Chapitre 20

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La Bande des Sept avait continué sa route, en ne s'accordant que peu de pause. Shôkotsu, qui avait finalement recommencé à marcher malgré les réticences de Bankotsu, dissimulait les élans de souffrance qu'elle ressentait par moment au cou, ne voulant inquiéter personne. Mais elle sentait bien qu'elle était épiée de très près par son grand frère, qui ne voulait prendre aucun risque avec elle et sa santé.

Shôkotsu marchait aux côtés de Ginkotsu, observant discrètement la femme Chevalier qu'il transportait. Cette dernière avait un regard particulièrement haineux, et semblait tous les menacer de mort par cette simple intensité. Néanmoins, la jeune fille sentait que quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas qu'un mauvais pressentiment, elle était certaine que leur prisonnière avait réussi quelque chose... Mais quoi ? Elle était attachée, surveillée de près par Ginkotsu, et entourée de tous les autres mercenaires... Qu'aurait-elle bien pu faire ?

- Est-ce que ça va ? demanda Jakotsu en arrivant à sa hauteur.

Shôkotsu sursauta, et se tourna vers son vieil ami. Il la regardait avec un drôle d'air, s'interrogeant sur son état.

- Oui, oui... souffla-t-elle.

- Dis-le si tu te sens mal encore, insista l'épéiste.

- Promis.

Pour l'instant, elle allait bien. Seule la femme Chevalier la perturbait grandement... Peut-être qu'ils n'auraient pas dû l'emmener avec eux. Mais s'ils ne l'avaient pas fait, Bankotsu l'aurait tué immédiatement... Et ce n'était pas non plus ce que Shôkotsu voulait. Mais elle ne pouvait parler de ses idéaux de paix à sept sanglants mercenaires animés par la vengeance...

- Attendez, ordonna tout à coup Bankotsu en s'immobilisant.

Tous obéirent, sans trop savoir de quoi il retournait. Shôkotsu plissa légèrement les yeux, inquiète, et tourna machinalement la tête vers la femme Chevalier. Elle comprit à son expression que quelque chose allait arriver.

- O-Aniki ! cria-t-elle en espérant le prévenir.

Mais il était trop tard. Plusieurs ombres noirs fusèrent sur les mercenaires, les attaquant tous de chaque côté. Cette menace ne semblait pourtant pas excessivement dangereuse, puisqu'ils ne s'agissaient que de simples corbeaux.

- Foutus oiseaux... pesta Bankotsu en se protégeant le visage de leurs becs.

- Ce n'est pas normal... murmura Renkotsu.

- C'est un Chevalier ! comprit tout à coup Shôkotsu en observant leur prisonnière.

- Quoi ?! s'alarma le leader.

Et Shôkotsu ne s'était pas trompée. Les corbeaux s'envolèrent à tire d'aile, rejoignant un point commun que tous les mercenaires fixèrent avec attention. Les canons du corps de Ginkotsu s'abaissèrent, signe qu'il était prêt à faire feu si on le lui en donnait l'ordre. Mais Bankotsu lui fit un léger signe pour qu'il attende, avant de déclarer à haute voix :

- Il est rare que les Chevaliers de sa Sainteté se cachent dans l'ombre pour attaquer.

Le leader échangea un regard avec Jakotsu, et ce dernier empoigna aussitôt le pommeau de son épée.

- Auriez-vous peur ? demanda Bankotsu sur un ton railleur.

- Nous ? Peur ? résonna une voix inconnue. Devrions-nous avoir peur d'une bande de lâche incapable de trouver le repos éternel ?

Les corbeaux croassèrent, comme s'ils exprimaient un accord avec ces mots.

- Mes petits meurent de faim... continua la voix. Et il paraît que votre chair empeste la tombe à des kilomètres à la ronde.

Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant