Chapitre 35

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C'était bien loin au dessus du conflit, dans les hauteurs du Sanctuaire, que se trouvaient les prisons destinés au criminel. Si un Chevalier ne respectait pas la loi, il pouvait se retrouver enfermé ici, et alors tout espoir d'en sortir était vain ; les barreaux étaient faits de l'acier le plus précieux, qui neutralisaient avec aisance le Cosmos des détenus. Il n'y avait que le geôlier qui, sous les ordres du Grand Pope, pouvait ouvrir les cellules, à l'aide de clefs particulières, toutes aussi étranges les unes que les autres.

C'était dans l'une de ces prisons que Shôkotsu était retenue. Seule, elle n'avait pour geôlier qu'un simple garde qui se tenait le plus loin possible d'elle. En réalité, il n'était même pas dans son champ de vision... De toute manière, elle avait renoncé à se battre. Elle ne sortirait d'ici que mourir. C'était une certitude.

La douleur de Shôkotsu, plus intense que jamais, persistait, et ne se soulageait point. Cela durait, empirait, et lui arrachait par moment quelques gémissements, que le garde ignorait bien sûr.

- Je ne comprends pas... murmura-t-elle pour elle-même en se tenant le cou.

Au début, les douleurs étaient vives, mais s'estompaient presque aussitôt. Puis, plus le temps passait, plus elles s'éternisaient... Mais elles finissaient toujours par disparaître. Les mots de l'espion résonnèrent alors dans son esprit ; elle était condamnée. Etait-ce donc la preuve que son heure était bientôt venu ? Peut-être mourrait-elle dans cette cellule, seule, loin de tous... Elle n'aurait même pas revu les personnes qui lui étaient chers...

Une démangeaison lui prit soudain au poignet droit. La mercenaire tiqua, sentant que cela n'avait rien de naturel. Elle plissa les yeux, essaya de soulager cette étrange sensation, mais rien n'y fit. Tremblante, elle frappa son avant bras contre le mur de sa prison, mais cela n'eut pas plus d'effet. Alors elle se résigna à simplement attendre que cela passe.

Mais la démangeaison se transforma bien vite en une douleur atroce.

Anxieuse, Shôkotsu releva vivement sa manche, pour voir ce qui se passait réellement, et elle ne pu retenir un cri d'horreur. Sa peau, et tout le reste, avaient disparu, ne laissant plus que voir ses os immaculés. Une légère et fine poussière s'éleva dans les airs, et aussitôt elle rabattit son vêtement, complètement paniquée. Elle appela à l'aide, mais son geôlier lui ordonna de se taire d'une manière bien peu poli. Alors la jeune mercenaire se recroquevilla en boule au fond de sa prison, toute tremblante, et ne bougea plus.

Elle comprenait enfin ce qui lui arrivait. Le saphir dans son cou l'avait ressuscité, rendant à ses ossements toute sa chair. Mais puisqu'il n'avait pas autant de pouvoir que ceux implantés dans les corps de ses frères, ses effets s'estompaient, ce qui expliquait les douleurs occasionnelles. Et à présent, son saphir perdait de ses dons, et tout naturellement son corps redevenait poussière... Elle était en train de redevenir squelette. Elle était en train de mourir. Non, en réalité, depuis le début de leur seconde vie, elle était mourante.

Calmée, résignée à subir ce que le destin lui avait réservé, Shôkotsu laissa son dos cogner doucement contre la paroi, et là elle attendit. Elle attendit, jusqu'à ce qu'elle entende le garde s'éloigner. Elle fronça légèrement les sourcils, avant qu'un Chevalier n'apparaisse devant ses barreaux.

Ce Chevalier, c'était Shura du Capricorne.

- Qu'est-ce que vous faites là ? lui demanda-t-elle d'une voix qui trahissait son état de faiblesse. Vous n'avez pas le droit. Personne n'a le droit.

- Je le sais bien, répondit le Chevalier avec un maigre sourire. Mais il fallait que je te parle.

- Je me doute que vous n'êtes pas venu jusqu'ici pour profiter de ce misérable spectacle, se moqua-t-elle.

Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant