Chapitre 18

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Les premiers rayons du soleil tapaient à peine lorsque la Bande des Sept quitta l'enceinte protectrice du manoir. La femme Chevalier que Mukotsu avait capturé était toujours paralysée, transportée avec aisance par la force de Ginkotsu. Shôkotsu, qui marchait derrière son frère fait de métal, observait la femme Chevalier sans rien dire.

- Aniki, qu'est-ce que tu comptes faire d'elle ? osa-t-elle demander après un moment.

Bankotsu marchait en tête du groupe, sa hallebarde posée contre son épaule. Il mit un temps avant de répondre :

- Je n'en sais rien.

- Nous pourrions faire pression avec elle sur les Chevaliers Sacrés, s'avança Renkotsu.

- Ou la tuer tout de suite, juste pour montrer l'exemple...

Shôkotsu secoua vivement la tête, et accourut aussi vite qu'elle le put aux côtés de son frère aîné.

- Non, protesta-t-elle aussitôt. Je rejoins l'avis de Renkotsu. Il vaut mieux la garder en vie.

Bankotsu fronça légèrement les sourcils, tournant la tête vers sa petite sœur. A travers ce simple regard, il parut analyser jusqu'au tréfonds de son âme. Mais ce qu'il voyait, c'était une belle jeune fille aux longs cheveux noirs ornés d'un diadème qui lui donnait l'allure d'une petite princesse de conte de fée, habillée telle une habile guerrière. Mais leur vie à eux n'avait rien d'un conte de fée. Et plus Bankotsu regardait Shôkotsu, plus il regrettait de l'avoir entraîné dans cet abysse. Mais il avait décidé d'être égoïste, de l'avoir auprès de lui, rien qu'une fois encore...

Le leader de la Bande des Sept continua d'observer sa jeune sœur, alors qu'elle marchait désormais aux côtés de Jakotsu. Tous deux discutaient gaiement, jusqu'à ce que Shôkotsu ne tourne la tête en arrière. Elle regardait au loin la fumée qui s'élevait, et qui donnait au ciel une belle couleur cendre. Renkotsu avait mit le feu au manoir, pour ne laisser aucune réelle trace de leur passage.

- Où va-t-on, Aniki ? demanda Jakotsu avec nonchalance.

- Nous n'avons pas vraiment d'endroit où aller... murmura Shôkotsu. Peu importe où nous nous rendrons, les Chevaliers nous retrouverons.

- C'est le problème, déclara Bankotsu. Mais notre bienfaiteur semble avoir pensé à tout.

- Que veux-tu dire ? s'enquit la jeune fille.

- Il existe un autre lieu protégé par une barrière, où aucun Chevalier ne pourra nous atteindre.

- Tu oublies bien vite ce qu'il est advenu de la première... souleva Shôkotsu en le regardant de nouveau.

- Paraît-il que celle-ci est plus puissante, rétorqua Bankotsu avec un rire. Nous verrons bien.

- Aniki... s'interposa Renkotsu en plissant les yeux. Nous n'allons tout de même pas...

- Si, Renkotsu. Nous n'avons pas d'autres choix.

Jakotsu et Shôkotsu échangèrent un regard, complètement perdus. Mais il était tout de même évident de comprendre que Renkotsu était dans une confidence unique ; il savait où ils se rendaient. Aucun autre membre ne préféra insister sur ce point, laissant leur destination dans le flou total.

Alors qu'ils marchaient, et que le soleil avait bien avancé sa course, Shôkotsu ressenti une vive douleur au cou, la même qui l'assaillait de plus en plus souvent, et avec de plus en plus d'ardeur. C'était d'abord comme une démangeaison, puis une brûlure, et enfin c'était comme si son cou revivait en boucle les sensations de la décapitation, sans que cela ne cesse. Elle s'effondra alors, incapable d'aller plus loin sans gémir de douleur.

- Shôkotsu ! s'inquiéta aussitôt l'épéiste en se baissant vers elle. Qu'est-ce qui ne va pas ?

En entendant Jakotsu, tout le monde se retourna, pour constater la scène. Bankotsu abandonna aussitôt sa hallebarde pour se précipiter sur sa petite sœur, lui soulevant la tête avec douceur pour la forcer à le regarder.

- Répond-moi, Shôkotsu. Tu as mal ?

- Ma gorge... murmura-t-elle difficilement.

Bankotsu fronça les sourcils, et retira délicatement les mains de sa petite sœur pour observer son cou. Il remarqua une lueur bleutée qui traversait jusqu'à sa peau, brillant d'une manière inquiétante. Renkotsu, posté juste derrière le leader, les bras croisés, ne perdit pas une miette de ce qui se passait. Il soupira, et déclara :

- Voilà qui ne semble pas être la norme. Shôkotsu est la seule d'entre nous à souffrir de telles douleurs.

- C'est cet espèce d'enfoiré... pesta Bankotsu en serrant les dents de colère. Il n'y avait que sept saphirs, et... Merde !

- Nous devons nous hâter de trouver cet endroit sûr, s'avança Renkotsu sans quitter la jeune femme des yeux.

Bankotsu ne répondit pas, mais il était évident qu'il était entièrement d'accord avec son second. D'une main fiévreuse, Shôkotsu serra de nouveau sa gorge, espérant atténuer la douleur par la force.

- Ohé, Kyokotsu, appela Bankotsu d'une voix ferme.

- Quoi ? répondit le géant d'une voix rauque.

- Porte-la, tu veux ? Tu vois bien qu'elle n'est pas en état.

Shôkotsu, en entendant cela, saisit aussitôt l'avant bras de son frère aîné, et d'une voix suppliante elle protesta :

- Non, non... Ça va aller... Je peux continuer toute seule.

Elle n'était pas dégoûtée d'être transportée par Kyokotsu. Ce n'était pas le problème. Le souci était qu'elle ne voulait déranger personne, surtout pas pour une douleur qu'elle était sûre de voir disparaître dans quelques minutes. Mais la décision de Bankotsu était irrévocable. Shôkotsu laissa donc Kyokotsu se saisir d'elle, et elle fut étonnée de l'attention qu'il lui portait.

Renkotsu, lui, observait encore la scène, les bras toujours croisés contre son torse. Il plissait les yeux par moment, ses pensées se retranscrivant sur ses traits. Mais jamais aucun membre de la bande ne lut en lui ce qu'il ressentait réellement ; de l'inquiétude. Au bout d'un moment, Renkotsu décida d'approcher Ginkotsu, de qui il était particulièrement proche. Il profita d'un instant de solitude, où personne ne pourrait les entendre.

- Ginkotsu, il n'y a que sur toi que je peux compter.

Le mercenaire fait de fer émit un son métallique grinçant, s'étonnant des paroles de son frère.

- Shôkotsu me semble bien plus fragile dans cette nouvelle vie... Je ne permettrais pas qu'elle meure.

- Aniki fera tout pour protéger sa sœur, répondit Ginkotsu de sa voix métallique.

- Oui, je le sais. Mais je tiens à m'en assurer personnellement... J'ai peur que l'impulsion pousse Aniki à agir contre le bon sens. Et cette histoire de « sept saphirs » me taraude...

Ginkotsu se contenta d'acquiescer, ayant parfaitement saisi la mission qui était sienne. Renkotsu le remercia d'un simple regard, avant de se tourner discrètement vers Shôkotsu. Elle s'était à moitié assoupie dans les bras de Kyokotsu, qui la portait sans le moindre effort. Il fallait vraiment que cette maudite douleur l'épuise pour qu'elle s'endorme ainsi... Mais ce qui intriguait le plus Renkotsu, c'était la nature de cette souffrance ; comment se faisait-il que Shôkotsu soit en proie à une telle douleur, et pas eux ? 

 Mais ce qui intriguait le plus Renkotsu, c'était la nature de cette souffrance ; comment se faisait-il que Shôkotsu soit en proie à une telle douleur, et pas eux ? 

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Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant