Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)

Chapitre 25

Le soleil commençait à peine sa traversée lorsque Saga et Shôkotsu atteignirent les premières marches qui menaient au Sanctuaire. Tandis que le Gémeaux entamait l'ascension, la jeune fille resta immobile, incapable de faire un pas supplémentaire. Rien ici n'avait changé, même après toutes ces années, lui donnant la désagréable impression que le Sanctuaire d'Athéna était figé dans le temps. En levant les yeux vers le paysage montagneux, elle put aisément voir la statue d'Athéna, trônant au dessus de son domaine sacré.

- J'ai peur... avoua-t-elle en un murmure.

Saga s'arrêta, se tournant vers elle. Son visage n'exprimait aucune réelle compassion, mais ses yeux brillaient d'une douceur telle que Shôkotsu senti tout son encouragement. Lorsqu'il tendit la main vers elle, elle l'accepta, sans pour autant atténuer toute son anxiété.

- Ne t'inquiète pas, lui dit-il sans la lâcher. Je serais à tes côtés.

- Ne dois-tu pas obéissance au Grand Pope ? S'il te l'ordonnait, me ferais-tu du mal ?

- Non.

Mais Shôkotsu en doutait. Elle soupira longuement, se laissant guider à contre cœur. Ils gravirent ainsi le long escalier de marbre, et la jeune fille peina à dissimuler ce qu'elle ressentait. Ses souvenirs l'assaillirent ; elle se rappelait d'elle montant ces marches, aux côtés de ses frères mercenaires. Cela lui rappela également la dure épreuve de la prison, suivi de celle du bourreau, et de sa hache. Rien ne fut plus pénible pour elle à ce moment précis, tant et si bien que sa douleur en fut ravivée. Elle s'effondra à genoux, se tenant désespérément le cou.

- Cette souffrance, encore... murmura Saga en plissant les yeux.

Les douleurs de Shôkotsu ne l'avaient pas quitté, même après une année. Pire, elles étaient beaucoup plus hargneuses, et beaucoup plus fréquentes. Et, chaque jour, elles l'affaiblissaient un peu plus.

- Ça ira... marmonna-t-elle en s'obligeant à se relever. Ce n'était que passager...

Mais elle souffrait encore. Elle souffrait, mais elle le cachait. Seule une légère grimace entravait son sourire forcé, que Saga n'eut aucun mal à discerner.

- Mon temple est juste là, indiqua-t-il en désignant d'un mouvement de tête la bâtisse à quelques marches d'eux. Tu t'y reposeras.

- Mais, le Grand Pope...

- Lui et les autres Chevaliers d'Or attendront.

Shôkotsu protesta d'abord, mais obtempéra bien vite. Ils entrèrent ainsi dans le temple des Gémeaux, et la jeune fille fut frappée par la beauté de cet endroit. Non pas qu'il était spécialement plus beau que les autres, mais elle devait bien reconnaître être touchée par la finesse de la pierre. Saga l'invita dans une partie plus privé du domaine, là où se trouvait un agencement de meubles anciens. Il la pria de s'asseoir sur un vieux fauteuil, ce qu'elle fit, s'étonnant de son confort. Tandis que le Chevalier s'adossait contre le mur d'en face, Shôkotsu se reposait, retrouvant progressivement de ses forces. Cela ne dura qu'une dizaine de minutes.

- Je vais mieux, assura-t-elle.

Saga l'observa longuement, paraissant hésiter, avant de se redresser. Il déclara alors qu'il valait mieux se remettre en route, et leur ascension reprit. Shôkotsu ne prit pas vraiment le temps de détailler tous les temples qu'ils traversèrent ; il y en avait eu douze au total au cours de leur escalade, comme dans son souvenir, avec ce même aspect antique empli de puissance.

Le dernier temple se dressait finalement devant eux. La jeune fille, consciente que c'était là qu'avait eu lieu son jugement autrefois, retint un soupire de mal être de s'échapper de ses lèvres. Néanmoins, ses yeux légèrement plissés laissèrent paraître tout son ressenti, ce qui n'échappa pas à Saga.