Les Chroniques de la Guerre Sainte (Tome 1)

Chapitre 36

Saga ne tarda pas à faiblir. Cela faisait un moment déjà que le combat s'éternisait, et sans l'arme de l'Armure de la Balance, le Chevalier se retrouvait impuissant face au leader de la Bande des Sept. Bankotsu jouissait d'une puissance ravageuse, d'autant plus qu'il était animé d'une volonté vengeresse que rien ne semblait pouvoir apaiser. Il voulait retrouver sa sœur, et chacun de ses mouvements le laissaient parfaitement entendre. Acculé, Saga s'était retrouvé à la toute première marche du Sanctuaire ; la limite infranchissable qu'aucun mercenaire habité par un tel sentiment de haine ne devait passer.

- Tu as une sacrée force brute pour parvenir à arrêter mon Banryu... murmura Bankotsu avec un étrange sourire aux lèvres.

Le Gémeaux ne répondit rien. Il réfléchissait à la manière dont il allait pouvoir tourner le combat à son avantage. Bien sûr, personne n'osait interrompre ce duel destructeur ; il ne pouvait compter que sur lui-même. Une chose cependant l'empêchait de bien agir, obstruant jusqu'à ses pensées ; Kana. Est-ce qu'elle était saine et sauve ? C'était la question qui le rongeait.

Une cavalcade attira néanmoins son attention. Des gardes du Sanctuaire dévalaient le grand escalier, et encerclèrent aussitôt le mercenaire, en lui soumettant oralement de se rendre sur le champ. Les yeux du Chevalier s'écarquillèrent. Probablement que ces soldats là, alertés par les cris et les flammes, étaient descendus sous les ordres d'un commandant ; mais ils n'étaient pas suffisamment forts, ou peut-être pas suffisamment malins, pour discerner la puissance de Bankotsu. Ce dernier, un sourire en coin, ne fit preuve d'aucune clémence. Il transperça le premier qu'il croisa avec vivacité, puis en décapita un grand nombre rien qu'en s'élançant dans la mêlée.

- Ne restez pas là ! leur ordonna Saga d'une voix forte et autoritaire. Repliez vous immédiatement au Sanctuaire !

Son ordre était sans appel. Certains, trop effrayés de la performance du mercenaire, prirent tout de suite la fuite sans demander leur reste. Les autres, plus combatifs, hésitèrent avant de se rappeler la hiérarchie qui les muselait, et alors ils s'en allèrent eux aussi, non sans mécontentement, persuadés qu'ils auraient pu faire quelque chose malgré tout.

Bankotsu, toujours le sourire aux lèvres, prit d'assaut le Chevalier une fois qu'ils furent de nouveau seuls, sans personne pour les déranger davantage. Cet adversaire là était d'une autre trempe que les lâches qu'il venait de tuer, et il devait bien reconnaître tirer un certain plaisir à l'affronter ; depuis longtemps qu'il rêvait de lui faire mordre la poussière ! Le jour de leur rencontre, le Chevalier des Gémeaux l'avait déjà fortement intrigué, rendant le jeu de la guerre plus amusant... Mais lorsqu'il l'avait vu emmener sa sœur si loin de lui, il n'eut plus que le désir de le massacrer, pour bien lui faire comprendre que nul ne pouvait s'en prendre à sa famille...

Saga avait de plus en plus de mal à contenir son adversaire. Il perdait de plus en plus de terrain, et se faisait totalement dominer par le mercenaire... Il n'avait aucun avantage. Sans l'arme de la Balance, il ne pouvait rien faire sans provoquer une simple destruction aux alentours... Bankotsu en sortirait indemne, à cause du saphir implanté dans son cou. Et aucune opportunité de le saisir ne lui fut offerte ; la garde de Bankotsu était parfaite. C'était un combattant né, et les quelques années de la guerre l'avait parfaitement endurcit. Peut-être n'avait-il pas la force cosmique des Chevaliers, mais il la compensait admirablement par son talent naturel.

Finalement, alors qu'il était piégé, Saga parvint à se dégager, et à repousser le mercenaire au loin dans le même coup. Ce dernier eut un peu de mal à se retenir, glissant contre son grès sur les pavés. Lorsqu'il fut immobilisé, il esquissa ce même sourire qu'il abordait depuis le début du combat, et déclara :

- Pas mal... Pas mal du tout. Mais je pense qu'il est grand temps d'en finir.

Le mercenaire leva alors sa hallebarde, haut vers le ciel. Des étincelles surnaturelles crépitèrent tout autour, sans que Saga puisse clairement expliquer ce phénomène. Plissant légèrement les yeux, il ne put que supposer que cela venait de l'arme, et non du porteur. C'était l'explication la plus logique, puisque Bankotsu était incapable de maîtriser une telle force. Quoiqu'il en soit, cela n'était en rien bon pour le Chevalier, à moins qu'il ne puisse rivaliser avec son propre Cosmos. Oui... Peut-être qu'il pourrait contrer cette attaque.