Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark Romance

Le groupe des damnés 2/3 - Irina

Nous voilà devant l'immense boîte de nuit, la plus prestigieuse de Bordeaux : Nova. Deux Américains venus conquérir la France par la richesse et leur goût de la décoration. Et pour cause, en contemplant cette façade, qui est un mélange d'obscurité et d'or, ça annonce la couleur. La bâtisse ne montre aucunement son origine, on pourrait la confondre avec un musée, ou bien encore, un restaurant cinq étoiles. À Travers les immenses vitres de chaque côté, nous ne percevons en rien ce qui s'y trouve. Mes talons finissent par claquer sur le sol de dalle gris, rejoignant des escaliers. Tout en les montant, nous passons sous une arche ambrée. Un homme à la carrure aussi imposante que celles des deux garçons qui nous accompagnent nous observe attentivement pour déterminer si nous sommes assez riches à son goût. Alek se rapproche de lui, et d'une voix bien trop calme, il indique :

— Kowinski.

L'individu hoche immédiatement la tête, puis fait ouvrir les portes. Un hall d'entrée qui semble banal à première vue. En plus d'être vide, les employés paraissent avoir déserté les lieux. Une main se pose sur le bas de mon dos. Je lève le visage vers le gris qui illumine ses pupilles, puis d'une pression de sa paume, il m'invite à avancer. Nous commençons à descendre les escaliers en verre et faisons claquer nos pas sur chacune des marches. Je miserai sur le fait que ce soit du cristal. Quand on est les frères Stafford, la pierre précieuse se change en quelque chose de banale. Le battement des enceintes se fait plus intense à mesure que nous approchons d'une porte rouge.

— Pourquoi cette pièce se trouve-t-elle au sous-sol ? l'interrogé-je.

— En journée, explique Alek, il s'agit d'un bâtiment dédié aux affaires, mais dès la tombée de la nuit, les étages inférieurs deviennent le théâtre de la luxure.

— On va s'éclater alors, sourit Lucian.

Tessa le bouscule tout en lui jetant un regard noir, avant de rentrer la première avec la tête haute. Sa tenue en satin verte attire l'attention de certains sur son passage, ce qui déplait fortement à sa moitié. Le tissu la moule à la perfection, une fente sur le côté laisse apparaitre sa cuisse. Son sac d'argent se marie parfaitement à la mienne, mais j'ai préféré opter pour une couleur sombre, le sien ne peut pas s'associer à ma chevelure.

Les lieux sont bondés d'individus vêtus de costumes et de robes hors de prix. Le bar se trouve au centre du fond, devant lequel des hommes bien bourrés tentent de draguer des demoiselles. Plusieurs canapés en cuir se parsèment dans l'espace. L'ambiance est à la fois sinistre et chic. On y sent le pognon à plein nez, mais on y perçoit la fameuse luxure. Certaines filles sont à moitié à poil, se déhanchant sur des personnes qu'importe leur sexe. Les mains baladeuses n'ont pas l'air de déranger qui que ce soit. Ils pourraient baiser sur les tables basses, sur lesquelles des bouteilles d'alcool sont disposées, je ne serais aucunement surprise. Je suspecte même de la cocaïne sur le nez de certains. Je ne comprends pas ce que frabrique Emeline seule dans cet endroit. Ce n'est pas son style, sauf si elle cherche un homme pour l'entretenir. Après tout, ces parents n'en ont que faire de ce qu'elle décide dans sa vie.

Je suis Alek et les autres jusqu'à un emplacement qui donne une vue d'ensemble sur la piste de danse. Il a fait en sorte de réserver ce coin pour nous, très malin de sa part. Une serveuse ne tarde pas à arriver pour prendre notre commande. Elle ne sourit pas, garde un regard neutre et ne parle pas non plus. Une espèce de bandage est placée devant sa bouche, pour une raison qui m'échappe. Sa tenue est plus proche du vulgaire qu'autre chose. Ses cheveux soigneusement coiffés tirent son visage au point que ses yeux sont légèrement plissés. Alek note quelque chose sur le cahier que lui donne la femme, puis lui tend. Elle s'éclipse comme si nous n'étions que de misérable insecte pour elle.