Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)

Chapitre 5

Longtemps, Saga s'était retrouvé dans son temple pour méditer sur ce qu'il était advenu à Athènes, et sur ce que le Vieux Maître lui avait révélé en Chine. Cette jeune fille, qui n'était âgée que de quinze ans, qui s'était alliée à un groupe de mercenaire sanglant passionné de meurtre et de massacre... C'était elle qui le perturbait le plus. S'il devait se fier aux paroles du plus sage des Chevaliers, alors il ne faisait aucun doute qu'elle n'avait pas sa place parmi eux. Pourtant, elle les suivait malgré tout, et commettait avec eux les crimes les plus horribles... Mais pourquoi ? Il avait d'abord pensé trouver la réponse dans le livre que le Vieux Maître lui avait conseillé, hors il n'y avait trouvé qu'une vieille photographie d'eux, fort bien représentative.

Au moins, à présent, il savait à quoi ces revenants de la Bande des Sept ressemblaient. Il avait bien reconnu le leader, Bankotsu, au milieu du groupe, avec son immense hallebarde davantage semblable à un zanbatô du fait de sa lame géante et de son manche impressionnant. Il avait pu également se rendre compte de la taille phénoménale de celui que le Vieux Maître pensait trouver à la place de la jeune fille... Mais elle ? Elle n'y apparaissait pas. Même dans l'ombre des pages avoisinantes. C'était comme si elle n'avait jamais existé... Sa dernière volonté avait ainsi été respectée.

Par ailleurs, Saga pensait que toute cette histoire était de plus en plus étrange. Plus il y songeait, plus il tendait à se dire que Shôkotsu, puisque c'était son nom, était une bonne personne qui méritait d'être sauvée. Après tout, le Vieux Maître ne lui avait-il pas accordé cette dernière volonté ? Si elle n'avait été qu'une meurtrière, jamais un Chevalier d'Or de la sagesse du Vieux Maître ne l'aurait respectée. Et lui-même, dans son récit oral, avait présentée la jeune fille comme une adorable personne. Mais que pouvait-il réellement en penser ?

Elle avait tué. En cela, elle devait être jugée et punie de la même manière que les autres. Et si on le lui avait obligé ? Non, elle n'avait pas l'air d'agir sous la contrainte.

- Je ne dois plus y penser... murmura Saga en portant sa main à son visage.

Il n'en dormait plus tellement cela l'obsédait. Les traits de Shôkotsu lui restaient perpétuellement en mémoire, comme un souvenir à la fois doux et ravageur. Il devait se distraire, ou bien il allait devenir fou. Ce fut avec cette idée qu'il quitta le temple des Gémeaux, sans que personne ne le remarque. Il faisait nuit déjà, et tout le Sanctuaire respirait sérénité et tranquillité malgré les évènements récents. Certains Chevaliers n'en n'avaient pas grand-chose à faire, de ce massacre, tandis que d'autres se voulaient être la main vengeresse de toutes les victimes de la Bande des Sept.

La Bande des Sept... Ils avaient pourtant fait leur temps, déjà... Et les voilà qui revenaient d'entre les morts pour semer le chaos comme autrefois. Quel intérêt avaient-ils à faire cela ?

- Peut-être sont-ils sous les ordres d'un dieu... supposa-t-il à voix haute.

Mais Poséidon avait été scellé de nouveau, et Hadès... Eh bien, Hadès était toujours emprisonné, surveillé avec précaution par le Vieux Maître. Il n'y avait aucune chance pour qu'il soit libéré, et si cela avait déjà été fait, le Vieux Maître aurait vite sonné l'alerte. Alors qui ? Qui aurait pu ressusciter la Bande des Sept ?

Le Chevalier s'arrêta subitement, son regard bleuté porté sur ce qu'il y avait devant lui. Il avait marché si longtemps et sans s'en rendre compte qu'il s'était retrouvé là où peu se rendait ordinairement ; la tombe de la Bande des Sept.

Comme on le lui avait rapporté, la sépulture était brisée en deux, et le cabanon de bois effondré. L'on devinait qu'à l'origine, c'était une belle tombe, entretenue à l'excès par la finesse de la pierre, et l'éclat des deux plantes vertes resplendissantes. Il avait lut, dans le livre de la section XXIV écrit de la main du Vieux Maître dans sa jeunesse, que c'était ce dernier même qui avait tenu à les enterrer selon les normes de leurs racines. Respectant leurs origines, un tumulus avait été érigé pour apaiser leurs âmes. Leurs corps avaient été disposés avec soin dans le caveau, puis enfermés pour l'éternité par la sépulture... Mais l'éternité s'était avérée bien plus courte que prévue.