Chapitre 32

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Le soleil se levait lentement. Assis sur un rocher, surplombant les ruines d'une maison abandonnée, Bankotsu surveillait l'enfant qui pleurait dans les bras de celle qu'il pensait être sa mère. Impassible, il mâchonnait un brin d'herbe qu'il avait cueillit à peine quelques minutes plus tôt, ruminant sur ce qu'il venait de faire. Pour résumer, il avait écouté l'ingénieux plan de Renkotsu... Mais cela ne lui plaisait guère.

- Bah... marmonna-t-il en s'appuyant sur ses deux bras en arrière. Peu importe...

- Tant que les Chevaliers nous rendent Shôkotsu, intervient Jakotsu.

L'épéiste, installé plus bas, près du leader, avait enfin cessé de somnoler. Il semblait s'être réveillé d'un coup, et avait déclaré cela comme s'il avait parfaitement suivi les pensées de Bankotsu.

- Un an... soupira le jeune mercenaire. Un an que je l'ai perdu...

- Nous la retrouverons, assura Jakotsu avec une légère pointe de gaieté dans la voix.

- Et si les Chevaliers refusent ? ne put-il s'empêcher de demander.

- C'est que les Chevaliers ne respectent pas leur propre conviction, s'immisça Renkotsu en marchant vers eux.

Bankotsu hocha lentement la tête. Il était ridicule de penser qu'un Chevalier Sacré abandonnerait une enfant, la progéniture de l'un de leur frère d'arme de surcroit, et probablement aussi l'avenir de leur Ordre. Renkotsu le savait, lui aussi, et c'était la raison pour laquelle il avait énoncé ce plan des plus astucieux. Et, même si cela ne correspondait pas à sa façon de faire, il devait bien reconnaître que l'idée de faire souffrir son geôlier était plaisante. Néanmoins, il s'assurerait qu'une fois tout ceci terminé, et Shôkotsu à ses côtés, il retournerait aux Cascades pour en finir avec ce maudit vieillard, qu'il paye de sa vie ce qu'il leur avait fait subir.

Pensif, Bankotsu baissa les yeux vers leur otage. Une très belle jeune femme, aux longs cheveux noirs tressés, aux yeux plein de douceurs et de tendresse... C'en était écœurant. Elle serrait l'enfant contre elle, la protégeant de son corps.

- Pourquoi vous en prendre à nous ? bredouilla-t-elle courageusement.

En vérité, cette Shunreï, ainsi avaient-ils entendu son nom prononcé par le Chevalier du Dragon, n'avait pas saisi leurs intentions. Bankotsu la considéra longuement, tandis que tous les autres membres de la bande, tout du moins ceux qui étaient présents, tournèrent la tête vers elle.

- Toi et ton enfant, vous êtes pour nous une monnaie d'échange très importante.

- Moi et mon enfant ? répéta-t-elle, ahurie. Mais... Vous vous trompez... Ce n'est pas ma fille. C'est...

- Quoi ? la railla-t-il d'un air méprisant. Tu irais jusqu'à renier ta fille ?

- Je vous assure... Je dis la vérité... Elle n'est pas...

Elle ne termina pas sa phrase, cherchant ses mots. Peu sûre d'elle, son regard changea lorsqu'elle reconsidéra Bankotsu, et lui demanda, presque timidement :

- Vous êtes bien Bankotsu, le leader de la Bande des Sept, n'est-ce pas ?

- En personne, répondit-il sans cacher son agacement.

- Alors vous êtes le grand frère de Shôkotsu.

- Je t'interdis de prononcer son nom ! s'emporta-t-il en bondissant vers elle. Vous l'avez retenu toutes ces années, et à présent elle se trouve au Sanctuaire. Je le sais bien ! Mais aujourd'hui, c'est terminé ! Je la récupère, et à votre tour vous finirez tous en Enfer !

Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant