chapitre 33 : La rencontre de Sana (Lisa)

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Ce matin-là, je me réveillais avec Jennie à mes côtés. Dans le lit, nous étions toutes les deux, nues. Cette quatrième nuit ensemble avait été plutôt énergique. La fin de la pression des derniers événements avec en supplément, l'ennui permanent d'être enfermé dans cette maison commençait à nous rendre impatiente. Je ne m'étais pas trompé, la suite n'était pas belle, Kai m'avait contacté pour me dire qu'il avait évacué avec tout le personnel l'hôtel et qu'il avait bien pris soin de vider mon bureau. Jisoo, elle avait pu l'aider à cacher ou à se débarrasser de nombreux documents. En effet, elle n'était pas encore repérée par la police, et elle pouvait encore s'en sortir, enfin, on l'espérait. Par chance, il ne lui ait rien arrivé, mais la nouvelle qu'elle nous avait apprise par message était que Kai s'était fait attraper par la police. Maintenant, je n'ai plus aucun doute sur le fait qu'il finira en prison. Cette situation me déprimait, elle m'agaçait beaucoup même.
Jennie, elle le voyait bien, elle faisait son possible pour me rassurer, je le voyais bien dans son regard, elle était déjà totalement éprise de moi. Une partie de moi culpabilisait donc énormément, car en effet, j'ai passé plusieurs semaines et mois à l'utiliser, et encore maintenant, j'avais l'impression de continuer à le faire.
- Lisa, tu n'as pas l'air d'aller bien qu'est ce qui se passe ?
Jennie était toujours perspicace et un grand flair lui permettant de rapidement tout comprendre. Malgré cela, elle aussi était régulièrement dépassée par les situations qui lui faisaient face.
- Rien, je dois sûrement commencer à être impatiente.
Jennie se mettait à côté de moi, elle m'attrapait le coup et tournait ma tête vers celle-ci afin de m'embrasser. Un baiser auquel je répondais sans aucun mal, car oui, j'étais totalement éprise d'elle.
Une fois le baisé terminer, on se regardait dans les yeux, je pourrais me mettre à pleurer devant autant de beauté, mais le plus dur devait être le fait que ce bonheur mitigé ne pouvait pas durer.
- Ne t'en fais pas, Sana t'a promis de t'aider, et ensemble on se débarrassera de Jungkook, pour la police ça devrait être une autre affaire mais elle ne devrait pas le coller tout le temps.
Je regardais le plafond en réfléchissant à nouveau.
- Oui, Sana sera déterminante pour la suite des opérations.

Cette rencontre avec Sana ne tardait pas à arriver, en effet le lendemain, on avait un rendez-vous avec elle. J'avais mis tout le monde en alerte et j'avais décidé de venir avec une petite équipe. Jennie, Roséanne et moi-même. En même temps, nous n'étions plus forcément nombreux parmi les élites de l'organisation, mais pour le reste, j'avais encore de la marge. En effet, mes établissements n'avaient pas été mobilisés et restaient encore pour la plupart discrets. Et ce n'était pas tout étant donné que je possédais encore la tour de radiodiffusion, et celle-ci, qui comportait une immense quantité de matériel, avait aussi en son sein un bon groupe d'hommes prêt à se battre.
Je ne savais pas quoi penser de cette rencontre, elle allait être dure, j'avais à la fois tout à donner et plus rien à perdre, mais le fait que je restais encore pessimiste montrait bien que la situation était à sa limite. Ce que je proposais n'était pas loin de la mission suicide.


À la tombée de la nuit, nous étions montés dans un de nos véhicules, on avait fait le voyage en silence. On avait zoné pendant un peu plus de trente minutes dans différentes zones à l'Est de la ville. Au bout d'un moment, on s'approchait d'un quartier qui semblait garder. En effet, on pourrait caractériser le lieu à une cité qui en était le cas, mais c'était plus secrètement la base de cette organisation. Avec nos habitudes et nos yeux, on voyait ce que Jennie n'arrivait pas à distinguer. Des sortes de postes de guet dans les maisons, des groupes d'individus rassemblés, de la vente de drogue en pleine rue. Des axes fermer par des jeunes faisant du sport. En somme, de nombreux éléments laissant penser à une simple vie de communauté qui répondait en réalité à une organisation extrêmement précise et soucieuse du détail ne laissant rien au hasard dans ses filets. Pour autant, Jennie se rendait bien compte qu'il y avait de nombreuses caméras de surveillance, et cela ne la rassurait pas.
- Ils n'ont pas peur avec toutes ses caméras ?
Je souriais à cette remarque, mais il est vrai que si on ne le sait pas, ça n'a rien de rassurant.
- Ne t'en fais pas, les caméras des rues ne fonctionnent pas ici, pire parfois, car on sait qu'ils contrôlent eux même certaines caméras. Pour le reste, comme les systèmes d'écoute de rue, elles ne sont plus aux mains de la ville ni de la police. Ce sont des précautions qui ont été prises après les émeutes urbaines d'il y a deux ans.
Ces émeutes urbaines n'avaient pour nous tous ne laisser personnes indifférentes, en effet, la police passe un contrôle pour de la drogue, ça dégénère et tue deux habitants d'une rue pas très loin d'ici, dans la cité. Manifestations, répressions, donc émeutes, pillages, affrontement avec les forces de l'ordre jusqu'au retour au calme. Depuis, ici tout le monde ayant un mauvais souvenir du traitement subi, se sont organisés, et cette réponse s'appelle Sana.

En arrivant au bout d'une rue, elle laissait place à une assez grande place de goudrons toute ronde, et autour de celle-ci des maisons individuelles avec un petit parc. Notre véhicule se garait juste à l'entrée du lieu. Il y avait plusieurs voitures garées sur le côté, et chacune des maisons étaient ouvertes avec des individus entrant et sortant de celle-ci. J'avalais ma salive avant de descendre du véhicule. Personne ne semblait rassuré, peut-être que finalement, moi non plus ?
Bien sûr, tout le monde nous regardait, et tous s'arrêtaient afin de se montrer impressionnante face à notre petit groupe. On pourrait croire à une mauvaise surprise, mais une jeune femme extrêmement mince et brune avec des vêtements courts s'approchait de nous. Elle se démarquait nous seulement par sa prestance, mais aussi les deux armes porter à sa ceinture, un petit pistolet et un couteau de chasse. Je la reconnaissais bien, c'était Sana.
Elle nous faisait signe de nous avancer tout en se dirigeant vers nous. Je n'hésitais pas, mais je sentais que juste derrière moi, les autres hésitaient à me suivre. On se retrouvait l'une en face de l'autre, on s'inspectait mutuellement. Pour autant, Sana finissait par prendre la parole.
- Tu as bien grandi Lisa, cela fait deux ans maintenant depuis notre aperçu.
Je souriais à moitié à ce qu'elle disait, me rendant presque nostalgique.
- Tu as bien raison, mais je ne pense pas que tu sois étonné de me voir.
Elle répondait non de la tête.
- Allez, suivez-moi, on va parler dans une des maisons.
Sana se dirigeait vers la maison la plus au loin de notre véhicule, soit juste en face de nous. On n'avait pas hésité à la suivre, nous sentant sans doute plus en sécurité à ses côtés que proches de ses hommes.
À l'entrée, elle criait un coup.
- Allez, dégagez de la maison elle est à moi maintenant !
Ce n'était pas de la colère, c'était un ordre, et au vu de l'intonation et des réactions, c'était à effet immédiat.
Une fois la pièce principale de vide, Sana s'installait et nous la suivions. La maison était tout à fait normale, hormis le fait qu'on y retrouvait un peu de bazar. Le silence régnait, et encore une fois, alors que Jennie était à côté de moi, Sana trahissait le peu de bruit.
- Alors comme ça, tu viens accompagner de la police ? Enfin, de la police qui est elle-même recherchée par la police.
Elle souriait en disant cela, je regardais brièvement Jennie et elle faisait de même, cela prenait quelques secondes avant que je ne lui réponde, comme si nous nous étions mises d'accord.
- Disons que nous collaborons pour venir à bout de notre ennemi.
Sana souriait encore.
- De ce dont j'ai l'impression, vous faite plus que collaborer, bande de coquines. Et alors, tu viens aussi avec une femme enceinte ?
Elle disait cela en se tournant vers Jisoo, cette dernière baissait la tête.
- Hélas, le père ne le verra pas.
À ce moment-là, la mine de Sana se décomposait.
- Je suis désolé pour toi, je suis aussi passé par là, et élever un enfant seul n'est jamais facile.
Sana semblait nostalgique en disant cela, comme prise de remords, pour autant, il n'y avait pas de trace d'enfant ou de bébé, cela était sans doute un deuil qui ne se finirait jamais.
- Lisa, tu es plutôt dans le pétrin, Jungkook qui te recherche et la police qui vient à bout de tout ce que tu as construit, je crois que tout se passe mal pour toi.
Je soupirais, fatigué que tout le monde me rappelle cela.
- À vrai dire, dans l'immédiat la police n'est pas un problème bien important, le réel problème, c'est Jungkook.
Sana se relevait et commençait à tourner en rond.
- En effet, tu as raison, le problème principal reste Jungkook, et cela, autant que pour toi que pour moi, même si certes dans un plus long terme. Alors tu veux donc que l'on coopère ?
J'acquiesçais, mais les mots n'arrivaient pas à sortir. Sana voyait cela, et un regard inquiet se portait sur son visage. C'est à ce moment-là que je sentais qu'elle savait bien jouer de sa comédie et que je ne devais pas me laisser prendre.
- Sana, je compte partir, moi ici, tout est compromis, mais je ne peux pas partir sans avoir vengé les miens, et pour cela, je compte sur ton aide.
Sana se rasseyait et posait son coude sur son genou et sa tête sur sa main, elle me regardait avec un grand sourire.
- Oh, donc tu abandonnerais tout ce qui reste ici, je vois, tu fais ce qu'il y a de mieux en effet. Donc tu as largement de quoi me payer non ?
Je sortais mon téléphone et je lisais la liste qui se trouvait dans mes notes.
- 4 fourgons militaires d'armes légères, une cinquantaine d'hommes, une dizaine d'établissements servant de lieux de vente répartis dans toute la ville et mon QG principale, la tour de radiodiffusion. Le seul problème sera ton manque de cadre, je partirai avec Jennie, Jisoo, Chaeyoung et une amie.
On voyait tous Sana ouvrir grand sa bouche, un sourire s'affichait sur son visage, elle avait touché le gros lot, et je lui avais offert sur un plateau.
- Ça ne se refuse pas, mais pour autant, promet moi que la police ne nous dérangera pas.
J'acquiesçais de la tête, et cela semblait bien suffire à cette femme, qui affichait un regard avide de pouvoir.

L'Impasse tragique (jenlisa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant