Confidence au lit 1/2 - Aleksander

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Midi sonne lorsque je passe le pas de la porte. Je me dirige vers la cuisine, qui se découvre au fond du couloir, espérant y trouver Irina. Je suis parti comme un voleur, ne lui informant en rien de mes projets. En temps normal, j'irais immédiatement à l'entrepôt pour connaître l'identité de notre espion, mais là, ma priorité, c'est elle. Assis devant la table à manger de la pièce, Caroline déguste ses tartines en compagnie de son fils.

— Alesande ! s'écrit-il en se ruant sur moi.

Ses petits bras enroulent mon tibia. Je tapote sa maigre de tête de ma paume droite, puis me redresse en cherchant mes deux hommes de main du regard. Cyril boit son café, pendant que Julian contemple un programme télé.

— Où est-elle ?

— Au lit, m'informe Caroline, en se levant de sa chaise. Elle n'a pas dormi de la nuit et n'a cessé de râler sur ton comportement.

Elle dépose son verre de jus de fruits dans le lavabo, pivote sur elle-même et ajoute :

— Tu ne peux pas t'en aller quand ça te chante, comme tu le faisais il y a longtemps. Tu n'es plus seul, Aleksander. Tu as Irina et tu dois assumer ton dû envers elle.

Je soupire profondément. Pas parce qu'elle m'agace à me sermonner comme si j'étais son fils ou un autre truc dans le genre, non. Mais parce qu'elle a parfaitement raison, je merde en agissant ainsi.

— J'ai été pris au dépourvu hier, me contenté-je de dire.

— Ça m'est égal, commence-t-elle en prenant Ludwik dans ses bras. Va la retrouver, elle dort dans ton lit. Maria est rentrée chez elle et pour Hanz, prends le temps qu'il faut. Après tout, ce n'est pas comme si l'on pouvait le ramener à la vie.

Je n'opine pas et gravis rapidement les escaliers. L'étage est plongé dans un grand silence pesant. Tout en douceur, je pousse la porte de ma chambre. Malgré le manque de visibilité causé par les rideaux tirés, je l'aperçois sous les couvertures, profondément assoupie. Je me désape de chaque tissu qui couvre mon corps, puis me glisse auprès d'elle. Dès lors que ma peau rentre en contact avec la sienne, ses membres s'activent, son buste pivote, ses bras m'enlacent sans attendre. La chaleur qu'elle dégage m'apaise.

— J'te déteste, marmonne-t-elle à moitié endormie.

— Ce n'est pas grave, j'ai un excellent moyen de te faire changer d'avis.

Sa tête se redresse brusquement, quittant tristement mon torse. Ses paupières sont à moitié closes, ses cheveux sont en pagaye et je soupçonne un filet de bave au coin de sa bouche.

— Tu n'es pas drôle, Aleksander, râle-t-elle avec un très grand sérieux.

Je perds tout intérêt au jeu quand je comprends que sa colère à mon égard est réelle. Son étreinte n'est en rien un signe que tout va bien. Elle le fait parce que ma présence près d'elle la rassure. Je passe mes doigts sur son visage afin de lui dégager les mèches qui recouvrent son doux minois. Elle ferme un instant les yeux, savourant mon contact, avant de les rouvrir.

— Pourquoi t'inquiètes-tu à ce point-là ? J'ai toujours eu l'habitude des missions de...

— Parce que tu n'es pas invincible, Alek, me coupe-t-elle. Certes, tu es le plus bel homme que j'ai jamais rencontré dans ma vie, et je ne dis pas cela pour te flatter. Je le pense vraiment. Évidemment que tu es l'un des meilleurs mercenaires que ce monde est connu. Tu as la fortune, la puissance, la prestance. Mais tu es aussi un homme, un frère, un cousin, la personne en qui je tiens. Je n'ai jamais eu peur de mourir, c'est l'après que je crains. Toutefois, ce qui me terrorise, c'est que mon cœur se brise lorsqu'on s'empressera de m'annoncer qu'Aleksander Kowinski a péri. Je pourrais venir te déterrer, t'engueuler, te frapper, te ramener à la vie pour te faire la misère. Et ensuite, je te tuerais de mes propres mains pour m'avoir abandonné. Tu n'es pas le seul à vouer une obsession pour quelqu'un. Plus à présent en tout cas.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant