Chapitre 29

8 3 0
                                    

Il faisait nuit lorsque Shôkotsu parla enfin à Saga de sa requête de voir le Grand Pope. Elle n'avait osé le solliciter après la longue séance d'entraînement qu'il avait subit, d'autant plus que le Chevalier avait été tant éreinté qu'il s'était assoupi au cours de sa purification, du moins c'était ce qu'il lui avait dit. Néanmoins, Shôkotsu ne pouvait plus attendre. Elle rejoignit le Gémeaux alors qu'il s'était un peu isolé dehors, à l'extérieur de son temple, contemplant le ciel étoilé. Son visage, éclairé par les quelques flambeaux qui parsemaient le chemin, reflétait à ce moment précis toute sa nostalgie. Cette dernière disparue lorsqu'il vit la jeune fille approcher, abordant à la place un sourire sincère.

- Tu t'es changé ? s'étonna-t-il en remarquant qu'elle avait remit sa belle robe de soie.

Cette robe, qu'elle ne portait que très rarement, était un cadeau que Saga lui avait offert, alors qu'ils vivaient à Rozan. Shôkotsu l'avait prise avec elle, et chaque fois qu'elle se regardait avec, ses rêves lui reprenaient, et elle repensait à cette nuit, où Renkotsu l'avait entraîné sur une piste de danse... Ses rêves n'en n'avaient alors été que des plus forts. Mais sans doute cette robe avait une autre signification pour elle. Après tout, c'était Saga qui lui avait offert...

- Oui... murmura-t-elle en se postant près de lui. Il se trouve que... Que je dois voir quelqu'un d'important, ce soir.

- Peux-tu m'expliquer ? réclama le Chevalier en plissant légèrement les yeux.

- J'aimerais voir le Grand Pope.

- Si tôt ?

- Je trouve, au contraire, qu'il est bien tard.

Saga leva les yeux vers la lune, toute entière, brillante et resplendissante. Mais peut-être que Shôkotsu avait raison, peut-être que cette rencontre là n'avait que trop tarder. Il soupira alors, avant de murmurer :

- Tu sais que si tu parles, tes chances de te retrouver emprisonné grandiront, n'est-ce pas ?

- Oui. J'en ai conscience.

- A la moindre occasion, plus personne n'hésitera à te jeter en prison, peu importe les paroles du Grand Pope.

- Je croyais que vous lui deviez une obéissance absolue ?

- Crois-tu que je lui ai obéis lorsque je suis parti pour te retrouver ?

- C'est étrange, j'ai l'impression que tu te contredis.

- Nous n'avions jamais eu cette conversation, parce que nous avions tous les deux consciences de cela. La voilà la vérité, Shôkotsu. Mais tu es seule maîtresse de ton destin. Alors... Que veux-tu faire ?

- Parler au Grand Pope.

Saga acquiesça lentement. Il redoutait ce moment, mais sa protégée semblait sûre d'elle, aussi il n'irait pas à l'encontre de sa décision.

- Alors soit. Je t'y accompagne.

- Merci.

Lorsqu'ils arrivèrent dans le temple du Grand Pope, Saga ne suivit pas Shôkotsu à l'intérieur, lui laissant toute l'intimité nécessaire. La jeune mercenaire se retrouva donc seule, encore une fois, face à cet homme qui l'impressionnait tant, et qui lui rappelait tant de souvenirs douloureux.

- Shôkotsu... s'avança doucement le Grand Pope. Ta visite m'étonne.

- Vraiment ?

- Selon les termes de notre accord, il me semblait bien que tu ne parlerais qu'une fois que tu serais guérie.

- Grand Pope, je ne désire pas vous froisser. Mais je n'ai jamais rien dit à ce sujet. Me guérir ? C'est impossible. Je pense sincèrement que ma seconde vie ne doit se faire qu'au prix de ces douleurs. Et je les accepte, à présent.

Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant