Proche de la vérité - Irina

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J'ouvre lentement les yeux. Le soleil est déjà levé, l'heure indique qu'il est presque midi. Alek ne m'a pas réveillé pour la matinée de ski. Je me redresse en ne l'apercevant pas à ma gauche. Je passe mes paumes sur mon visage, puis quitte le lit. Assis sur l'un des transats du balcon, il recrache sa fumée progressivement. J'ouvre la baie vitrée, afin de le rejoindre. Son regard se relève tout juste sur moi dès lors que je me campe à ses côtés. Il semble tendu, énervé. Quelque chose cloche et la panique commence à me gagner. Ai-je mal agi ? Effectuant quelque chose qu'il ne fallait pas ? Le cœur battant, j'engage la conversation :

— Est-ce que tout va bien ?

Il parait pensif, durant un court instant, avant d'expirer lourdement.

— C'est moi le problème, Irina ? Ou bien, fais-je maladroitement les choses ?

— Je... De quoi parles-tu ? feins-je.

Il se redresse afin de se placer face à moi, tout en restant assis. Les bras croisés sur la poitrine, je me gratte nerveusement la peau. La discussion ne me dit rien qui aille.

— Ne te fous pas de moi, s'agace-t-il. Cela fait sept mois qu'on est l'un avec l'autre, presque de façon permanente, et tu penses que je suis incapable de lire en toi ?

Sa mâchoire contractée montre la colère qui sommeille en lui, comme un volcan prêt à imploser. Je voudrais lui dire la vérité, mais rien ne sort de ma bouche si ce n'est-ce stupide mensonge.

— Avec John, j'ai...

— Non ! explose-t-il soudainement.

Il se lève, jetant son mégot par la même occasion, puis se précipite vers moi. Il laisse une certaine distance, mais pas assez pour me faire reculer sous la peur qui prend possession de mon corps. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état envers ma personne. J'ai l'impression de découvrir un nouvel homme, quelqu'un qui ne me plait pas du tout. Mon cœur tambourine si fort, que je pourrais croire que lui-même l'entend. La respiration saccadée, j'encre mes iris dans les siens, implorant silencieusement qu'il se calme.

— Je t'en prie parle-moi, me supplie-t-il dans un chuchotement.

— Alek..., sangloté-je.

Son pouce vient caresser la larme qui s'échappe de mon œil. La tension s'apaise, toutefois, elle ne s'évapore pas. Il n'est pas fâché après moi, mais plutôt sur ce que je garde au fond de moi et dont il est impuissant. Il contrôle tout ce qui l'entoure, règle les choses importunes, mais mon malheur à moi ne peut être supprimé de la même manière qu'un simple dossier d'ordinateur. Je voudrais lui ouvrir mon mal-être, lui demander de soigner tout cela. Je désirais tant le toucher, comme n'importe quelles femmes avant moi, hélas j'ai échoué une première fois et voilà où cela nous mène. Je me sens si fautive, alors que l'unique personne qui amène à cette situation n'est rien d'autre que mon père. La bête noire de ma vie, le croquemitaine qui me hante chaque nuit.

— Si tu avais vu ce que j'ai vu hier soir, tu comprendrais. Tu... ça m'a fait quelque chose de te découvrir dans un tel état, Irina. Je ne te forcerais jamais la main, ou à faire quoi que ce soit avec moi, mais je ne peux pas continuer à te voir partir loin d'ici, sans pouvoir réaliser quelque chose. Si je savais la nature de ton problème, je pourrais agir en conséquence.

Dos collé à la vitre, je baisse le regard, étant incapable de lui donner la réponse dont il attend. Daniel a raison, quand il me dit que je dois lui en parler, mais pas de cette manière-là. Pas maintenant. Il recule tout à coup, mettant une distance entre nous. Je déglutis avec peine, triturant mes doigts par la même occasion. Je voudrais qu'il me prenne dans ses bras, comme cette nuit, et qu'il me certifie que tout ira bien. Qu'il ne me laissera pas tomber, mais il n'en fait rien.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant