Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark Romance

Gala à Siedlce - Irina

Affalée contre le canapé, je tends mes mains vers Anastasia, se trouvant derrière celui-ci, afin qu'elle finisse de me faire les ongles. En effet, ce soir, un important gala est organisé à une heure d'ici. C'est le même que ce fameux jour où l'on a entrepris de mettre fin à ma vie. Un événement que je tente encore d'oublier. Il y en a deux par ans, d'après ce que m'a raconté Maria ce matin. Le maire de Siedlce fait appel à de grands riches hommes d'affaires pour y participer et la famille Kowinski est les parrains de celle-ci. C'en est même ironique quand on connait le statut d'Aleksander dans la mafia. Je ne sais pas trop encore comment se déroule la soirée, on me l'annoncera soit sur le tas, soit sur la route. La seule chose dont je suis sûre, c'est que je porterai une robe des plus élégantes qu'il soit. Cendrillon... Ou plutôt Irina, à son premier bal. J'ai tellement hâte d'y être et de me pavaner au bras du plus bel homme. Certaines demoiselles vont me jalouser d'après les dires d'Anastasia. Chaque fois qu'il se trouve là-bas, il a un bon choix sur une bonne brochette de femmes. Toutes veulent finir dans son lit, mais malheureusement pour elles, c'est moi qui y séjourne.

— Anton Sobota a mis les bouchées doubles pour le gala de ce soir, indique Daniel, à moitié allongé à l'extrémité du canapé.

— Ce mec fait constamment dans le grand luxe, soupire Anastasia, en passant une seconde couche de vernis.

— Qui est-ce ?

— Le maire de Siedlce. Il organise le gala lui-même, me répond-il.

— Et ça ne vous plaît pas ?

— Si, bien sûr, mais il désire toujours en faire trop. Tout ça pour impressionner les frères Kowinski.

— Que veux-tu, chérie ? commence-t-il à se venter en étirant ses jambes jusqu'à moi, nous sommes tellement importants.

— Vire-moi tes gros pieds ! râlé-je, en lui plaçant des coups avec ma main libre.

Daniel se met à rire, tandis qu'Anastasia s'empare d'un coussin, puis s'empresse de le frapper avec. Son mari se couvre la tête tout en étant hilare.

— Tu n'as pas de gens à tuer toi ? Au lieu de venir nous importuner.

Tout en s'asseyant, il s'allume une cigarette, puis rétorque :

— Non, mais bientôt normalement.

— Je pensais qu'Aleksander aurait déjà kidnappé les pédophiles, balance Ana en se remettant à ma manucure.

Mes yeux restent vissés sur elle, incapables de détourner le regard. La mention de mes cauchemars éveille une soudaine crainte en moi. Depuis que j'ai tout avoué à Alek, j'avais laissé leurs agissements loin de moi, les oubliant pendant un laps de temps. Savoir qu'à tout moment, ils risqueraient de se trouver derrière cette porte qui est quelques mètres de moi, me tord l'estomac. Lentement, je tourne la tête en direction de la fameuse salle, le cœur battant. Sur mon trajet, les iris grisés de Daniel percutent les miens. Personne ne parle à part la jolie blonde, qui finit par se taire en comprenant qu'elle converse dans un monologue. Tout en recrachant sa fumée, il pivote son regard vers le point que je fixe.

— Ne crains rien, Irina. Mon frère n'est pas assez con pour les garder ici sans qu'il soit là.

— Il... Il a... Il a quand même l'intention de... les ramener, bégayé-je, le souffle court.

— Je pense que j'ai merdé pour le coup, soupire Anastasia en portant son attention sur Daniel.

Pourquoi continue-t-il de me cacher des choses ? Notre discussion au lit ne s'arrêtait pas à me prévenir de ses départs, mais aussi de ce genre d'événement qui me concerne parfaitement. On parle de plusieurs hommes qui m'ont persécuté trop longtemps. Et puis, combien sont-ils ? Mon père en fait-il parti ? Des bouffées de chaleur m'assaillent de toutes parts, mes oreilles bourdonnent, la panique me gagne. Le bruit d'un grincement de chaise résonne, mais mes pensées divaguent loin d'ici, comme si mon cerveau était sur le point de se déconnecter. Deux paumes s'écrasent de chaque côté de mon visage, aplatissant légèrement mes joues. Sa voix distante me rappelle à elle, ma vision qui était floue, revient soudainement à la normale.