D'un bleu habituellement céruléen, ils sont ce soir, vitreux, vides, et perdus dans le vague. Mon attention se porte sur sa paume de main qui s'ouvre contre la mienne. De nouvelles perles d'eau salées dévalent mon visage quand je reconnais le bijou qu'elle a maintenu serré avec elle depuis son arrivée ici. 

La broche que lui a offert Farell.

Ses lèvres tremblent légèrement, ce qui attire de nouveau mon attention sur elles, avant qu'un murmure à peine perceptible ne s'en échappe.

C'est faible, presque indistinct, et pourtant je n'ai pas le moindre doute sur ce qu'elle prononce.

— Papa.

Tout mon corps se tend et la détaille sous le choc.

Papa.

Son teint gris, me tord l'estomac, une larme unique fuit sa paupière et mon cœur rate un battement. Dès lors qu'il se remet à battre, j'écarquille les yeux et sens la panique me gagner.

Mes pulsations cardiaques ne sont plus que le seul bruit qui subsiste désormais.

Un battement de cœur.

Une expiration.

Deux battements.
Trois battements.
Quatre battements.

Une expiration longue, bruyante, et libératrice. 

Son souffle s'est rompu.
Sa cage thoracique ne se mobilise plus.
Et ses yeux s'éteignent à l'instar de sa vie.

Elle est partie.
Sans moi.

— Non... Non... Non ! 

Mais mon cerveau refuse cette réalité. Il estompe tout ce qui m'entoure. Brouille ma vue, réduit chaque son, et toute sensation. Chacun de mes sens éteints. Pourtant, je sais que je crie son prénom. Je suis consciente de la secouer pour tenter de la réveiller.

Ne t'en va pas. Ne t'en va pas.
Seigneur rendez-la moi.

Je prends son visage en coupe. Sa peau est froide, ses yeux ne brillent  plus, ses lèvres se décolorent...

Son corps ne réagit plus, ma petite sœur n'est plus.

Et moi je perds tout contrôle.
Je ne suis plus qu'une enveloppe. Vide.

Peut-être qu'une part de moi
est partie avec elle, finalement.

— Birdy ! Birdy !

Mes cordes vocales se contractent, libèrent un cri de douleur. Mais je n'entends rien.

Je hurle, prie le bon Dieu de me la rendre. Je me débats de ces bras qui m'enserrent.

Je lutte.
Je lutte.
Puis j'abandonne.

Seigneur, tu m'as offert la vie, mais reprends-la. Sans elle, elle ne vaut plus rien.

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