CHAPTER THIRTY TWO - NV

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BENJAMIN 

Il compte offrir la main de Faith à Nikola. 

Alors que l'information a atteint mon cerveau, mon regard n'a pas quitté la porte que mon meilleur ami a refermée derrière lui. Chacun de mes muscles se contracte et l'ensemble de mon corps se tend. Je déglutis et laisse le goût âcre de l'amertume mourir jusqu'à mon estomac. Mon verre est quasi vide et pourtant je le porte à mes lèvres pour avaler la toute dernière goutte qui repose dans le fond. Mes doigts l'enserrent avec force et je le repose abruptement sur la table pour éviter de le jeter -celui-là aussi- contre le mur. 

Après un énième soupir, je quitte subitement le bureau et claque la porte derrière moi. J'emprunte avec hâte, deux par deux, les marches qui mènent à l'étage. Il faut que je lui parle, je dois être auprès d'elle. 

Pour la première fois, Farell m'accorde le droit de la voir, seul, loin des convenances habituelles, tout en sachant ce que je ressens pour sa petite sœur. 

Faith Victoria Harrys. Cette femme est à la fois la cause de mes tourments et le remède à tous mes maux. 

Et l'idée que la situation puisse l'atteindre m'écrase le cœur avec force. Je crains de retrouver cette Faith désemparée d'il y a quelques années. Une jeune femme prête à sombrer, incapable d'accepter qu'elle soit partie. Même si les mots sont restés silencieux, la culpabilité la rongeait. Tout comme elle détruisait sa mère à petit feu. 

Alors que chacun de mes pas se fait dans un empressement certain, une fois devant la porte de sa chambre, je me fige et clos les paupières. J'humidifie mes lèvres, puis frappe contre le bois blanc. 

Sa douce voix résonne à travers elle et m'invite à rentrer. Assise devant sa coiffeuse, ce sont d'abord ses longs cheveux ébène que j'aperçois en premier. Ils ne sont pas attachés comme elle a pour habitude de faire. Cette fois, elle a défait son habituel chignon tressé et elle coiffe de sa brosse, sa longue chevelure aux ondulations parfaites. 

Lorsque mes yeux se relèvent, je croise enfin les siens, ils sont douloureusement larmoyants. 

— Victoria. 

Ma voix résonne comme un appel éprouvant, si bien qu'elle pose son peigne, je remarque des tremblements secouer ses jolies lèvres. 

— Viens, l'incité-je en tendant une main dans sa direction. 

Elle n'hésite pas une seconde, quitte sa chaise pour se diriger vers moi et se permet, enfin, d'exprimer sa douleur. 

Lorsqu'elle est dans mes bras, je laisse son visage se blottir contre mon torse, et mes mains plonger dans ses cheveux. Ma cage thoracique se remplit d'une surcharge d'émotions contradictoires, mais qui ont le pouvoir de me donner l'impression de respirer de nouveau.   

— C'est comme si tout recommençait, murmure-t-elle la voix hachée par de douloureux sanglots. Sa tristesse l'épuise et elle resserre son étreinte. 

Sa souffrance me saisit avec force, si bien que j'attrape son visage en coupe pour que nos yeux se lient. 

— Et je serai encore là. Je serai toujours là pour toi. 

Ses larmes s'accentuent, mais sa respiration s'apaise lorsque mon front se pose contre le sien.
— Je ne supporte plus de te voir souffrir et que pouvoir y remédier, me soit interdit. Je n'arrive plus à ...

Un bref grondement m'échappe. Je fronce les sourcils et plisse mes lèvres pour m'empêcher d'avouer une vérité qui m'est interdite. 

— Tu n'arrives plus à quoi ? me demande-t-elle.

EMERLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant