Chapitre 20

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OLIVIA

Toujours prisonnière de ses mains chaudes et de son regard chocolat, je reste pendue aux lèvres de Blackworth, trop incertaine pour réagir ou parler.

— Tout ça, cette haine mutuelle, ces jeux de gamins, clarifie-t-il en nous désignant. On doit arrêter. Je... Ce n'est pas moi. Je ne suis pas comme ça et c'est épuisant. Tu crois qu'on pourrait... je sais pas, au moins s'ignorer ?

Je hausse les sourcils, prise de court par son audace. Mais je me reprends très vite à mesure que ma jugeote revient peu à peu.

— Tu dis ça comme si c'était moi la fautive, annoncé-je d'une voix monocorde. Alors que depuis le début, tu es incapable de voir plus loin que le bout de ton nez. Tu t'imagines que j'ai tout, tout cuit dans la bouche. Que je n'ai aucune éthique ni aucune appréciation pour l'art architectural. Tu restes focalisé sur les privilèges que je représente alors que tu ne sais rien de moi, rien de ma vie. Tout ce que tu vois, c'est que je suis la fille du doyen et ton petit ego de merde n'arrive pas à aller au-dessus de ça. Et maintenant parce que je craque et que tu supportes pas la merde que je te renvoie à la tronche, tu profites de cette brèche pour me faire culpabiliser ?

— Je... Non, pas du tout. Je ne profite de rien du tout et je ne veux pas te faire culpabiliser. C'est juste qu'on vaut mieux que ça, tous les deux. Et j'ai peut-être fait une erreur de jugement, OK ? coupe-t-il.

— Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Parce que je chiale ?! m'agacé-je en le repoussant.

Je reprends mes mains et repousse son foutu mouchoir.

— Non, même pas. C'est juste que...

— Alors quoi, Blackworth ? Tu vas t'excuser maintenant, et jouer au gars sympa, m'énervé-je.

— Si tu veux, oui, accorde-t-il en reculant tandis que je me relève.

Je le fixe un instant en silence puis roule des yeux, excédée. Pourquoi tous les hommes doivent-ils être décevants ?

— Non, je préfère que ce soit toi qui le veuilles, répliqué-je. Je n'ai pas besoin que tu me consoles ou me dorlote. Je n'ai pas besoin de toi. En revanche, si tu me respectes vraiment et que tu penses sincèrement que tu dois me présenter des excuses, dans ce cas je t'écoute.

Mais évidemment, il ne le fait pas. Il reste là, les bras ballants, et nous nous contentons de nous fixer en silence.

— Laisse tomber...

— Désolé, Olivia, me coupe-t-il. Mais toi aussi tu me dois des excuses.

Je suis secouée d'un rire amer. Il donne puis reprend aussitôt.

— Excuse-moi, j'ai pas compris. C'étaient des excuses ou des reproches ?

— Je..., commence-t-il, embêté. J'ai réalisé que je ne te connaissais pas quand tu as commencé à m'envoyer ton string à la tronche, quand tu as utilisé mon pull comme cible pour tes pulsions meurtrières, mais surtout quand j'ai vu tes dessins. D'une manière ou d'une autre, tu finis toujours par me surprendre et alors je t'ai peut-être jugée trop vite, oui. Et je m'excuse pour avoir... regardé dans ton carnet et tout le reste. Mais tu ne peux pas nier que tu sais très bien jouer la garce aussi.

— Je ne l'ai jamais nié, répliqué-je en croisant les bras sous la poitrine.

Il expire un ricanement étouffé puis roule des yeux. Nous nous contentons de nous observer en silence, l'un jaugeant l'autre. C'est la deuxième fois qu'il me voit chialer cette semaine et je n'aime vraiment pas ça.

THE HUNT - [Sexy Dark Academia Halloween Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant