Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)

Chapitre 2

Ce fut à la grande cascade de Rozan que le Chevalier Saga se rendit sans tarder. Cette région paisible de la Chine était reculée de tout, offrant un paysage montagneux et verdoyant, aussi serein que magnifique. Epuisé par sa route, il laissa la boîte où son Armure d'Or était rangée tomber au sol, et prit le temps de respirer cet air dénué de toute pollution moderne. Combiné à cela, le son des cascades toutes proches aidèrent à sa relaxation, malgré l'affaire urgente qui l'avait amené ici.

Reprenant néanmoins son sérieux, le Chevalier récupéra sa large boîte, dissimulée dans une malle de voyage classique, après quoi il s'avança vers la chute la plus imposante de cet endroit qui n'inspirait que tranquillité. C'était là que le plus âgé des Chevaliers d'Or passait la majorité de son temps, assis près de la cascade, méditant en toute quiétude. Il n'était pas très impressionnant en soi. Très petit, il ne portait sur lui qu'un maigre bout de tissu abîmé qui faisait office de kimono. Sa tête, déformée par les siècles, était couverte d'un piteux chapeau de paille typique de la région. Avec les années, sa peau avait prit une teinte violacée, comme si l'oxygène peinait à se diffuser dans son corps rachitique, et cela faisait bien longtemps qu'il ne prenait plus soin d'entretenir sa barbe et ses sourcils, qui d'une blancheur parfaite, avaient commencé à prendre quelques proportions démesurées.

- Saga... murmura-t-il en ouvrant difficilement ses yeux épais de rides. Que fais-tu ici ? Ne devrais-tu pas être au Sanctuaire ?

- Si, admit-il en baissant légèrement la tête. Surtout maintenant. Les temps sont obscurs.

- J'ai ressenti d'ici le génocide des athéniens, acquiesça le Vieux Maître de sa voix chevrotante.

- C'est pour cela que je suis venu à vous.

Il avait parlé un peu précipitamment, mais au vu des évènements, il n'y avait pas de temps à perdre. Le Vieux Maître aussi le savait. Saga relata alors ce qui était advenu de ceux qui se trouvaient à Athènes au moment des faits, et il n'omit certainement pas de parler de la sépulture craquelée aux confins du Sanctuaire. En entendant ce dernier élément du récit, l'ancien Chevalier parut écarquiller de grands yeux de stupeur, autant que possible. Jusque là, il avait simplement hoché la tête, et cet autre signe distinctif sur son visage fit comprendre à Saga ce qu'il avait d'abord supposé. Mais le Vieux Maître savait bel et bien qui étaient ceux que l'on connaissait sous le nom de la Bande des Sept.

- Ils sont revenus... murmura le Vieux Maître en secouant lentement la tête. Avec un ardent désir de vengeance...

L'ancien Chevalier regarda intensément Saga. Il semblait réfléchir à la situation, et à des solutions possibles... Du moins, c'était ce que l'on pouvait supposer. Mais qui pouvait savoir réellement ce qui traversait l'esprit de ce grand homme ? Car malgré son physique déplorable et son âge avancé, il était un personnage important. Ayant participé et survécut à la précédente Guerre Sainte, Dohko de la Balance se vit confier une mission des plus nobles et considérable qu'il accomplissait encore aujourd'hui avec prouesse. Pour tout cela, il était admiré par une bonne majorité de ses confrères modernes.

- Vieux Maître, j'avoue ne pas savoir grand-chose sur la Bande des Sept... Les écrits de notre bibliothèque ne les relatent pas avec précision. En l'actuelle situation, il me semble pourtant urgent d'obtenir un éclaircissement de votre part.

L'ancien Chevalier ne répondit pas immédiatement. Il paraissait se remémorer toutes les atrocités des mercenaires, car il abordait une expression des plus anxieuses, paraissant s'agiter. Mais il inspira profondément, avant de déclarer sereinement :

- En voilà une longue histoire à raconter. Comme tu dois le savoir, la Bande des Sept terrorisait tout le monde à cette époque lointaine. Ils agissaient principalement au Japon, leur pays de naissance à chacun, où ils remplissaient un rôle conséquent de mercenaire.