chapitre 10

2.6K 173 8
                                    

Money

Cette petite nana m'éclate vraiment. J'adore qu'elle ose être sans filtre avec nous. Elle semble n'éprouver ni crainte ni intention malsaine, contrairement aux autres femmes qui gravitent autour de nous .

Hormis les femmes, filles et sœurs du club, et Sally qui est également d'une espèce à part, dans notre milieu, toutes les femmes, celles qui ne nous fuient pas en tous cas, ont tendance à se ressembler.

Ce regard où se mélangent calcul et désir... Désir de nous, désir de pouvoir, d'un statut qui leur permettrait de tout obtenir du club et de ses hommes.

Anna est d'une toute autre trempe. Pas craintive pour deux sous, elle ne semble rien attendre de nous, étonnée même qu'on souhaite prendre soin d'elle.

Pourquoi s'en étonner d'ailleurs. Elle est quand même encore en convalescence, ça fait à peine plus de 24h qu'elle a quitté l'hôpital.
Je l'ai bien observée via les écrans. Elle est attentive à ce qui se déroule autour d'elle. Aimable avec tous les gens qu'elle croise.
J'ai vu le regard des membres du staff sur elle lorsque Sally les lui a présenté. Son sourire est contagieux, et rien dans l'attitude des autres ne semble dédaigneux vis à vis des stigmates qu'elle ne peut cacher.

Seul le regard des serveuses a semblé plus évaluateur, mais l'attitude d'Anna a dû leur faire penser qu'elle n'était pas une menace.

Pourtant elle est belle je trouve. Oui sa balaffre est vive sur le côté de son visage, mais elle n'en masque pas la beauté.
De grands yeux bleus, quelques tâches de rousseur sur le nez, signe que sa couleur de cheveux aux reflets roux doit être naturelle.

Elle n'arbhore pas des vêtements moulants ou ultra courts comme les autres filles, mais c'est tant mieux parce qu'elle n'a pas besoin de se montrer, elle ne compte pas sur les pourboires, son salaire est assuré.

On voit malgré tout que sous ses fringues se cache un corps parfait.
De longues jambes, un cul bien rond, des seins hauts.
Un corps sculpté par la danse, qui sans son accident aurait pu la mener droit vers le succès.
J'ai regardé les vidéos d'elle sur le site de son école de danse. Elle était majestueuse, sublime... Ses démonstrations de pôle dance étaient envoûtantes. J'en ai attrapé une trique d'enfer...

Alors certainement que ses fringues cachent d'autres blessures, mais elle reste belle malgré tout. Elle donne envie qu'on prenne soin d'elle, même si elle pense ne pas le mériter.

Et voilà qu'elle me pousse à faire des paris à la con.
Je suis sûr de moi sur le coup, puisque j'avais déjà décidé de ne plus me taper de filles du strip.
De toutes façons j'en avais fait le tour, me faire sucer ça devient vite ennuyeux quand on n'éprouve pas de respect pour la personne qui gobe votre queue.

J'envie tellement mes frères d'avoir trouvé la personne qui leur est destinée. Celle ou celui en qui ils mettent toute leur confiance pour leur montrer tous les aspects de notre monde.

Je n'ai jamais rencontré ce genre de personne qui donne envie de lâcher prise. Je suis toujours dans le contrôle, et parfois moi aussi j'aimerais pouvoir laisser les rênes.
Depuis le décès de mon père j'ai du faire une croix sur mes souvenirs d'enfance ternis par la découverte de la vérité sur lui.
J'ai travaillé comme un dingue pour que les gens l'oublient et voient en moi une personne de confiance, totalement dissociée de mon géniteur.
Aujourd'hui, peu de personnes connaissent mes conditions d'entrée au club.

Quand Doc nous a rejoint, j'ai voulu lui en parler. Les autres gradés les savaient, je voulais que Doc sache aussi.
Son attitude envers moi n'a pas bougé d'un iota.
Elle m'a juste rappelé que nous ne sommes pas nos parents, nous sommes qui nous choisissons d'être.

Warriors Of Nightmare : Money Où les histoires vivent. Découvrez maintenant