SEIZE : 9 novembre

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« Through the long nights
I will be right there for you
If you drift too far
I'll leave a light on for you »

- Leave a Light On / Papa Roach

BUCKY
15h03

Depuis que j'ai trouvé Isabelle dans la salle de bain, hier, je n'arrive pas à me sortir cette image de la tête.

Je la revois, les ongles enfoncés dans les cuisses, secouée de tremblements et me criant de ne pas la toucher, et ça me fait mal.

C'est une sensation spéciale. C'est comme si on m'arrachait quelque chose, qu'on me remuait les entrailles, qu'on me frappait dans le ventre.

La voir comme ça m'a fait ressentir un mal-être profond que je ne veux plus jamais ressentir.

Elle a passé le reste de la journée d'hier à dormir, le visage enfoncé dans la veste que je lui ai prêté.

Je l'ai observé, sans pouvoir m'en empêcher.

Je ne comprends pas comment elle fait pour se détester autant. Je la trouve tellement belle. Tellement incroyable.

Tellement parfaite.

Ce matin, quand je me suis réveillée, je l'ai trouvée assise sur le sol, penchée sur son téléphone.

Elle avait écrit à Steve. Elle m'a montré son message.

Isabelle
Salut, Stevie. Ne
t'en fais pas, je vais
bien. Je suis en
sécurité. Tu peux
arrêter de me
chercher, je vais
bientôt réapparaître.
Enfin, je l'espère. Je
ne peux pas te dire
pourquoi je me fais
aussi discrète, mais
je te promets que ça
en vaux la peine. Il
en vaux la peine.

Son indice plus que suffisant devrait faire comprendre à Steve ce qui se passe.

Il devrait comprendre que j'ai survécu.

Assit sur le canapé qui m'est « assigné », je triture mes doigts de métal.

Je sais comment j'ai eu mon bras.

Je sais tout des 70 dernières années.

À mon plus grand désarroi, ce ne sont pas mes souvenirs des années quarante qui me sont revenus en premier. Ce sont ceux de mes années passées à HYDRA.

Je me rappelle la confusion, la douleur, le réveil brouillé après chaque lavage de cerveau. Je me rappelle les tortures, les gifles, les entraînements beaucoup trop intensifs. Je me rappelle les meurtres, les cris, les implorations inutiles de mes victimes.

Parce que même si elles suppliaient le Sergent qui se trouvait encore en moi, le Soldat de l'Hiver était trop fort.

Et je vis avec la crainte qu'il se réveille et qu'il tue Isabelle, dans un avenir proche. Tous les jours, j'ai peur pour elle.

Je ne veux pas qu'il lui arrive le moindre mal.

Je ne veux pas lui faire du mal.

Depuis les cinq dernières nuits, je ne vois que la douleur que j'ai traversé, et toujours aucune trace d'Isa ni de Steve.

Quelque part au fond de mon subconscient, je sais qui elle est. Par exemple, l'appeler Isa m'est venu par automatisme, parce qu'une partie de moi savait déjà que je la surnommais ainsi.

Mais impossible pour moi de déterminer d'où ça me vient, exactement.

Je tire sur la manche de mon t-shirt et expose mon épaule gauche, où le bras cybernétique fait son apparition. Sous la peau boursouflée et striée de cicatrices, il y a une plaque de métal qui continue presque jusqu'à ma cage thoracique.

OBLIVION || Bucky Halloween Fanfiction || 18+Où les histoires vivent. Découvrez maintenant