Chapitre 2

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OLIVIA

Isa me fourre l'extrémité d'un joint entre les dents alors que j'étais pleinement concentrée sur mon tibia. Appuyée contre le rebord de la baignoire, une serviette de bain enroulée autour de ma poitrine et une autre sur la tête, je tire une à une les bandes de cire froide que j'ai disposées sur mes demi-jambes. Je n'ai pas le temps de m'occuper du haut, ce sera pour un autre jour.

— Hé ! râlé-je, le mégot coincé entre mes lèvres.

Je tire dessus, inspire en fermant les yeux et m'imbibe de la drogue douce avant de la recracher vers la trappe d'aération de la salle de bain.

— Où est-ce que t'as chopé ça ? m'enquiers-je, une main prise par le joint, une autre par ma bande de cire.

Isabella Ortiz – ou plutôt Isa pour les intimes, étire un sourire démoniaque tout en se déhanchant sur la musique qu'elle a mise à fond dans mon appart.

Dès qu'elle vient chez moi, cette insupportable tornade espagnole fout le bordel et Arthur, mon chat écaille de tortue, part toujours se cacher sous le lit. Il me faut ensuite deux jours pour le convaincre d'en sortir, une semaine pour faire partir les griffures qu'il m'aura infligées lors de mes vaines tentatives et au moins un mois pour qu'il surmonte le trauma d'un tel passage.

Lui et moi n'aimons pas les gens et il est loin d'avoir adopté Isa, contrairement à moi. De tout le campus de Cambridge, c'est certainement la seule que je tolère.

Isa vient de Madrid, a fait ses études d'architecte là-bas et a été très vite repérée par la RIBA – Royal Institute of British Architecture – qui lui a proposé une bourse d'études pour continuer avec un PhD en Architecture à Cambridge. Nous étions de la même promo et avons traversé les hauts et les bas de nos années doctorantes. Une fois diplômées, nous avons respectivement décidé de rester dans la filière académique si ce n'est qu'elle a voulu enseigner, et moi faire de la recherche. Depuis, elle n'a jamais quitté Cambridge.

— T'as du tonic ? répond-elle avec son bel accent ibérique.

— Dans le frigo, indiqué-je avant de tirer une seconde latte. Et tu m'as pas répondu !

— Je l'ai confisqué à un étudiant, se marre-t-elle en traversant mon dressing, en direction de la cuisine.

Je roule des yeux. Voilà pourquoi je n'ai pas passé mon diplôme pour enseigner. M'occuper de la nouvelle génération immature et délinquante de Grande-Bretagne ne m'intéresse pas. Je suis bien, cachée dans mes locaux, à conduire des projets d'urbanisme. Personne ne me dérange, je ne dérange personne. Bref je suis planquée et je peux dessiner.

Toujours est-il que la jeunesse immature et délinquante de Grande-Bretagne a du goût, constaté-je en tirant une troisième fois sur le joint. Je hoche la tête pour moi-même, agréablement surprise.

Isa revient avec une bouteille de gin et du tonic dans les bras ainsi que deux verres à shooter qu'elle remplit en s'accoudant à la commode de mon dressing. Sa tête dodeline au rythme de Inferno de Bella Porch qui tambourine depuis les haut-parleurs de mon enceinte. Lorsqu'elle avale cul sec son shot, elle claque son verre sur le meuble, fait un tour sur elle-même puis traverse mon dressing avec une démarche de déesse grecque en venant jusqu'à moi, les bras en hauteur.

Je pouffe de rire et roule des yeux dans la même seconde. Elle me reprend le joint et repart en sens inverse en agitant les mèches blondes de sa coupe hérisson.

— Alors ça te fait du bien ? s'enquiert-elle.

— Beaucoup de bien, approuvé-je. Ah ! D'ailleurs, dimanche midi, tu viens avec moi chez mes parents.

THE HUNT - [Sexy Dark Academia Halloween Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant