Un retour chez Korneliusz 2/2 - Aleksander

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Nous quittons le véhicule afin de rejoindre la porte d'entrée. Mon cœur se serre à mesure que j'approche. Le dernier souvenir que j'ai de la maison, c'est mon père qui s'éteint définitivement dans son sommeil. Ce soir-là, il a fait de moi celui qui a repris les rênes de ce qu'il a bâti durant de nombreuses années. Un homme, aux cheveux gris mi-longs, sort sur le pas de la porte. Son sourire s'étire en découvrant qui débarque à l'improviste.

— Bonjour Albert, salué-je.

Il me donne une accolade en guise de réponse, opérant de même avec Irina qui semble surprise de ce geste bien trop familier à son gout.

— Voici l'employé de maison qui a servi Korneliusz, durant bon nombre d'années. Il a perdu la parole deux mois après son décès.

— Je suis désolé pour vous, monsieur, souffle-t-elle en inclinant la tête. Je m'appelle Irina et je suis ravie de vous rencontrer.

Albert nous fait signe de rentrer. La décoration est telle que je l'ai quitté. Ancien, boisé, rempli de tableau. Elle s'approche de l'un d'eux, le contemplant avec admiration. Mon père a toujours eu les mêmes airs que Leonard et pour cause, le paternel de mon cousin est le jumeau de Korneliusz.

— Pourquoi ne te ressemble-t-il pas ?

— Il nous a adoptés quand nos parents sont morts, dis-je en l'enlaçant par-derrière.

Certaines images du drame déboulent dans mon champ de vision comme des flashbacks qu'on ne voudrait pas revoir. Mes cauchemars tentent de s'immiscer dans mon sommeil, ou du moins, dès que j'arrive à fermer l'œil. Les démons ont cessé de traumatiser Irina dans ses rêves, mais ils viennent dans les miens. Je peux surmonter cela, de la même manière que je l'ai toujours fait dans le passé. Toutefois, il faudra bien que je les affronte tôt ou tard.

— Tu veux en parler ? m'interroge-t-elle en plaçant ses doigts sur le dessus de mes mains.

Je secoue la tête en plongeant mon nez dans son cou. Je hume l'odeur qui se dégage d'elle, afin de penser à autre chose quelques secondes. Cependant, nous sommes interrompus par les cris d'un enfant qui accourt vers nous. Cette minuscule chose, haute comme trois pommes, se rue sur moi. Ses petits membres enlacent ma jambe, tandis que son visage tire vers le haut, me scrutant.

— Bonjour Ludwik, prononcé-je.

Irina pivote sur elle-même afin de pouvoir contempler le garçon. Confuse, son regard passe de lui à moi.

— Est-ce que c'est ton...

— Non, bien sûr que non. Voici le fils de Caroline et Hanz.

Je m'agenouille, puis le soulève dans mes bras. Irina s'approche un peu tout en soufflant un léger bonjour, un large sourire étirant ses lèvres. Ludwik, timide du haut de ses trois ans, ramène ses mains devant son visage et se cache.

— C'est fou à quel point tu es musclé à côté de son minuscule corps fragile, pouffe-t-elle.

Le petit garçon tend les bras afin d'aller dans ceux d'Irina. Elle accepte immédiatement, puis avance jusqu'au salon pour s'en charger. Sa mère a déserté la demeure pour travailler sur des affaires importantes. Albert s'en occupe comme de son propre enfant. En venant ici, je l'éloigne de la maison et de ce qu'il s'y déroule actuellement. Nous devons y passer une majeure partie de la journée. J'abandonne Irina auprès du petit Ludwik, puis rejoins l'escalier. Je débute une visite de l'étage, me remémorant tous mes souvenirs jusqu'à l'adolescence. Je marche devant une première chambre : celle de Maria. Ses affaires n'ont pas du tout bougé, rappelant le mauvais goût qu'elle avait pour la décoration. La suivante est celle de Daniel qui a été vidée par ordre de lui-même. Il ne voulait rien laisser, même s'il n'y avait pas grand-chose, tout comme celle que j'occupais. Au fond du couloir se situe la mienne, juste après celle de notre père. L'intérieur est meublé d'un lit double, un bureau vacant, une bibliothèque dévêtue de livres et une armoire bien plus petite que mon dressing. Je déambule dans la pièce, ouvrant certains tiroirs qui s'avèrent remplis que de poussière. J'ai l'impression de ne pas avoir mis les pieds depuis des décennies.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant