Petite sortie à deux 2/2 - Aleksander

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Après une demie heure de trajet, je gare le véhicule sur un parking caillouteux qui risque de lui donner une petite difficulté avec ses talons. Rapidement, je sors et fais le tour afin de l'aider comme tout bon gentleman. Elle se saisit de ma main, puis descend à son tour. Le regard inquiet sur la route m'informe qu'elle n'est pas sereine. Je décide donc de glisser un bras autour de sa taille, puis une deuxième sous ses jambes. Un cri de surprise s'échappe de sa gorge lorsque je la soulève.

— Alek, que fais-tu ?

— Je prends soin de toi. N'ai-je pas le droit ? rétorqué-je en verrouillant la voiture.

— Les gens vont porter un jugement sur nous, chuchote-t-elle.

Je balaye l'horizon, m'attardant sur un couple qui nous toise depuis l'entrée. Deux choix s'offrent à moi : les tuer pour oser nous dévisager, les ignorer. En temps normal, la première possibilité est toujours la meilleure, mais ce soir, on va éviter de se salir les mains. Je nous rapproche de la devanture devant laquelle le sol y est plus stable. Avec une grande délicatesse, je la repose et la laisse réarranger correctement sa robe.

— Il est préférable de ne pas rester fixé sur quelqu'un, au risque de tomber sur un psychopathe, menacé-je l'individu qui persiste dans son œillade. Viens, moja słodka, allons-nous détendre.

Une main plaquée dans le bas de son dos, je la pousse légèrement afin qu'elle entame sa marche. À l'accueil, un homme brun aux cheveux pratiquement rasés nous souhaite la bienvenue. D'un signe de bras, il nous invite à rejoindre notre table qui se trouve en extérieur, sur un immense balcon offrant un panorama splendide sur la campagne de notre pays. Les chaises ont été remplacées par des fauteuils. Le serveur nous tend nos menus, puis s'éclipse un instant avant de nous rapporter un cocktail dans une flûte en guise d'apéritif.

— Cet endroit est incroyable, admet-elle. Tu y viens souvent ? Enfin, tu y venais fréquemment avant mon arrivée ?

— Oui, avec ma famille, mais ce n'est pas régulier.

Elle porte le liquide à ses lèvres tout en plissant ses yeux qu'elle visse sur moi.

— Quoi ? souris-je.

— Tu vas me dire que tu n'as ramené aucune femme ?

Je secoue la tête en guise de réaction.

— Où les emmenais-tu alors ? m'interroge-t-elle en découvrant les plats proposés.

Je perçois dans sa voix de la jalousie. La réponse que je compte lui donner risque d'être décisive sur le reste de la soirée. Évidemment, je conçois qu'elle refuse d'entendre qu'elles avaient droit à des privilèges similaires, mais je me dois d'être honnête.

— Il n'y en a qu'une que j'ai accompagnée manger ici une fois. Ce soir-là, j'ai compris que je ne souhaitais rien d'autre que du cul, jusqu'à ce que je me lasse. Tu désires connaître son prénom ?

La volonté de me dire oui se mélange à celui de prononcer un non. Elle se doute parfaitement de la personne, néanmoins, le déni, c'est ce qu'elle veut préalablement cette fois. Coupé dans notre discussion, l'homme patiente près de nous afin qu'on lui donne nos envies.

— Des pâtes aux fromages, je vous prie.

— Très bien, et pour vous monsieur ?

— La même chose.

Une fois noté dans son calepin, il s'éloigne en nous laissant de nouveau seuls. La nervosité se lit sur son visage, et malgré le sourire faussement à l'aise qu'elle me lance, je réalise que quelque chose la tracasse.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant