Sa vie ou la mienne ? - Irina

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— Certaines personnes sont mortes pour moins que ça ! Ne t'avise plus jamais de me parler de la sorte, c'est clair ?

Il marque un temps de pause, essayant de calmer sa respiration saccadée, puis ajoute :

— Finalement, tu sais quoi, Irina ? Reste seule si tu le souhaites. En prime ? Fais tes affaires et casse-toi en France, je n'en ai rien à foutre.

Une douleur vive émane dans ma poitrine. Ses dernières paroles ont un effet désastreux sur moi, comme si un ouragan venait frapper une ville entière, laissant derrière elle de gros dégâts. L'arroseur arrosé, c'est exactement ce qui se passe. À la seule différence, je ne vais pas aussi loin dans mes propos. Ana et Daniel assistent en silence au spectacle qui se déroule, ainsi qu'à la peine que tout cela me procure.

— Va te faire foutre, rétorqué-je en regagnant l'escalier.

Je refuse de continuer cette grotesque discussion. Je ne me rendrais pas à cette soirée stupide ou nulle part d'autres ailleurs. Depuis mon retour de Grèce, il y a vingt-quatre heures, nous nous prenons la tête comme un vieux couple, alors que nous ne le sommes pas. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais la présence de mon violeur procure une dégringolade d'étincelle qui s'était créée entre nous. S'il ne se rend pas rapidement compte des choses, nous foncerons dans un mur de béton, nous blessant mortellement par la même occasion. Je rentrerais sans doute en France errant au final je ne sais où, à faire je ne sais quoi. Je claque le bois derrière moi, puis me dirige vers le lit pour me saisir d'un coussin afin d'y hurler dedans. Je n'ai jamais compris pourquoi nous fermons la porte avec violence, toutefois, me défouler sur quelque chose de non vivant me procure un certain apaisement.

Quand je finis de me calmer, je jette un coup d'œil à travers la fenêtre d'où je perçois les gardes. Ceux qui se trouvent au portail sont tous vêtus d'une tenue de militaire noire et d'un masque. Ceux qui rôdent autour ou bien dans la maison, même si c'était Joaquim qui s'en occupait, ont le visage à découvert. Je repose cette pauvre taie d'oreiller sur le matelas, ne voulant plus le martyriser. Le bruit métalleux du garage qui s'ouvre attire mon attention. Je me précipite à la fenêtre, les observant partir au loin, sans moi. Un pincement au cœur me revient à la charge. Certes, je n'ai pas été correcte, mais j'aurais aimé qu'il me force à venir avec lui.

— Je vais devenir bipolaire si ça continue, soufflé-je à moi-même.

Je m'affale sur le lit en baldaquin, histoire de faire passer le temps. Personne ne m'a prévenue de la durée que cela leur prendrait, j'ignore même où se déroule la petite fête. Je me penche pour attraper le portable dans la table de chevet, puis le rallume. Je n'ai toujours pas regardé le message de mon père et je n'ai pas l'intention de le faire. Je vais seulement lancer YouTube, afin d'écouter de la musique, cela me détendre un peu.

Je fais défiler plusieurs sons, tout en scrutant les clips, sans faire attention à l'heure qui s'écoule. Je suis tellement concentrée sur mon écran, que je ne remarque pas tout de suite que la lumière de ma chambre est éteinte. Je ne me souviens pas l'avoir fait, je suis trop jeune pour perdre la boule. Je quitte le dessus de ma couverture, puis m'avance vers l'interrupteur. Je l'actionne, en vain. Fronçant les sourcils, je tente celle de la salle de bain. Toujours rien. J'ai constamment eu peur de marcher dans les couloirs la nuit, m'imaginant sans cesse une ombre, un monstre, un fantôme. J'ai arrêté de craindre d'être plongée dans l'obscurité de ma chambre, mais c'est sans compter le fait de pouvoir la réactiver si besoin. Même si je suis fâchée, je suis dans l'obligeance d'appeler Aleksander, quitte à mettre ma fierté de côté.

Je trouve facilement son numéro dans mon répertoire et le sélectionne. Après une première tonalité, sa voix rauque résonne de l'autre côté.

— Qu'est-ce que tu veux ? me dit-il.

Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark RomanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant