THE HUNT - [Sexy Dark Academia Halloween Romance]

Chapitre 5

LANCE

Chaque seconde qui s'écoule est un véritable enfer.

J'ai appris que la petite vampire s'appelait Vanessa et la pirate, Emma. Ainsi Judy, Vanessa et Emma forment un trio infernal — et bruyant, à mesure que nous traversons le campus de Cambridge, tous ensemble. Pour la peine, j'ai vissé sur mon crâne le masque de Ghostface dans Scream que Vanessa m'a prêté, de peur qu'on me reconnaisse.

Je ne voudrais pas entendre des rumeurs demain matin comme quoi un certain professeur Blackworth traîne à des soirées avec des étudiantes jeunes et naïves.

La réalité, c'est que je m'assure de tenir mon chien en laisse. Un beau bâtard répondant au doux nom de James qui court comme un chiot fou avec le masque du Joker que Judy lui a prêté. Elle a fait un maquillage à la Mercredi Addams à la place en deux temps, trois mouvements et nous voilà tous parés pour The Hunt, soit la plus grosse erreur de ma vie.

J'ai laissé mon trench dans le dortoir de Vanessa pour que ma tenue soit plus dans le thème. J'ai passé ma chemise à James qu'il a négligemment ouvert jusqu'au troisième bouton pour se mettre dans la peau du Joker tandis que cette même Vanessa m'a passé le pull à capuche noir de son ex. Ce dernier sent d'ailleurs un parfum entêtant à la cardamome que je n'affectionne pas particulièrement. J'ai littéralement l'impression d'être quelqu'un d'autre.

Nous traversons le campus de Cambridge d'un pas rapide pour retrouver le point culminant de The Rush du parc de Sheep's Green. D'après Judy, c'est le lieu de rassemblement pour le début de la traque.

La nuit est tombée à présent et il a enfin cessé de pleuvoir mais l'air reste humide, ce qui confère à cette soirée une parfaite ambiance d'Halloween. Si je n'étais pas angoissé par la situation dans laquelle je viens de me retrouver, je pourrais prendre mon appareil photo et me balader dans les décors incroyables du campus de Cambridge. Mais nous n'avons pas ce temps et de toute façon, je n'ai pas le matériel adéquat. À vrai dire, dans l'état actuel des choses, j'ai l'impression d'être complètement à la rue. Je n'ai même pas pris mon portefeuille avec moi.

Lorsque nous empruntons le Mathematical Bridge pour traverser la Cam et nous retrouver de l'autre côté de la rivière, je ne peux m'empêcher d'éprouver la satisfaction de marcher sur une construction aussi bien pensée du XVIIIe siècle, ce qui a le bénéfice d'alléger mon humeur maussade.

— Vous saviez que d'après la légende, le Mathematical Bridge aurait été construit et pensé sans boulons ni vis par Isaac Newton, indiqué-je à voix haute. Si bien qu'un jour des étudiants ont voulu...

— La ferme, Lance, coupe James.

— Ouais franchement, Lance, approuve Judy. On s'en fiche.

— Mais c'est la légende du Mathematical Bridge, rechigné-je, offusqué.

En réponse, je ne reçois que les rires moqueurs des filles et de mon ami. Je soupire, gardant mon amertume pour moi-même. J'enfonce mes mains dans la poche avant de mon nouveau sweat et me fais silencieux pendant toute la durée du trajet, ne manquant pas de me faire plusieurs notes mentales lorsque nous croisons des bâtiments à l'architecture remarquable. Il y en a beaucoup à Cambridge.

J'aperçois d'ailleurs au loin la fameuse bibliothèque Alison Richard qu'a mentionnée Harrington ce matin dans le bureau de Foster et je ne peux m'empêcher de détester plus encore cette architecture moderne qui détonne dans un décor chargé d'histoire. Je hais vraiment cette femme. Je sais qu'il est possible d'allier modernité et histoire. Mais est-ce que j'en ai envie ? Non. Moi vivant, aucun bâtiment inspiré par les plans de Lance Blackworth ne sera un mélange hétéroclite de ce même genre d'ovni qui dénote complètement dans un tel décor. Qu'ils m'appellent puriste, je m'en contrefous.